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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 07.06.2024 à 16h23 | Mis à jour le 07.06.2024 à 16h25
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    À la station Total Rocade, de Sainte-Marie, soixante bouteilles de gaz devaient être livrées. À 10 heures, le camion n’était pas encore arrivé. Photo Anthony Tejero
    Chaque jour, la même scène. Des files de clients qui s’allongent et attendent parfois des heures durant devant les quelques stations-service de Nouméa de nouveau approvisionnées en bouteille de gaz. Un casse-tête pour les familles qui n’ont d’autres choix que de prendre leur mal en patience. Reportage.

    "C’est comme à la Cafat. Quand on arrive on nous donne un ticket et on doit attendre qu’on nous appelle, sauf que là c’est dehors et c’est encore plus long !" Nathalie, un brin sarcastique, a décroché le numéro 18. Un "bon chiffre" qui se mérite. Cette habitante de Logicoop est partie aux aurores de chez elle, ce vendredi matin, en quête d’une bouteille de gaz. Arrivée avant 7 heures, à la station Total Rocade de Sainte-Marie, cette dame de 65 ans patiente depuis plus de deux heures et demie que le camion de livraison chargé de bouteilles arrive enfin. Soixante clients pourront être servis aujourd’hui, à condition de ne pas être pressé.

    Des files d’attente de clients et des rangées de bouteilles de gaz qui s’allongent chaque matin devant les stations-service, la scène est presque devenue banale dans Nouméa, tant les livraisons n’ont repris qu’au compte-gouttes et sont encore relativement aléatoires. Un casse-tête pour les familles.

    "Ça fait deux jours qu’on tourne un peu partout pour trouver du gaz, c’est vraiment compliqué de pouvoir s’approvisionner en ce moment. Il faut faire la queue des heures pour tout. Cela ne fait qu’ajouter de la fatigue à la fatigue, se désole Nathalie. Comme c’est une bouteille par personne, nous ne pouvons même pas changer celle de notre voisin handicapé. Il faudra donc revenir encore une fois pour aider le pépé."

    "On peut toujours couper du bois et cuisiner à l’ancienne"

    Parmi les clients qui ont décroché leur précieux ticket, certains viennent de loin. À l’image de Roch, "numéro 34", un habitant de la route du littoral à Païta, qui a démarré avant même la levée du couvre-feu. "Comme c’est dangereux, nous partons en convoi de plusieurs véhicules entre voisins le plus tôt possible et nous profitons d’être en ville pour faire le plus de courses possible car nous n’avons presque plus de commerces dans ma commune, glisse ce septuagénaire, plein de ressources. Je viens reprendre une bouteille de gaz par précaution tant qu’on peut de nouveau circuler. Mais j’ai la chance de vivre en extérieur et d’avoir une tronçonneuse donc on peut toujours couper du bois et cuisiner à l’ancienne."


    Les livraisons de bouteilles de gaz ont repris au compte-gouttes cette semaine dans Nouméa. Photo Anthony Tejero

    Une astuce pour laquelle a également opté Marie, 44 ans, à cours de gaz depuis plus d’une semaine. "Heureusement qu’on a un petit extérieur pour se permettre de cuisinier au feu de bois. Sinon j’ai aussi découvert qu’on pouvait cuire beaucoup de choses avec la marmite à riz, y compris le poulet, même si le goût est différent, sourit cette maman de 44 ans qui vit à Magenta aérodrome. Pour l’instant, on se débrouille. On s’adapte car de toute façon on n’a pas le choix. On est obligés de tenir le coup durant cette période, ne serait-ce que pour les enfants. En attendant, on cherche des alternatives."

    "On a besoin de n’importe quel signal positif"

    Une situation que Nadia, de Kaméré, aimerait ne plus subir de plein fouet. "J’ai perdu mon travail dans une usine qui a été brûlée à Ducos. Cela faisait plus de vingt ans que j’étais dans cette entreprise, c’est très difficile en ce moment, confie cette femme de 55 ans. Si la situation pouvait redevenir un peu plus normale, ne serait-ce que pour s’approvisionner, ce serait déjà pas mal pour le moral. On a besoin de n’importe quel signal positif en ce moment. Quand je vois ces files d’attente toujours aussi longues pour se nourrir ou acheter du gaz, cela me renvoie quarante ans en arrière. J’ai peur et je suis en colère de voir que l’histoire se répète, mais là, j’ai l’impression que c’est encore pire. Le plus dur, c’est de ne pas être rassurée car personne ne peut savoir de quoi demain sera fait."

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