C’est la fin d’un long feuilleton autour d’un projet évoqué pour la première fois il y a quinze ans, et dont l’avancée aura été semée d’embûches (lire ci-dessous). Ce mardi 29 octobre, l’Hyper U du groupe Ballande, situé devant le lycée Anova de Païta, tout près de l’Arène du Sud, a ouvert ses portes. Dès l’ouverture, les quelque 700 à 800 véhicules qui occupaient un parking trop étroit pour tous les accueillir donnaient une idée de l’attente générée autour du complexe commercial de 6 600 m², quatrième "hyper" du Caillou après Kenu-In, Géant Sainte-Marie et le Dumbéa mall.

À l’intérieur, c’était l’effervescence dès les premières heures. Les files d’attente n’ont pas mis longtemps à se former à chaque caisse. Dans la galerie, la vingtaine d’enseignes déjà opérationnelles ont fait face à une foule de premiers clients. Beaucoup sont simplement venus découvrir les lieux et prendre connaissance des boutiques, longtemps restées secrètes (lire ci-dessous).

"Il y en a pour tout le monde"

C’est le cas de Johnny, qui a fait la route depuis Portes-de-Fer pour se faire un avis sur le nouvel hypermarché. "C’est super beau, lance l’homme de 29 ans, en balayant la galerie des yeux. Ça donne envie de revenir." Le père de famille attend surtout l’ouverture prochaine de King Jouet, magasin spécialisé dans les jeux pour enfants, pour y revenir avec ses deux garçons. Au-delà des curieux venus d’un peu partout dans l’agglomération, l’hypermarché comble surtout les habitants de Païta, privés de la plupart des magasins du village, détruits durant les violences de mai et juin.

"Il y a vraiment du choix, que ce soit en nourriture ou en vêtements, il y en a pour tout le monde", se réjouit Cécilia, 32 ans, qui réside à cinq minutes du nouveau centre commercial. Pour elle et son amie, Geneviève, l’ouverture de ce complexe représente la fin des allers-retours vers Nouméa. "Ce sont des enseignes qu’il n’y avait qu’en centre-ville de Nouméa", poursuit Cécilia.

La destruction du centre commercial Kenu-In, en mai, a encore davantage poussé les habitants de Païta vers la capitale, et le Dumbéa mall. Désormais, "on viendra tout le temps faire nos courses ici", assurent les deux amies. Même remarque pour Magalie et Lucy, 25 et 22 ans, qui voient dans cet hypermarché l’opportunité de "ne plus aller jusqu’à l’Anse-Vata". "On a tout ce qu’il nous faut maintenant à Païta".

Une satisfaction partagée par les commerçants, qui s’attendent à devoir composer avec une affluence hors-norme jusqu’à la fin de la semaine. "C’est un complexe de grande qualité", remarque Ronan Daly, gérant de l’enseigne Marlène et par ailleurs président du Syndicat des commerçants de Nouvelle-Calédonie. Alors que le contexte économique est très marqué par la crise qui secoue l’archipel depuis mai, l’ouverture de l’Hyper U de Païta "redonne espoir", note ce dernier. "On a toujours des incertitudes sur les prochains mois, notamment en ce qui concerne le chômage, mais on vit cette ouverture avec plaisir."

Relance économique

D’autant plus que, pour certaines enseignes, elle représente un second souffle bienvenu. "Ça participe clairement à une forme de relance économique", souligne Jordan, responsable de Campus, franchise de chaussures déjà installée à l’Anse-Vata et au Dumbea mall. Deux heures après l’ouverture, lui et sa collègue avaient déjà accueilli "200 à 300 clients", pour la plupart juste venus faire les curieux.

"Les gens vont s’approprier le centre commercial petit à petit", pense Ronan Daly, bien conscient que l’affluence de ce mardi devait davantage à l’effet de nouveauté qu’à un réel désir de shopping. La crise de mai a en effet fortement amputé le pouvoir d’achat des Calédoniens. Les prix pratiqués ont d’ailleurs largement occupé les discussions entre les rayons de l’hypermarché. "C’est moins cher qu’au Dumbéa mall", croit savoir Cécilia. Jean (prénom d’emprunt) n’est pas du même avis. "On est venu de Magenta pour voir et comparer, et on trouve ça vraiment cher."

Les prochains jours devraient permettre à chacun de se faire un avis. Les commerçants s’attendent à un week-end chargé. Contactée, la direction du groupe Ballande n’a pas souhaité communiquer sur l’ouverture de son hypermarché.