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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 29.06.2024 à 05h00 | Mis à jour le 29.06.2024 à 05h00
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    À Rivière-Salée, Marie-Denise et son fils reviennent de Belle-Vie, le supermarché le plus proche de leur habitation. Photo Anthony Tejero
    Pour se rendre au travail, au lycée ou chez le médecin, pour faire des courses… Des milliers d’habitants ont été privés du jour au lendemain de transports en commun dans Nouméa et son agglomération. Rien que sur la ligne du Néobus, les dégâts sont "considérables" et nécessiteront au moins un an de travaux de réparation. Du moins si les financements nécessaires sont trouvés. Témoignages.

    "J’aimerais bien reprendre les cours, mais il n’y a plus de bus et ma famille n’a pas de voiture." Au pied des tours de Magenta, si Aurore cache sa frustration derrière un large sourire, cette adolescente de 17 ans n’a pas le courage de marcher tous les jours jusqu’au lycée Jules-Garnier pour reprendre sa scolarité.

    Faute de transports en commun, cette jeune femme, à l’image de milliers d’autres Calédoniens, subit de plein fouet les conséquences des émeutes, qui n’ont pas épargné les infrastructures du réseau Tanéo. Chaque matin, ils sont nombreux à marcher le long de la voie auparavant réservée au Néobus qui, par endroits, n’est plus que l’ombre d’elle-même.

    "Il faut enchaîner les kilomètres"

    À Rivière-Salée, Marie-Denise revient de Belle-Vie, les bras chargés de courses. Cette mère de famille doit compter près d’une heure et demie, aller-retour, depuis son habitation proche du lycée Petro-Attiti. "Dans notre quartier, ils ont tout brûlé y compris le snack où je travaillais. Avant, on avait tout, aujourd’hui on n’a plus rien et même plus de bus pour se déplacer, se désole cette habitante, qui ne cache pas sa colère. Maintenant, il faut enchaîner les kilomètres pour tout ce qu’on doit faire : aller au magasin, se faire soigner, aller en ville pour les papiers, etc. Sans voiture, ni transports en commun, je ne vois pas comment je vais réussir à trouver un nouveau travail ailleurs, vu que dans le quartier, tout est détruit."

    "Un sentiment de gâchis"

    Une préoccupation que partage Julie, agent d’entretien dans une société de nettoyage qui, depuis le 13 mai, n’a pas repris son activité. "J’avais des chantiers dans tout Nouméa avant, mais sans bus, je ne vois pas comment je vais réussir à continuer à travailler, confie cette femme de 40 ans, en route vers Ducos pour faire quelques courses. On va essayer de s’entraider entre collègues, mais ils ont peur de rentrer dans Rivière-Salée et le taxi, c’est trop cher. Je ressens un profond sentiment de gâchis par rapport à toutes ces destructions. Je suis très déçue. Je pense notamment à tous nos vieux qui ne peuvent pas se déplacer."

    Fermement appuyé sur sa canne, Paul, 78 ans, préfère quant à lui faire contre mauvaise fortune bon cœur. "Je prenais le bus avant, mais de toute façon, il faut que je marche tous les jours pour rester en bonne santé. Disons que j’ai davantage de motivations pour aller dehors désormais."

    Un milliard de francs de dégâts rien que sur la ligne du Néobus


    Les systèmes de billetterie ont été saccagés, comme ici dans le quartier de Rivière-Salée.

    Les dégâts sont considérables sur les réseaux de transports en commun de l’agglomération. Rien que sur la ligne du Néobus, le montant des travaux de réparation se chiffrent, selon les premières estimations, à près d’un milliard de francs, hors voirie.

    "Tous les systèmes électriques ainsi que les feux de circulation ont été saccagés, ce qui signifie que tant que cette partie ne sera pas rétablie, le Néobus ne pourra plus circuler dans des conditions de sécurité", explique Antoine Borius, directeur du SMTU, qui estime entre 12 et 18 mois le temps de réparation, une fois que les financements auront été trouvés et le maître d’ouvrage identifié.

    Jusqu’à 30 000 passagers par jour

    Pour l’heure, le SMTU ne peut avancer aucune date de reprise du trafic sur certaines lignes. "La durée de la suspension dépendra de l’évolution de la situation qui s’est de nouveau dégradée. Pour l’heure, les conditions de sécurité ne sont pas garanties, alors même qu’auparavant, le métier de conducteur n’était pas facile et que nos bus étaient la cible de caillassages", poursuit le directeur du SMTU, qui indique que deux agents ont été blessés à l’entrée de la Vallée-du-Tir, lors de leur mission d’évaluation des dégâts sur les infrastructures du Néobus.

    Pour autant, le SMTU est conscient des besoins de la population. En semaine, en période de pointe, près de 30 000 personnes par jour empruntent ces lignes. Sans oublier les 400 agents qui se retrouvent actuellement sans activité. "Lorsque nous pourrons reprendre, et là où nous pourrons reprendre, il s’agira d’alternatives au Néobus. Nous planchons sur un réseau qui sera donc très partiel, très dégradé et progressif pendant un an, voire un an et demi", conclut Antoine Borius.

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