Elle a racheté la petite station Shell de la route du Vallon Dore "en 1980, ou en 1981 peut-être", avec son mari. À Kouaoua, la construction de la Serpentine venait de mettre au chômage plusieurs dizaines de rouleurs, dont son homme. "Il fallait bien trouver un nouveau travail", explique tout simplement celle qui effectuait alors des travaux de couture, dans un petit atelier de Nouméa.

"Pour attirer les clients, il fallait les Nouvelles"

"Quand on a racheté, c'était tout petit, ici. Il y avait juste deux pompes, une essence et une mazout." Les installations ont été refaites en 2002, le bâtiment a été agrandi. Du luxe. Aujourd'hui, le journal est même livré à la station. "Au début, je devais aller chercher les journaux chez le boulanger, à Robinson, très tôt", se souvient Lene Chii Koon Yau. "On ne pouvait pas faire autrement. Pour attirer les clients", à une époque où les médias n'étaient pas légion, "il nous fallait les Nouvelles calédoniennes." Quatre décennies plus tard, le quotidien est toujours en vente et toujours dans les mains de la patronne.

"Ça ouvre l'esprit"

Celle que les intimes appellent Mamie Lene lit le journal "tous les jours", derrière ce comptoir où on la trouve depuis près de quatre décennies. "Sinon, c'est que je suis malade." Elle suit "les résultats du football", les actualités de l'étranger. "Ça ouvre l'esprit, on apprend des choses." Elle ne perd pas une ligne des informations qui viennent de Tahiti, qu'elle a quittée en 1967 pour rejoindre la Calédonie.