- De notre correspondant,Ivan Cotignola | Crée le 22.06.2018 à 04h25 | Mis à jour le 22.06.2018 à 05h06ImprimerAutorités institutionnelles, civiles et coutumières se sont succédé pour dire un dernier adieu à Robert Frouin qui reposera dans le caveau familial.Photos I.C.Nord. Koumac, drapeaux tricolores en berne, a accueilli hier matin les autorités institutionnelles, civiles et coutumières, les proches et la population du pays venus rendre un dernier hommage à Robert Frouin, ancien maire de Koumac et membre du Comité des Sages.
L’émotion était palpable hier en l’église Sainte-Jeanne-d’Arc où était célébrée la cérémonie religieuse des funérailles de Robert Frouin. Au cimetière, les instances civiles et coutumières, au cours de brèves prises de parole, ont mis en exergue le rôle humain, social et politique de cet homme d’exception qu’a été Robert Frouin tout au long de sa vie.
« Robert Frouin, c’était le Nord. C’était l’éleveur, l’agriculteur, le mineur et c’était aussi quelqu’un qui a servi l’Etat pendant des décennies, comme maire de Koumac - on sait combien il était attaché à cette commune - comme membre de l’Assemblée territoriale, comme membre du Congrès », a souligné Thierry Lataste, haut-commissaire de la République. « Le Premier ministre avait demandé, après l’avoir décoré, s’il acceptait d’être l’un des membres du Comité des Sages, chargé d’accompagner la campagne électorale avant le référendum qui va commencer dans quelques semaines. Robert Frouin avait accepté une nouvelle fois cette mission malgré l’âge, malgré la fatigue. » Pour France Debien, Robert Frouin était un vrai compagnon de route. « C’était un homme qui était proche de tout le monde et qui n’était jamais monté au-dessus de ses souliers. Il vivait tranquille sa petite vie. Il a rendu de grands services autour de lui. Quand les gens de Poum étaient dans le besoin après un cyclone, c’était Robert Frouin qui amenait la nourriture par bateau. Il était un peu comme Jacques Lafleur à l’époque. C’était des gens de ce style-là. »
Un homme de conviction
Pour Wilfrid Weiss, maire de Koumac, Robert Frouin a vécu la Brousse. « C’était quelqu’un de profondément enraciné dans le Nord, bien qu’il soit né à Nouméa. Il a pratiquement donné sa vie à la politique communale, territoriale, et provinciale. C’était un homme de conviction, un homme qui avait aussi une vision des choses au niveau de l’avenir. C’est une perte pour la Nouvelle-Calédonie. »
Toujours dynamique
Henri Reuillard, habitant Koumac depuis plus de quarante ans et grand animateur de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine minier et historique du Nord calédonien (ASPMHNC), éprouve une grande tristesse. « C’était avant tout un ami. Robert a toujours été très attaché à la mise en valeur du site historique de Tiébaghi. Je reconnais en lui le créateur de l’ASPMHNC que j’ai moi-même développée après. » Philippe Cogulet, éleveur à Poum et conseiller provincial Nord, estime que la disparition de Robert Frouin est un grand vide dans la région. « Robert a été quelqu’un qui a aidé énormément autour de lui. Il n’était pas regardant et mettait gratuitement ses engins à la disposition des gens. Toujours très dynamique, il a beaucoup travaillé dans sa vie. Il a été le maire qui a dynamisé la commune de Koumac. Si c’est une petite ville aujourd’hui, c’est bien grâce à lui. C’est quelqu’un qui n’a jamais vieilli dans sa tête. Il était encore dynamique à plus de 80 ans. Il travaillait sur son bull, il s’occupait de son bétail... Il avait des projets comme s’il avait vingt ans. »
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Daniel Whala-Windi, porte-parole de la grande chefferie et président du Conseil des anciens, s’est déclaré très touché par le décès de Robert Frouin. « Nous avons toujours travaillé avec lui au niveau coutumier, au niveau tribal à l’époque où il était encore à la mairie. C’est quelqu’un de valeur pour qui nous avions une profonde considération. On perd un grand pionnier de la commune de Koumac, avec son équipe à l’époque. »
Pour Jéamania Pombéï Paeten Whaap, ancien sénateur coutumier, Robert Frouin était, de par sa personnalité, quelqu’un qui faisait partie du patrimoine en province Nord et notamment dans la commune de Koumac. « Nous avons toujours travaillé avec lui. Il avait parfois certaines réactions, mais c’était quelqu’un qui a su instaurer le dialogue avec les coutumiers et les gens du village. Grand propriétaire foncier sur la commune, il a su comprendre que pour un destin commun, il fallait partager certaines choses. Et pour ça, je lui tire mon chapeau. C’est quelqu’un qui a travaillé pour le développement économique, social. C’est un exemple pour les Calédoniens de souche européenne. Il a su comprendre que pour un avenir de paix, il fallait travailler ensemble pour l’avenir du pays. »
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