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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 14.05.2024 à 12h16 | Mis à jour le 14.05.2024 à 14h01
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    Ce mardi matin, vers le Mini-Marché, à Magenta, Brandon et Lynda, sont venus découvrir l’étendue des dégâts. Photo Anthony Tejero
    Alors que des émeutes et des exactions frappent Nouméa et son agglomération depuis lundi soir, les Calédoniens rencontrés mardi matin sont en majorité sous le choc, partagés entre tristesse et colère. Quelques uns comprennent néanmoins ces exactions. Reportage.

    Assise sur un parking désert à l’ombre d’un arbre, Marie observe, sonnée, les obstacles encore fumants qui jonchent le rond-point de Magenta. La veille, cet axe stratégique fut l’un des hauts lieux des exactions qui frappent la capitale. Deux-roues, chariots, bouteilles de gaz… Tout a été entassé et incendié sur la chaussée à la nuit tombée. Ce matin, l’heure est à l’amertume et à l’incompréhension. "Je suis triste et très choquée de voir ça. Ça n’a rien à voir avec notre revendication, c’est n’importe quoi", glisse cette riveraine de 40 ans, qui a assisté, impuissante depuis chez elle, à cette flambée de violence. "Ce sont tous les petits cons qui foutent le bordel. Les émotions me montent là et je ressens de la colère. On espère que ça va s’améliorer, mais c’est mal barré."

    "On savait que ça péterait"

    Quelques mètres plus loin, Brandon, 30 ans, est venu lui aussi constater l’ampleur des dégâts, mais avec un regard nettement différent sur la situation. "Je trouve que c’est normal qu’on en arrive à ce point-là au vu de ce que la France nous impose. Avec les discours des politiques, tant indépendantistes que loyalistes qui ont alimenté tout ça, on savait que ça péterait, assure cet habitant de Haut-Magenta. On est en colère contre le système français, pas contre les gens. On sait que de toute manière, c’est la France qui gagnera mais sans le peuple kanak, rien ne se fera. C’est vrai qu’il y a eu des débordements, mais ce n’est pas pire que les gilets jaunes ou ce qui se passe aux Antilles ou à Mayotte. Par contre, maintenant, il faut calmer les choses donc je suis pour le couvre-feu."


    De nombreux habitants de Magenta sont sortis ce matin pour constater, avec amertume, la situation dans le quartier. Photo Anthony Tejero

    Mais la position de ce jeune homme est loin d’être partagée. "Je suis très déçue du comportement des jeunes. C’est dramatique ce qu’il se passe. À la base, il s’agissait seulement d’afficher les couleurs, mais là, c’est totalement parti en vrille, déplore Loriana, 21 ans, qui n’avait jamais connu une nuit aussi violente et ne cache pas sa peur, après avoir vécu au rythme des cris, des caillassages et des tirs de flash-ball, dans son appartement des tours de Magenta.

    "Je n'ai peur de rien"

    Un sentiment que ne veut pas connaître Edonise, du Ouen-Toro. "Moi je suis calédonienne et je n’ai peur de rien. C’est pour ça que je suis dehors ce matin et je continuerai, martèle cette sexagénaire, qui a vécu les Événements. Nous sommes revenus 35 ans en arrière. Je ressens beaucoup de colère, notamment auprès des autorités qui auraient dû prendre plus de précautions car c’était prévisible. Quand je vois des jeunes de 12-13 ans dans ces violences, c’est tout simplement inadmissible. Il faut vraiment de la répression dès maintenant. La France ne nous lâchera pas, donc il faut se soutenir avec les gens qui veulent avancer et laisser les autres dans leur négativité."

    Autant de propos et de ressentis qui sont le signe d’une société calédonienne profondément fragmentée. Et choquée.


    Scène insolite dans Nouméa, ces deux touristes s'occupent comme elles peuvent et s'arrêtent devant une vitrine de perles de Tahiti, au Quartier-Latin.

    Parmi les passants rencontrés ce matin dans Nouméa, quelques touristes, à l'image de Karine et Françoise, fraîchement débarquées sur le Caillou. Et qui auraient pu espérer accueil plus chaleureux... "Hier, nous devions récupérer une voiture à La Tontouta, nous avons pris le bus, mais il s'est arrêté à Païta et nous avons continué avec un taxi. Nous avons traversé plein de barrages avec des personnes cagoulées, c'était un peu chaud, racontent ces deux Métropolitaines, qui tentent de faire contre mauvaise fortune bon coeur. On ne connaît pas assez le pays pour savoir où est vraiment le danger. Pour l'instant, disons que c'est plutôt des inconvénients. Et ça nous fera des histoires à raconter quand on sera rentrées."

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