Assis en ligne devant la grille qui les sépare du terrain de jeu de Maïa, jeune Malinoise d’un an et demi, les élèves s’extasient et applaudissent chaque performance de la chienne et de son maître, membres de la brigade cynophile de l’armée de l’air. "Elle est super bien dressée", s’étonne Jarry, onze ans, avant de se diriger vers une lance à incendie qu’il aura l’occasion de tester aux côtés d’un pompier professionnel. Mardi 19 novembre, la base aérienne 186 de La Tontouta a été le théâtre de démonstrations et d’ateliers conçus pour vingt-neuf élèves de l’école Jacques-Trouillot, située à Rivière-Salée. Un projet pédagogique qui a réuni des enfants de CM2 et des camarades en situation de handicap issus de la Classe d’inclusion scolaire (Clis) de l’établissement.

Projet d’inclusion

Organisée par le Rotary club Nouméa Ouen Toro, cette journée reprenait le principe de "Rêves de gosse", une association de l’Hexagone qui sillonne chaque année la France pour offrir à des jeunes enfants handicapés un baptême de l’air. "L’idée a fleuri il y a deux ans, on voulait travailler avec des écoles autour d’un projet d’inclusion", relate Manuel Berthier, membre du Rotary de Nouméa, et co-organisateur de cette "journée remarquable", initialement programmée le 19 mai, avant que le déclenchement des violences repousse le projet aux calendes grecques.

"L’école nous a recontactés début octobre en disant qu’ils voulaient relancer l’évènement", raconte Manuel Berthier. Le Rotary a pris attache avec le commandement de la base aérienne, qui s’est rapidement montré enthousiaste. "On a été tout de suite partant", souligne le colonel Alban Genre-Grandpierre, commandant de la base 186 Paul-Klein. Pour l’armée de l’air, cette journée représente un moment privilégié pour dévoiler les métiers aux enfants et pour soutenir des valeurs dont elle veut se faire l’écho. "Les enfants donnent une leçon aux adultes en faisant fi de leurs différences et en montrant qu’ensemble, on est plus forts", salue le colonel.

Changer le regard des enfants sur le handicap

Au sein de l’équipe pédagogique, on voit dans ces instants de partage, où se mêlent "enfants ordinaires et enfants extraordinaires", une réponse parfaite à l’objectif d’intégration des élèves en situation de handicap fixé par le programme Clis. "On vise au maximum à les inclure avec des camarades de leur âge et de leur faire partager des expériences", explique Siegried Juglair, enseignante de Clis. Un moyen de "gommer les différences" et de changer le regard des "enfants ordinaires" sur le handicap.

La journée s’est conclue en apothéose pour les 29 enfants, qui ont embarqué à bord d’un avion militaire pour un baptême de l’air d’une trentaine de minutes. "On a trop hâte", trépignaient Heilani, Yelena et Luna, quelques heures avant le vol, ajouté à la dernière minute au programme. "On nous a annoncé seulement jeudi que ça allait pouvoir se faire", se félicite Manuel Berthier.

Le projet pédagogique "Rêves de gosse" devrait être renouvelé en 2025 par le Rotary club de Nouméa, et aboutir à l’organisation d’une nouvelle "journée magique" sur la base aérienne.