- A.T. | Crée le 16.01.2025 à 12h29 | Mis à jour le 16.01.2025 à 12h30ImprimerDans le Nord-ouest de la Nouvelle-Calédonie, les déficit de pluie ont dépassé 60% au plus fort de la sécheresse, comme ici dans lea vallée de Pouembout. Photo Anthony Tejero2024 a été l’année la plus chaude à l’échelle mondiale depuis l’ère industrielle. Ce changement climatique n’est pas sans incidences sur le Caillou qui a connu l’an dernier une nouvelle hausse des températures, notamment nocturnes, mais aussi des records de sécheresse sur l’ouest et de pluviométrie sur la côte Est. Autant de signaux qui vont dans le sens d’un renforcement des phénomènes météo extrêmes tant en Nouvelle-Calédonie qu’au niveau planétaire, annoncés par les experts du climat. Explications.
L’année la plus chaude jamais mesurée à l’échelle mondiale
Au niveau mondial, 2024 a été l’année la plus chaude jamais mesurée depuis l’ère industrielle, tant pour ses températures atmosphériques qu’océaniques (20,54°C). En ce qui concerne la température de l’air, la hausse moyenne est de + 1,6°C, soit la plus forte mesurée. Un chiffre qui dépasse pour la première fois le seuil maximal à ne pas dépasser (de + 1,5°C) fixé lors des Accords de Paris. L’année 2024 a également été l’année la plus chaude pour toutes les régions continentales, à l’exception de l’Antarctique et de l’Australasie, qui comprend Australie, la Nouvelle-Zélande ainsi que le Caillou où 2024 se hisse à la troisième place (lire ci-dessous). "C’est inédit et ce phénomène a des répercussions jusque dans le Pacifique, région qui est elle aussi restée anormalement chaud toute l’année, et donc qui provoque en cascade des répercussions jusqu’en Nouvelle-Calédonie", alerte Thomas Abinun, climatologue chez Météo France NC, qui présentait, ce jeudi 16 janvier, le bilan 2024 annuel météorologique dans le pays.
Évolution des anomalies de température planétaire annuelle entre 1967 et 2024, par rapport à la période préindustrielle, 1850-1900. Source Copernicus / Météo FranceDes températures toujours plus élevées
Avec une moyenne annuelle de 24,3°C à l’échelle du pays, 2024 est donc la troisième année la plus chaude (à égalité avec 2010) observée en Nouvelle-Calédonie depuis le début des mesures. En 50 ans, le mercure a d’ailleurs déjà grimpé de + 1,3 °C.
Écart à la normale 1991-2020 des températures moyennes annuelles en Nouvelle-Calédonie de 1965 à 2024. Source Météo FranceDans le détail, "les nuits ont été anormalement douces", c’est-à-dire que ce sont les températures minimales qui se réchauffent le plus, avec une moyenne de 20,3°C à l’échelle du Caillou, soit + 0,9°C, tandis que les maximales atteignent 28,2°C, soit + 0,4°C.
Évolution des températures minimales (en bleu) et maximales (en rouge) mensuelles en 2024 au regard de la température moyenne de référence 1991-2020. Source Météo FrancePar ailleurs, plusieurs records de chaleur (toujours plus nombreux à être dépassés au fil des ans) ont encore été atteints l’an passé, notamment entre les 17 et 18 août derniers, où le mercure a affiché en journée une moyenne de 28,6°C (+ 4,3°C) et de 20,4°C (+ 3,9°C), la nuit.
Des pluies très inégalement réparties dans le pays
En moyenne, il est tombé 1 485 mm d’eau dans le pays l’an dernier, soit un léger déficit de -6 % de pluies (par rapport à la normale 1991-2020). Sauf que ce bilan cache de fortes disparités d’une saison à l’autre et un important contraste entre l’ouest, qui accuse un déficit annuel de 24 % et la côte Est (ainsi que Maré et l’île des Pins), en moyenne excédentaire de + 15 %.
"Nous relevons aussi une importante différence saisonnière, avec des pluies en saison humide qui ont été conformes aux normales au début de l’année 2024, et supérieures aux normales avec l’apparition de La Niña en toute fin d’année, mais la saison hivernale, de mai jusqu’à septembre, a été l’occasion d’une sécheresse qui a touché l’ensemble du pays, et plus sévèrement la région nord-ouest de la Grande Terre, avec plus de 60 % de déficit de pluie sur cette période", précise Thomas Abinun.
