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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 02.08.2024 à 17h19 | Mis à jour le 02.08.2024 à 18h50
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    Les élus de Calédonie ensemble ont dévoilé le contenu d’un "plan quinquennal d’accompagnement de la Nouvelle-Calédonie" estimé à 500 milliards et seul moyen, selon eux, d’éviter une insurrection sociale dans les prochains mois. Photo Baptiste Gouret
    Deux mois et demi après les exactions survenues le 13 mai, le parti juge "dérisoires" les aides financières versées par l’État et s’inquiète d’éventuelles "émeutes de la faim" dans les mois à venir si le niveau de soutien n’est pas revu à la hausse. Il milite ainsi pour le déploiement d’un plan quinquennal de 500 milliards de francs financé par l’État pour sauver les entreprises, les services publics et le système de protection sociale.

    "C’est la survie d’un peuple dont il est question aujourd’hui." Le ton employé par Philippe Gomès se voulait "grave et solennel", ce vendredi matin, dans la petite salle des commissions du Congrès, où Calédonie ensemble tenait une conférence de presse. Onze semaines après le déclenchement des émeutes, le parti s’inquiète de l’absence de réaction face à la "mort économique et sociale du pays" qui s’annonce. "On a le sentiment d’une insuffisance de conscientisation, notamment de la part de l’État, sur la gravité de la situation économique et sociale", dit Philippe Gomès, qui prédit une "insurrection sociale" et des "émeutes de la faim" dans les prochains mois si rien n’est fait.

    Une thèse soutenue par les chiffres, assure Calédonie ensemble. "L’impact des conséquences économiques et sociales des évènements du 13 mai est colossal", signale Philippe Michel, avant d’évoquer, pêle-mêle, les "724 entreprises dégradées, pillées ou incendiées", les "145 milliards de dégâts" et les 24 000 emplois suspendus ou détruits, soit "un tiers des emplois du secteur privé". "Et nous n’en sommes qu’au début de l’effet domino", avertit l’élu Calédonie ensemble au Congrès. Le système de protection sociale est au bord de la faillite, Enercal peine à survivre et les services publics tombent les uns après les autres. Avec la fin de l’aide au logement, le parc immobilier, déjà affecté par de nombreux impayés de loyers, pourrait également s’effondrer. "On fait face à un séisme dont l’ampleur n’est pas encore définitive."

    500 milliards sur cinq ans

    En réponse, les aides d’urgence de l’État ne sont pas à la hauteur des enjeux, regrette Calédonie ensemble. "Les 24 milliards permettent de tenir jusqu’à fin août", note Philippe Dunoyer, qualifiant ce montant de "dérisoire". "Ça n’offre aucune visibilité, que ce soit sur le financement du chômage, la compensation des pertes de recettes, la reconstruction ou le maintien du système de protection sociale."

    "Il est encore temps d’organiser un sauvetage, mais il faut s’y mettre ensemble et maintenant, sinon on va crever", lâche Philippe Michel. Pour y parvenir, les élus de Calédonie ensemble défendent l’adoption d’un "plan quinquennal d’accompagnement de la Nouvelle-Calédonie par l’État". Un dispositif que le parti a chiffré à 500 milliards de francs, soit la moitié du PIB calédonien, et qui vise à financer sur cinq ans les indemnités de chômage (28 milliards), le système de protection sociale (plusieurs dizaines de milliards) la reconstruction du pays (195 milliards) et compenser les pertes de recettes (43 milliards). Il serait porté, au niveau calédonien, par un "comité inter-institutionnel" réunissant les collectivités, les parlementaires, le Sénat coutumier mais aussi les chambres consulaires et les syndicats. Du côté de l’État, un comité interministériel serait créé et rattaché au Premier ministre.

    L’exemple de Saint-Martin et Saint-Barthélemy

    Pour appuyer la faisabilité d’un tel plan, Calédonie ensemble s’appuie sur le précédent de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, deux îles des Caraïbes touchées par le cyclone Irma en 2017, et qui avait fait l’objet d’un soutien financer massif de l’État durant cinq ans "au titre de la solidarité nationale" et "malgré l’autonomie fiscale de ces deux îles". Quant à savoir si l’État a le devoir de financer une telle somme, le parti de Philippe Gomès est catégorique : "les conséquences financières, économiques et sociales des évènements survenus le 13 mai sont de la responsabilité de l’État, qui a manqué à sa mission de maintien de l’ordre public."

    Un projet de résolution pour exiger l’adoption du plan a été déposé par Calédonie ensemble ce vendredi sur le bureau du Congrès. Le parti doit entamer, la semaine prochaine, une tournée auprès des différents acteurs calédoniens, dans l’espoir de le voir adopter "à l’unanimité ou à la très grande majorité" par les élus du Congrès d’ici la fin du mois d’août, avant de le présenter, en septembre, au nouveau gouvernement français.

    Suspension des transports publics : Calédonie ensemble exige la continuité du service

    Mercredi 31 juillet, le SMTU annonçait mettre un terme aux contrats de délégations de service public de Carsud et du GIE Karuïa en raison des importantes dégradations sur le réseau Tanéo depuis le début des exactions, entraînant la fin du service de transport public dans l’agglomération. Un "désastre humain, économique et social", regrette Calédonie ensemble dans un communiqué diffusé ce vendredi. Alors que le SMTU a justifié sa décision "pour motif d’intérêt général", le parti présidé par Philippe Gomès juge à l’inverse que "le seul véritable motif d’intérêt général qui devrait motiver le SMTU, c’est la continuité du service public, a fortiori après 2 mois et demi d’interruption, et au moment où il faut soutenir, par tous les moyens, le redémarrage de l’activité économique".

    "D’autant plus que la sécurité est aujourd’hui rétablie dans la majeure partie de l’agglomération, et que les routes, si elles sont détériorées à certains endroits, demeurent largement praticables sur 90 % du réseau. Un service en mode dégradé aurait parfaitement pu être organisé. Grâce à cette décision invraisemblable, la Nouvelle-Calédonie va continuer à s’enfoncer dans son ornière économique et sociale", déplore Calédonie ensemble.

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