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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 19.09.2024 à 16h11 | Mis à jour le 19.09.2024 à 16h55
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    Alexandre Rodriguez, président de la confédération des professionnels de l'immobilier, était invité par la CCI ce jeudi 19 septembre, pour dresser un bilan de la situation du secteur.  Photo Anthony Tejero
    Alors que le nombre de transactions affiche une baisse vertigineuse de l'ordre de 90% depuis le déclenchement des émeutes, le secteur de l'immobilier s'est littéralement "effondré". Même si la "situation est dramatique", les représentants de la filière formulent des propositions pour tenter de relancer l'activité, autant que faire se peut, l'an prochain. Rencontre avec Alexandre Rodriguez, président de la confédération des professionnels de l'immobilier.

    Alors que 2023 était déjà en demi-teinte, comment le secteur réagit depuis le 13 mai ?

    2023 était une année plutôt bonne, mais moins que 2022 où les taux d’intérêt étaient très bas, ce qui avait drainé le marché immobilier. Or l’an passé, les taux d’intérêt ont nettement augmenté, ce qui a grevé de 35 % la capacité d’endettement des ménages. Par conséquent, avec cette baisse de pouvoir d’achat, on achète moins ou à des prix plus bas, mais les vendeurs n’étaient pas dans l’optique de baisser leur prix.

    On connaissait donc déjà un marché de l’immobilier en baisse en 2023 notamment vers la fin de l’année et là, on est tombés à -90 % de transactions depuis le 13 mai 2024. 70 % des compromis de vente qui étaient en cours ont été annulés et les nouveaux compromis sont quasiment nuls sur 2024.

    Justement quel premier bilan tirez-vous de 2024 en termes de chiffres ?

    On a eu un effondrement du marché juste après le 13 mai. D’habitude, on avait un volume de transactions mensuelles entre 250 et 300 par mois, et depuis, on est tombés à 25-30 par mois, ce qui est ridicule. Aujourd’hui, on n’a donc plus de marché immobilier et on doit se réinventer.

    Est-ce qu’on peut dégager des tendances géographiques sur les secteurs les plus touchés et préservés depuis ces exactions ?

    On n’a pas encore de pourcentages par secteur. Mais en ce qui concerne les grandes tendances, on peut dire que forcément sur la commune du Mont-Dore, on n’a quasiment pas de demandes et on a beaucoup de personnes qui ont dû quitter la commune pour essayer de trouver un logement sécurisé et pouvoir travailler à Nouméa.

    Les quartiers Sud de Nouméa ont d’ailleurs été les moins touchés, même si on observe là aussi une baisse en raison des personnes qui sont parties du territoire. Mais globalement, ce secteur reste moins impacté que les quartiers touchés par les exactions avec des difficultés de transport, des maisons brûlées, etc. Il faut le rappeler 220 logements ont été brûlés (ou dégradés) pendant la période, ce qui est énorme. On est donc sur une grosse baisse, mais différente en fonction des secteurs géographiques.

    Quels sont les impacts de cette crise pour la profession, notamment en termes de pertes d’emplois ou de fermetures d’agence ?

    Il y a déjà des plans de licenciements qui ont été réalisés, notamment pour la partie commerciale qui n’a plus d’activité. On a réduit nos effectifs et certaines agences immobilières sont vouées à fermer car le chiffre d’affaires est proche de zéro lorsqu’on ne fait que de la transaction. La situation est dramatique pour le secteur et on espère une reprise car on représente tout de même 500 emplois directs, entre les agences et les offices notariaux. On ne voudrait pas perdre, à terme, ces compétences.

    Savez-vous combien de personnes ont déjà perdu leur emploi ?

    Non, mais à ce jour, cela se compte sûrement en dizaines.

    Il n’y a pas de visibilité pour les mois à venir, néanmoins quelles sont vos idées pour tenter d’offrir des perspectives à la profession ?

