- Anthony Tejero | Crée le 10.10.2023 à 10h24 | Mis à jour le 10.10.2023 à 21h05ImprimerLe prévenu a été conduit directement au Camp-Est, à l’issue de son jugement. Photo archives LNC / Nicolas PetitLe tribunal correctionnel de Nouméa a condamné, ce mardi matin, un jeune homme à trois ans de prison, dont deux ferme. Le 26 août, au squat du Caillou-bleu, il avait donné une pluie de coups de poing, puis de béquille à sa compagne, alors qu’elle était au sol. La malheureuse s’en tire avec 45 jours d’interruption temporaire de travail (ITT).
Le déferlement de coups était tel qu’il en a tordu les béquilles avec lesquelles il frappait sa compagne au sol. Un jeune homme comparaissait, ce mardi matin, à la barre du tribunal correctionnel de Nouméa, pour des faits de violence sur conjointe qui ont valu à la victime pas moins de 45 jours d’ITT (Interruption temporaire de travail).
La scène s’est produite dans la nuit du 26 au 27 août. Le prévenu boit alors de l’alcool avec des proches dans son domicile du squat du Caillou bleu. Sa compagne, qui avait préféré rester "plus loin, avec les femmes", décide de venir récupérer des béquilles, dont une connaissance a besoin, et de repartir à pied dormir chez ses parents.
"Elle ne m’écoute pas, et après, c’est toujours de notre faute"
Sauf que son compagnon ne l’entend pas de cette oreille. Il lui demande de rester, ce qu’elle refuse, et se met à la suivre. "Je ne voulais pas qu’elle marche seule dans la nuit de peur qu’il lui arrive quelque chose, notamment en traversant la voie rapide, tente d’abord de justifier cet agent de nettoyage, avant de perdre son sang-froid devant le scepticisme de la présidente du tribunal. Elle a un sale caractère, elle me parle mal. Quand elle m’insulte, ça me blesse. Elle n’écoute pas, et après, c’est toujours de notre faute."
Le prévenu confie n’avoir aucun souvenir des faits tant il était ivre. Pourtant, ses actes ont été d’une "particulière gravité". Le jeune homme, qui a jugé bon de préciser ne "jamais donner de coups de pied" à sa compagne, commence par lui asséner des gifles, puis des coups de poing dans le dos et, très vite, sur l’ensemble du corps. Alors que la victime est à terre, il s’empare des béquilles et la frappe sans interruption. La jeune femme ne doit son salut qu’à un homme qui, alerté par le bruit, vient maîtriser le forcené.
Les rapports médicaux sont sans appel : la victime souffre d’une fracture du bras et présente des hématomes et dermabrasions de la tête aux pieds.
À la barre, le prévenu s’agace facilement et finit par reconnaître "ne pas arriver à faire autrement" que d’être violent, comme son père l’était régulièrement envers sa mère. La preuve en est : le jeune homme n’en était pas à son premier déchaînement de coups contre la victime et a déjà été condamné à quatre reprises pour différents délits : violences contre personne dépositaire de l’autorité, vol avec arme, dégradation par incendie, etc.
"Elle a trop peur de lui pour venir au tribunal"
Un profil qui inquiète l’avocat de la partie civile. "La victime, elle, a non seulement des souvenirs, mais elle a aussi des séquelles. Elle n’a pas pu venir au tribunal car elle a trop peur de lui, insiste maître Olivier Mazzoli, qui rappelle que sans l’intervention "d’un courageux", ce procès se déroulerait sans doute "à l’étage" devant la cour d’assises pour une nouvelle affaire de féminicide.
La substitut du procureur n’a d’ailleurs pas manqué de préciser que le prévenu comparaissait devant le tribunal pour la troisième affaire de violence en trois ans. "L’ensemble du corps de sa compagne a été frappé. Ce déferlement ne peut pas être justifié par un mécanisme de reproduction familiale, notamment de la part d’un individu en récidive. On n’est pas au tribunal pour enfants", déplore Lucie Delage, qui requiert une peine de trois ans de prison, dont deux ferme.
"Une vie de misère"
Pour la défense, une peine d’un an ferme serait plus pertinente au regard de la "vie de misère" qu’a connue le prévenu, qui est inséré dans la vie active. "Il fonctionne de manière basique. Il vit en cabane et dans un squat depuis toujours avec un père très violent qui est son modèle. Certes, chacun a son parcours, mais le sien est plus difficile. Et, oui, il reproduit le même schéma dans ses relations affectives", martèle maître Stéphane Bonomo, demandant un suivi psychologique pour son client qui s’est livré à des faits "inadmissibles".
Ce plaidoyer n’a visiblement pas convaincu le tribunal, qui a suivi les réquisitions du ministère public, et qui condamne le jeune homme à trois ans de prison, dont deux ferme, assortis d’une obligation de soin et de suivre un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales, d’une interdiction de rentrer en contact avec la victime et de posséder une arme.
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