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    Grand Nouméa
  • Aurélia Dumté | Crée le 19.08.2024 à 15h38 | Mis à jour le 19.08.2024 à 16h16
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    Visite de l’usine de recyclage et de valorisation des déchets de la pêche : Recyf. L’usine transforme les déchets de poissons en farine et huile de poisson. Charles André, le porteur de projet, avec de la farine de poisson, le produit fini. Photo AD
    Le cluster Valorga, dédié à la valorisation des déchets organiques, proposait ce lundi de découvrir la nouvelle usine Recyf, installée à Nouville. Elle transforme les déchets de poisson en farine et huile. Une société basée sur l’économie circulaire, qui répond à des critères vertueux, et permet de limiter l’importation de farine de poisson.

    À 200 mètres des locaux des grosses pêcheries calédoniennes s’est montée, fin 2023, une nouvelle entreprise. Recyf est une usine de valorisation des déchets de la pêche. Des 3 000 tonnes de poisson pêchées chaque année en Nouvelle-Calédonie, 1 400 tonnes environ partent à la poubelle. Les déchets doivent être enfouis et les pêcheurs paient une facture salée. "L’idée était donc de simplifier la vie des pêcheurs en réduisant leurs charges, de diminuer les besoins d’importation, et de proposer un produit local, moins cher, et d’aussi bonne qualité", liste Charles André, porteur du projet Recyf.


    L’usine a commencé sa production en fin 2023. Elle peut traiter jusqu’à 2 500 tonnes de déchets organiques par an. Photo AD

    L’usine, implantée sur le port de Nouville, collecte donc les déchets des poissons en direct, gratuitement, et les transforme en farine et en huile. Ces deux produits peuvent ensuite servir dans les aliments pour animaux d’élevages (crevette, porc, volaille) ou comme engrais. Pour le moment, l’usine Recyf collecte 900 tonnes de déchets auprès de deux gros armateurs : Navimon et Pescana. "Nous travaillons actuellement avec le marché de Nouméa pour collecter leurs déchets de poisson", précise Charles André, qui espère à terme collecter le plus possible de déchets de poisson. Car l’usine toute neuve peut traiter jusqu’à 2 500 tonnes de déchets organiques. Cette année, Recyf envisage de produire 400 tonnes de farine et 50 tonnes d’huile de poisson. "Avec un kilo de déchets de poisson, on produit 300 g de farine, et 5 % de la matière devient de l’huile."


    Basée au cœur des pêcheries, Recyf récupère sa matière première en direct, sans briser la chaîne du froid et en limitant drastiquement l’empreinte carbone. Photo AD

    "En Nouvelle-Calédonie, 900 tonnes de farine de poisson sont importées chaque année, pour créer des aliments pour crevettes. La meilleure farine vient d’Amérique du Sud et comporte 71 % de protéines. La nôtre contient également 71 % de protéines, est moins chère et locale." Charles André n’est pas un industriel de formation, mais c’est un pêcheur. "Je me suis demandé ce que je pouvais faire avec ces déchets de poisson." Il se renseigne, et se lance. "Je n’ai rien inventé, le procédé vient des pays nordiques, et nous avons acheté la machine en Thaïlande." Quelques formations plus tard, Recyf tourne avec quatre salariés. Il aura tout de même fallu trois ans d’études, de recherches, de montages de dossiers puis de chantier pour livrer Recyf. La société bénéficie d’aides sous forme de défiscalisation et de tarifs avantageux pour la location du terrain. Le projet présente de nombreux avantages.


    5 % de la matière première est transformée en huile de poisson, un produit qui peut être ajouté aux aliments pour animaux. Photo AD

    Un fonctionnement en économie circulaire déjà, c’est-à-dire en collectant les déchets d’une autre industrie pour les valoriser et les injecter de nouveau dans le circuit économique. Le tout permettant de limiter l’importation et donc l’empreinte carbone des produits. L’usine est implantée au plus proche de la matière première et se veut la plus respectueuse possible de l’environnement. Panneaux solaires pour couvrir toutes les dépenses en électricité, peu d’effluents, un système de traitement des odeurs écologique et organique, avec un bio filtre à base de copeaux de bois (locaux évidemment), lesquels, au bout de quatre à cinq ans, se transforment en compost. Les sacs de farine, des "big bag" de 500 kg, sont eux aussi réutilisables. La chaudière elle fonctionne au gasoil, "mais nous n’avons pas encore trouvé de solution pour cela."


    L’usine Recyf traitant des déchets de poisson, s’est équipée d’un filtre biologique, à base de copeaux de bois, permet de filtrer les effluves et donc de limiter les odeurs. Photo AD

    Recyf est la dernière entité à intégrer le cluster Valorga, dédié à la valorisation des déchets. Une visite de l’usine était organisée ce lundi 19 août à l’initiative de ce groupement. Une représentante de l’Ocef qui centralise l’industrie de la viande, des membres des associations Bio caledonia et Repair, un agriculteur ou encore un représentant de Néofly, qui fabrique aussi de la farine animale locale, étaient de la visite. L’idée pour Valorga, "c’est de faire du lien entre tous les acteurs de la filière", souligne Chloé Saglibene, animatrice du cluster.

    Actuellement, toute la farine est vendue à des provendiers qui l’intègrent dans des aliments pour crevettes. Mais farine et huile de poisson peuvent bénéficier à d’autres domaines, comme l’agriculture, en tant qu’intrants, et permettent d’assurer le maintien du label biologique. Engrais donc, mais également en aliment pour l’élevage porcin, les débouchés sont multiples. D’autant que l’usine peut traiter d’autres déchets organiques, et donc fabriquer différentes farines, comme de volaille par exemple.

    Une initiative qui peut donc se développer et ainsi bénéficier à l’économie calédonienne en fabriquant localement et en évitant l’importation.

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