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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 27.05.2024 à 16h48 | Mis à jour le 27.05.2024 à 16h48
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    Les dégâts sont colossaux chez ce concessionnaire automobile de Ducos. Photo Anthony Tejero
    Dans la zone industrielle de Ducos, salariés et chefs d’entreprise unissent leurs efforts pour surveiller et protéger, de jour comme de nuit, leurs sociétés face aux émeutiers qui ont déjà ravagé une partie du poumon économique du pays. Reportage.

    "On s’échange du Milo parce qu’on n’a plus que ça. Vivement qu’on rentre chez nous pour avoir un vrai repas !" Assis devant les vitrines brisées de l’enseigne pour laquelle ils travaillent, à quelques pas d’un espace commercial réduit en cendres, ces salariés ne comptent pas leurs heures. Ils n’ont d’ailleurs jamais autant été en poste que depuis que les clients ont déserté Ducos, émeutes obligent.

    Dans cette vaste zone d’activités où bon nombre de sociétés ont été pillées, saccagées ou brûlées, la résistance s’organise parmi les salariés pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être du poumon économique du pays.

    "On surveille 24 heures sur 24 en se relayant entre équipes de jour et équipes de nuit pour éviter qu’il n’y ait de nouveau le feu, la casse, etc., lance Maxime, dans un ton où fatigue et lassitude se mêlent. Ça fait mal au cœur de voir tout ce qui a déjà été détruit. Au début, les bandes d’émeutiers n’avaient peur de rien et ils tentaient de venir en pleine journée en toute impunité, mais heureusement, on est là. Depuis qu’on a reçu les renforts de forces de l’ordre, ce sont surtout les collègues de nuit qui ramassent désormais. On est tous mobilisés pour garder nos emplois et on reçoit aussi de l’aide de l’extérieur, notamment d’amis. Il y a beaucoup de solidarité."

    "Une grosse entraide s’est créée dans Ducos"

    À quelques encablures de là, même son de cloche chez ce chef d’entreprise, qui a décidé de dormir et surveiller non-stop son usine de transformation de matériaux : "Vu l’étendue de cette zone industrielle, c’est très compliqué à sécuriser. J’ai donc choisi de rester sur place, y compris la nuit pour rester à l’affût et surveiller. L’objectif, c’est de tout faire pour défendre l’entreprise ainsi que ses vingt salariés, nos fournisseurs et les clients qui nous font vivre, raconte Pierre, pour qui cette mission est avant tout le "rôle" d’un chef d’entreprise. J’ai demandé aux employés de s’occuper plutôt de leur famille et moi, je m’organise avec les sociétés du voisinage où la surveillance s’est également mise en place. Certains viennent même nous apporter à manger. Il y a une grosse entraide qui s’est créée dans Ducos car on est tous dans le même pétrin. Au final, c’est une période où le temps s’est arrêté, mais où on prend véritablement le temps d’apprendre à se connaître."


    Sécurisation et intervention des forces de l’ordre à l’entrée de Ducos. Photo Anthony Tejero

    Le retour des forces de l’ordre dans la zone "depuis 48 heures" est également vécu comme un soulagement chez ces Calédoniens qui "donneront tout" pour préserver leur outil de travail.

    "Comment être indépendant sans l’être économiquement ?"

    "Je suis à la tête d’une société familiale créée en 1974. C’est toute une partie de ma vie, j’ai toujours vécu avec elle. Mais surtout, j’ai vu toute cette zone et ce tissu économique se développer au fil du temps. Ce n’est pas pour le voir rayer de la carte en quinze jours, poursuit Pierre, dubitatif sur le monde opératoire de ces émeutiers. Si on veut construire une indépendance, la première chose, c’est de mettre la population en confiance avec ce projet et non pas de la voler, comme c’est actuellement la stratégie choisie selon moi. D’autant plus que je trouve assez aberrant de tout détruire car comment être indépendant si on ne l’est pas économiquement ? Or ce pays a un vrai potentiel. "

    Pour ce Calédonien, il est encore temps "de tout reconstruire à partir du moment où on parvient à travailler tous ensemble, main dans la main et dans la confiance, pour repartir de plus belle."

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