Des odeurs chaudes d’épices, de sucres, ou de fritures appétissantes se dégagent de l’entrée de Nouville. Quarante-huit exposants travaillent tous à concocter des bons petits plats. Ils sont réunis durant quatre jours à la Maison des artisans pour le sixième salon Saveurs et traditions. Une "bouffée d’oxygène", selon Jean-Pierre Morio, gérant d’Aux délices de Bretagne. Cet artisan, spécialisé dans les produits bretons, participe pour la 19e année à un salon organisé par la Chambre de métiers et d’artisanat.

Mais celui-ci a une saveur particulière. "J’ai été fragilisé, comme tout le monde, mais il faut garder le moral !" Comme sa voisine d’en face, Delphine Durant, de G Délices, spécialisée dans les charcuteries artisanales, il a participé à des petits marchés de proximité, mis en place les vendredis matin au parc Fayard par la Chambre d'agriculture. "Je suis partout !" s’amuse Jean-Pierre, qui semble connaître tous les visiteurs du salon.

Relancer l’économie

Pour le jeune entrepreneur Guillaume Demangeau, ce salon est une aubaine. "J’étais sur une phase ascendante avec mon entreprise, et tout à coup, trois mois d’arrêt." Sa petite société d’infusions locales est basée au Vallon-Dore, mais le jeune homme, ne s’est pas laissé abattre. Il propose un stand de cafés au wharf du Vallon-Dore. " 200 F n’importe quel café. J’avais besoin d’aider les gens, et cela m’a permis d’éviter la liquidation." Pour lui, cet événement dédié à la gastronomie calédonienne "c’est l’occasion de valoriser les produits locaux, et de relancer l’économie".

Comme Guillaume, Philippe a profité des mois d’émeutes, bloqué chez lui au Mont-Mou, pour se réinventer. Installé sur le même stand que Charly, chef à domicile, il propose du caramel au beurre salé et ses déclinaisons, comme au piment par exemple.

Classique ou original, faites vos choix

Si certains cuisinent des plats classiques, à l’image de l’équipe Pikachoux, descendue de Koné pour l’événement et qui propose des plats indonésiens, "avec un menu qui change tous les jours !", sourit Sylvie Saridjan, d’autres font dans l’originalité. Charly et Philippe cuisinent des gaufres salées à l’igname, accompagnées de tataki de thon, ou encore des gaufres sucrées à la chouchoute belle Hélène.

Juste en face, le stand des Gourmandises de mamie Jojo attire l’œil. Les bocaux colorés et les bonbons bien de chez nous mettent l’eau à la bouche. Mais à y regarder de plus près, certaines confitures sont singulières. Comme celles au manioc et au coco, à la papaye, au fruit de la passion et au rhum, ou encore, la préférée des enfants, banane chocolat. "Et tout est local, le fruit, le rhum, le chocolat… assure Sarah, la fille de mamie Jojo, qui précise que ce salon, ça met du beurre dans les épinards." Ou sur la tartine.

Garder le cap

Cet arrêt brutal de l’économie lors des violences, "en tant qu’artisans, ça nous a mis dedans, c’est évident", déplore Céline, des Jardins du Cap, qui transforme "tout ce que nous avons dans notre jardin. Mais nous sommes passionnés, alors on ne baisse pas les bras, et on tient le cap !"