    Dès lors qu’on a un emploi stable, on peut prétendre à devenir propriétaire. L’achat immobilier est quelque chose de structurant dans une vie et tous les ménages y aspirent. Aujourd’hui, ce qu’on préconise, même si on dépend évidemment des banques, c’est un accompagnement du gouvernement par la mise en place d’un prêt à taux zéro plus élargi sur une période de trois à quatre ans, ce qui permettrait une réduction globale du taux d’intérêt et donc une capacité d’emprunt plus large. Et cela permettrait ainsi à davantage de personnes de devenir propriétaires.

    Vous avancez aussi des réformes fiscales pour redonner de l’attractivité au pays. Qu’en est-il ?

    On est dépendants de l’offre et de la demande, donc forcément lorsque des gens partent, le marché de l’immobilier est amoindri. Or on estimait déjà à 2000 le nombre de départ par an jusqu’en 2022. Il faut que le territoire soit attractif pour essayer de drainer le marché immobilier. On a donc proposé des mesures fiscales pour essayer de faire venir des gens d’une manière globale car l’immobilier permet d’ancrer les gens sur le territoire et de doper l’ensemble de la consommation.

    Êtes-vous en contact avec le gouvernement sur ce sujet ?

    On a été sollicités, par l’intermédiaire d’NC Eco, sur le plan S2R (Plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation) du gouvernement, notamment sur la question du logement où on finalise des propositions qu’on leur soumettra et qui, j’espère, seront entendues. C’est le point 4 de ce document, ce qui montre que le logement est un élément central de ce plan.

    Est-ce qu’on peut quantifier, ou du moins avoir un ordre d’idée, de l’ampleur de la baisse de la valeur des biens immobiliers ?

    On n’en a aucune idée à ce stade. On ne peut pas donner de pourcentage car il y a trop peu de marchés aujourd’hui, pour en tirer des données sérieuses. Est-ce qu’on a une baisse de 20 %, 30 % ou 40 % ? On ne peut pas savoir mais ce qui est sûr c’est qu’il y a une baisse et c’est pour ça que c’est important de se tourner vers un professionnel pour être aiguillé car c’est au cas par cas et cela dépend des secteurs géographiques. Mais aujourd’hui, on manque de statistiques. Il n’y a pas assez de volumes de transactions sur le territoire.

    Quelles sont les tendances de 2024 en chiffres ?


    Une activité en chute libre

    Depuis le 13 mai, les professionnels de l’immobilier estiment que le nombre de transaction réalisée chaque mois a baissé de 90 %. En témoignent, les compromis de vente, qui depuis le déclenchement des émeutes, ont été annulés de l’ordre de 70 %.

    Rien qu’au deuxième trimestre (avril-mai-juin), les ventes avaient chuté de 60 %. Une tendance qui s’est ensuite largement amplifiée puisque les professionnels de l’immobilier estiment à 90 % la baisse de l’activité depuis le 13 mai.

    Dans ce contexte, la perte de chiffre d’affaires estimée entre 75 à 85 % pour cette année 2024.


    Source Isee NC

    Le secteur locatif n’est pas épargné

    Depuis les émeutes, le nombre de rupture de baux a bondi de 50 % par rapport au taux habituel. Et ce, essentiellement en raison de départs du Caillou, de pertes d’emploi ou de mise au chômage partiel.

    Par ailleurs, entre 25 à 30 % des locataires de zones sinistrées ont demandé une baisse de leur loyer, avec une "hausse sensible" du nombre d’impayés constatés.

    Les mesures envisagées pour relancer le secteur

    • Instauration d’un prêt à taux zéro "spécifique exactions" pour tout achat immobilier entre 2024 et 2028.
    • Mise en place de mesures fiscales visant à inciter à l’achat ou à l’investissement dans le secteur immobilier dont :
    • Exonération des droits de mutation entre 2024 et 2028
    • Exonération des revenus fonciers pendant 10 ans pour tout achat de biens immobiliers neufs entre 2024 et 2028 parmi les promotions immobilières en cours.
    • Suppression des droits de succession pour tout achat immobilier réalisé entre 2024 et 2028.
    • TGC réduite de 3 % pour tout achat de bien immobilier neuf entre 2024 et 2028.

    Note

    La synthèse des chiffres du secteur pour l'année 2023 sont disponibles depuis ce jeudi sur le site de l'Isee

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