- Anthony Tejero | Crée le 17.05.2024 à 21h51 | Mis à jour le 18.05.2024 à 01h45ImprimerCes jeunes du PK6 se transforment en "récupérateurs de courses" du parking fermés au public jusqu’aux véhicules des clients. Photo Anthony TejeroDe jour comme de nuit, des jeunes du quartier PK6 se relaient dans la zone commerciale de Belle-Vie pour surveiller les supermarchés et depuis ce vendredi, se mobiliser, avec d’autres bénévoles, pour permettre à ces rares enseignes encore intactes dans Nouméa à accueillir les clients.
"C’est le magasin de tous les gens du quartier donc on se doit de le défendre. " De jour comme de nuit, ces jeunes habitants de PK6 sont les (anges) gardiens de la zone commerciale de Belle-Vie, dont les deux supermarchés n’ont rouvert leurs portes que ce vendredi, attirant une foule impressionnante de clients, qui attendent jusqu’à 3 heures avant de pouvoir faire des courses.
Circulation, gestion des flux, aide à transporter les sacs… De nombreux bénévoles ont décidé de se retrousser leurs manches pour rendre opérationnel l’un des derniers points de ravitaillement de la capitale. Dans leurs rangs, les jeunes du PK6 se sont improvisés " récupérateurs de courses ". Leur mission est simple : réceptionner les sacs et les passer de l’autre côté du grillage du parking, resté fermé par mesure de sécurité, puis les charger dans les coffres une fois que les clients ont récupéré leur véhicule.
"À la tombée de la nuit, les clivages refont surface"
Un geste simple, mais qui donne du baume au cœur à certains clients en cette période sombre et anxiogène. "Les gens nous remercient et on veut montrer que cette solidarité, c’est ça le vrai peuple calédonien. Indépendantistes ou loyalistes, qu’importe, on est là pour s’entraider. Le problème, c’est qu’à la tombée de la nuit, à cause de la peur les clivages refont surface, regrettent Thomas et Daniel, 22 ans, qui depuis le début des exactions veillent toute la nuit avec d’autres jeunes du quartier pour défendre cette grande surface des pilleurs. Ici, c’est chaud tous les soirs. Les émeutiers ne nous visent pas avec leurs armes, mais ils tirent avec leur fusil en l’air ou dans le coaltar pour nous effrayer. On est en lien avec les sociétés de sécurité car il n’y a que les civils qui peuvent pour l’instant protéger ces magasins où les gens sont venus de tout Nouméa ce matin. Quand on voit leur satisfaction, on est contents. On se sent utiles. "
Et ce n’est pas Lou qui donne également la main le temps que sa copine fasse les courses, qui dira le contraire. "On est obligés de faire comme ça tous ensemble. Ça montre qu’on n’est pas tous indifférents des autres, glisse ce jeune homme. C’est cool, ça rappelle ce vivre ensemble que tout le monde avait un peu oublié peut-être. Il faut toujours avoir espoir. Ça va mettre du temps de se relever de ça, mais on réussira si on se met tous ensemble. "
"Il faut peut-être cet électrochoc"
Toujours est-il, ces scènes de cohue, de courses rationnées et de menace de pénurie alimentaire ne sont pas pour rassurer Michèle. "On ne voit que ça à la télé et quand ça nous tombe dessus, ce n’est pas facile. Je ne veux pas donner raison aux jeunes, mais ce que la plupart des habitants ont chez eux, à manger, à boire, etc. Tous ces jeunes qui ont peut-être peine à manger, il faut se mettre un peu à leur place, estime cette habitante du PK7, qui ne cautionne en aucun cas les émeutes et ne veut pas être fataliste. Il faut peut-être ça, cet électrochoc pour relever le pays. C’est compliqué pour nous qui vivons à la capitale. S’ils ne trouvent pas de solution, ça va être très dur. La Calédonie était tellement dans un grand confort pour la plupart des gens. Cette crise va nous faire redescendre d’un étage, de dix même. "
Ces jeunes passent les courses de chaque côté du grillage pour faciliter la vie des clients. Photo Anthony TejeroMERCI DE VOUS IDENTIFIER
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