Le processus de la Communication NonViolente a été pense puis décri par Marshall Rosenberg dans les années soixante. "Il s'interrogeait sur ce qui anime certaines personnes à poser des actes qui blessent et font souffrir, en donnant l'impression qu'ils en éprouvent une forme de satisfaction, et ce qui motive d'autres à prendre plaisir à prendre soin et à contribuer au bien-être d'autres êtres humains ", pose Mélanie Bertrand, certifiée en Communication NonViolente et membre de l'association Communication pacifique. " Le processus CNV s'inscrit dans le mouvement de la psychologie humaniste de Carl Rogers, dont l'un des présupposés de base est que l'homme naît bienveillant par nature. Marshall Rosenberg a consacre ses travaux au langage. En effet, nous avons besoin de mots pour élaborer notre pensée, alors, qu'est-ce qui nous coupe de notre bienveillance naturelle au travers de notre langage ? " La Communication NonViolente a pour grand principe de restaurer la communication entre les humains, pour " les connecter ". Pour cela, " il est important de descendre au niveau de ses besoins. Tout ce que nous faisons, à chaque instant, sert à satisfaire des besoins, et ces besoins humains fondamentaux sont universels. C'est ce qui nous relie les uns aux autres et surtout nous permet d'avoir des clés de compréhension de chacun ", explique Mélanie Bertrand. Si tous les humains ont les mêmes besoins, il est toutefois important de discerner que les moyens pour les combler diffèrent d'un individu à un autre. Ainsi, pour se détendre, certains opteront pour du jardinage, d'autres pour du jogging, d'autres encore pour du dessin, de la musique, des discussions avec des amis... Certaines options satisferont les besoins de certains, quand d'autres sont inimaginables pour d'autres personnes. 

Quatre étapes de cheminement intérieur

Quatre étapes aident à orienter le processus de la Communication NonViolente, " c'est un cheminement intérieur, un état d'esprit ", précise la spécialiste. Un fil d’Ariane pour naviguer au travers de nos pensées et ressentis avant de lui donner corps à l'aide de mots. Une manière de tourner sept fois sa langue dans sa bouche. " Le processus de la Communication NonViolente nécessite de la pratique ", souligne Mélanie Bertrand. La CNV participe à apaiser les relations entre les humains, que ce soient des confits de voisinage, les échanges dans les familles, les relations dans les couples, l’éducation des enfants, le cadre professionnel... " C'est un projet social global ". 

L'observation

Comme la communication est conditionnée par des milliers d’années d’humanité, il nous faut des clefs afin " d’éviter de glisser vers nos habitudes ". Le premier principe est l'observation. " Nous avons tous un dramaturge grec en nous ! sourit Mélanie Bertrand. Nous avons tendance à interpréter les choses au lieu de se contenter d'observer les faits. Et si on partage notre interprétation, cela peut être mal ... interprété ! " La formatrice en CNV poursuit : " Ce collègue passe devant mon bureau sans me dire bonjour. Il doit me faire la gueule. Il ne va pas bien aujourd'hui. Il est mal poli... c'est de l’interprétation. Il passe devant mon bureau sans dire bonjour. C'est un fait. Le reste c'est dans mon imagination... " 

Le sentiment

" L’émotion/le sentiment est le voyant lumineux de nos besoins, explique Mélanie Bertrand. Plus les besoins sont nourris, plus les émotions sont agréables. Et inversement, plus nos besoins appellent à être combles, plus nos sentiments vont être inconfortables. " Cette deuxième étape du processus de la Communication NonViolente nécessite de repérer ses sentiments au travers de ses ressentis corporels. Cela permet d'identifier ses besoins. Les émotions concernent la personne qui les ressent et non la personne qui provoque ces émotions. Ainsi, " je me sens manipulé " est un " faux " sentiment, il s'agit davantage d'une accusation envers la personne qui est supposément manipulatrice que de l'expression d'un ressenti personnel. " Je me sens triste ", c'est un " vrai " sentiment. 

Les besoins

Maintenant que les faits sont établis, que les émotions sont nommées, place à l'identification des besoins. Les besoins sont de toutes origines, ils peuvent être physiologiques - dormir, manger, boire...- relationnels - être seul, être accompagné, - professionnels, - de reconnaissance - ... " Nous avons tendance à porter attention à nos besoins lorsque nos voyants émotionnels sont allumés, le corps finit par prendre le dessus, " souligne la professionnelle. 

La demande

Tout le cheminement intérieur a été parcouru, les faits, les sentiments et les besoins sont identifiés, il est temps de passer à l'action, de concrétiser, " de clarifier ses besoins : comment je fais pour me rendre la vie plus belle ? " demande la professionnelle. " Les conflits se situent toujours au niveau des stratégies que nous mettons en place pour nourrir nos besoins, mais jamais au niveau des besoins (d'où l’intérêt de les écouter !). " Mélanie Bertrand détaille : " Cette grille intérieure peut être appliquée à soi-même, pour évoquer ses propres besoins aux autres, ou pour écouter les besoins des autres. La CNV nous amène à de l'authenticité, et cela n'est pas forcement confortable. La grille intérieure permet d'éviter les jugements, qui nous coupent de nos besoins, mais également de prendre conscience de ses responsabilités et d'assumer les conséquences. Il est important de savoir que les choix ne sont pas définitifs. La Communication NonViolente sort des schémas binaires : " ça OU ça ", elle apporte de la flexibilité : " ça ET ça. " 

Se réconcilier avec le conflit

La Communication NonViolente n'évite pas le confit, elle permet de se réconcilier avec. " Ce sont deux idées qui se rencontrent. On ne fuit pas les conflits, on n'empile pas les dossiers qui provoquent de la rancœur. Nous ne devenons pas de " gentilles petites personnes mortes ", mais des personnes fortes. Pour autant, cela demande de la pratique, de l'entraînement. " Une personne formée à la Communication NonViolente peut donc résoudre des confits, qu'ils soient intérieurs ou avec d'autres personnes, en mettant en lumière les vrais besoins de chacun, et en trouvant des solutions adaptées. Le tout de façon apaisée. Certains grands de ce monde auraient peut-être besoin d'un stage de CNV...