Source Météo FranceUne sécheresse exceptionnelle qui n’intervient en moyenne que tous les quarante ans et qui a causé bien des difficultés d’accès à l’eau et a aggravé les feux de brousse, survenus en série sur la façade Ouest du pays.
A l’inverse des recors absolus de cumuls de pluie tombé ont été atteints à Maré, où l’aérodrome de La Roche a été totalement inondé en février dernier, avec 384 mm d’eau en 24 heures. Plus impressionnant encore, un orage très localisé au village de Vao, à l’île des Pins, le 13 septembre, avec près de 500 mm enregistrés en seulement 6 heures (soit cinq fois le cumul mensuel moyen de juin dans cette région).
Des extrêmes de plus en plus marqués dans le monde et sur le Caillou
Tous ces éléments viennent une nouvelle fois étayer les hypothèses avancées par les climatologues, dont certaines sont désormais établies, à savoir : le réchauffement climatique accentue les phénomènes météo extrêmes. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, y compris pour le pays.
"À l’échelle planétaire, les scientifiques ont démontré qu’il engendre un renforcement des extrêmes. C’est-à-dire que les saisons et les régions qui sont les plus sèches vont connaître dans le futur, ou connaissent déjà d’ailleurs, des conditions de plus en plus sèches. Et à l’inverse, les régions ou les saisons les plus humides vont aussi se renforcer vers des conditions de plus en plus pluvieuses, expose Thomas Abinun.
En Calédonie, on n’échappe pas à ce signal. Ici, le climat est contrasté, tant géographiquement, avec une côte ouest qui est plus sèche que la côte est, qu’au niveau des saisons, soit humides, soit sèches en hiver. Par conséquent, on n’est pas du tout à l’abri que ce renforcement des extrêmes se mette en place. "
À l’échelle locale, les experts ont déjà réussi à prouver "de manière consolider" que le réchauffement climatique est responsable d’un assèchement des hivers, c’est-à-dire que le pays perd en moyenne 10 mm d’eau par mois entre juin et septembre. Et ce, alors que la pluviométrie est déjà faible, en particulier sur l’ouest du pays, ce qui risque d’accentuer davantage encore les sécheresses jusqu’alors qualifiées d’exceptionnelles.
Par ailleurs, s’ils manquent encore de données pour assurer l’inverse, c’est-à-dire que la saison humide sera de plus en plus arrosée, les scientifiques disposent de suffisamment de données pour avancer que c’est déjà le cas pour le mois d’avril.
2024, première année sans cyclone
Autre phénomène inédit : aucun cyclone ne s’est formé en 2024 dans la zone de surveillance de la Nouvelle-Calédonie, pourtant propice à leur survenue. Une première depuis le début des observations satellitaires dans le pays, soit depuis 1977. Est-ce là encore une conséquence du réchauffement climatique ? Probable. Et ce n’est, là non plus, pas forcément une bonne nouvelle. Car si le nombre de ces phénomènes pourrait reculer, leur intensité pourrait, elle, se renforcer.
Un scénario déjà vérifié dans l’océan Atlantique, mais qui reste encore à l’état d’hypothèse pour le bassin Pacifique, où les scientifiques manquent encore de recul. "A l’échelle planétaire, ce dont on est sûr, c’est que le changement climatique provoque non pas une augmentation du nombre de cyclones, parce que le nombre reste constant, voire peut diminuer, mais on observe une augmentation de l’intensité des cyclones. C’est-à-dire que quand un cyclone se forme, il est plus puissant, engendre plus de vent, plus de pluie, et est donc souvent plus dévastateur, détaille Thomas Abinun, qui se veut encore prudent sur le sujet. C’est une réalité à l’échelle planétaire. Mais le comportement est différent en fonction des bassins océaniques. Cette tendance observée à l’échelle planétaire, elle est largement confirmée au niveau de l’Atlantique, mais pas encore au niveau du Pacifique où il n’y a pas encore de véritable consensus là-dessus. Néanmoins, si on regarde l’évolution du nombre de cyclones, c’est-à-dire qu’on compte simplement le nombre de cyclones d’année en année. On remarque que depuis 20 ans, on en a moins qui circulent sur le Pacifique, mais on observe aussi qu’ils sont plus intenses."
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