Sur la vaste zone de chantier, le "pavillon 1901" et sa structure métallique font désormais office de repères, dernières traces d’une histoire dont les autres témoins ont définitivement disparu. Trois mois après la démolition des bâtiments jugés obsolètes, le chantier de réaménagement et d’extension de la bibliothèque Bernheim suit son cours. Il vient d’atteindre la phase de construction des fondations et du réseau sous-terrain.

C’est ce moment qui a été choisi par les services du gouvernement pour organiser la cérémonie de pose de la première pierre. "Il faut désormais mettre les bouchées doubles", a demandé le haut-commissaire, Louis Le Franc, qui espère voir ce projet, financé dans le cadre du contrat de développement 2017-2022, achevé dans les temps, c’est-à-dire en septembre 2025. C’est en bonne voie : les travaux ont un mois et demi d’avance sur le calendrier prévisionnel.

En plus de la construction d’un bâtiment flambant neuf sur deux étages, le pavillon historique fait également l’objet d’une rénovation complète. "Un pays ne se construit pas sans penseur", a également souligné Vaimu’a Muliava. Le membre du gouvernement en charge de la construction mise sur ce futur lieu pour former "les éveilleurs de conscience" de demain.

Hommage à Déwé Gorodey

Si la cérémonie de pose de la première pierre a permis de faire le point sur l’avancement des travaux, c’était surtout l’occasion pour les élus et les officiels présents de rendre hommage à Déwé Gorodey. L’écrivaine et femme politique kanak décédée en 2019 avait soutenu dès son origine le projet de rénovation de la bibliothèque Bernheim.

"Une grande dame dont j’essaie, aujourd’hui encore, de suivre l’exemple", a salué Wali Wahetra, présidente du conseil d’administration de Bernheim.

Pour célébrer la mémoire de cette femme de lettres, un extrait de son poème intitulé Écrire, publié en 1997 dans le recueil Dire le vrai, a été gravé dans le livre tenu par "l’Arbre à l’Être", une œuvre dévoilée ce jeudi matin et qui sera installée dans le futur bâtiment de la bibliothèque.

Symbole d’unité et des liens à la nature, la culture et la famille, cette création a été réalisée par des jeunes de la protection judiciaire, de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) à partir de matériaux issus des bâtiments détruits de Bernheim, et notamment les marches de l’escalier de l’ancienne bâtisse.

Elle contient également une charpente métallique et du nickel en mémoire des deux hommes à l’origine de la construction de la bibliothèque, Gustave Eiffel et Lucien Bernheim. "C’est une fierté d’être ici pour faire vivre son travail", a réagi Ezrah Bouchet, petite-fille de Déwé Gorodey, qui voit dans cette future bibliothèque le moyen de transmettre sa passion des mots "aux prochaines générations".