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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero et Baptiste Gouret | Crée le 28.05.2024 à 19h34 | Mis à jour le 28.05.2024 à 19h37
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    Jacques, 25 ans, s’est inscrit et attend dehors son tour pour se faire examiner sa blessure aux côtes. Photo Anthony Tejero
    Le quartier du Médipôle a été en première ligne, au plus fort des émeutes qui ont frappé l’agglomération. Son accès n’est rouvert à la circulation et sécurisé que depuis lundi. Pour autant, seul le service des urgences admet pour l’heure des patients, soulagés d’avoir pu se rendre sur place. Reportage.

    Parvis désert, hall d’entrée condamné, parkings fermés… En ce mardi matin, le site du Médipôle semble endormi, enveloppé dans un silence presque pesant, comme si une chape de plomb s’était emparée des lieux. "C’est trop calme, c’est un faux calme. Ça en devient inquiétant", glisse une riveraine, qui a subi de plein fouet les exactions qui ont secoué ce secteur depuis deux semaines.

    La présence des forces de l’ordre, qui ont déblayé les barrages dans le quartier et qui quadrillent désormais les alentours n’est pas étrangère à cette tranquillité apparente. Mais si l’accès à l’hôpital est rétabli et sécurisé depuis lundi, seules les urgences sont admises au sein de cet établissement où les patients et leurs proches se font encore rares.


    Les militaires quadrillent la zone du Médipôle. Photo Anthony Tejero

    Parmi eux, Jacques, 25 ans, attend patiemment son tour dehors, pour se faire examiner les côtes, après avoir essuyé un "coup de flash-ball", assure-t-il.

    "Je serai bien mieux à la tribu"

    "On est déjà venus hier, mais c’était trop tard à cause du couvre-feu, on a préféré rentrer et revenir ce matin. Heureusement que l’accès est de nouveau possible et que les taxis acceptent de nous y déposer. Ça arrange tout le monde ce dispositif de sécurité, même si je ne pense pas que des gens s’en seraient pris à l’hôpital quand même. Ils ne sont pas inconscients, estime ce jeune homme originaire de Poum, de passage au squat de Kawati. Là où je reste, c’est à proximité du barrage sur le savexpress. Ça s’est un peu calmé, mais ça reste chaud, notamment lorsque les forces de l’ordre viennent. En attendant, on s’adapte. Mais il me tarde de pouvoir remonter en car chez moi. Je serai bien mieux à la tribu."

    "Il faut être compréhensif"

    Un peu plus loin, Paul observe les effectifs de gendarmes mobiles déployés tout autour du site. Cet habitant de Normandie est venu déposer sa belle-mère de 88 ans après une mauvaise chute. "On ne savait pas si ça passerait, mais quand c’est comme ça, on ne se pose pas de question. On avance tout droit et on voit. On a appelé le Smur, mais ils n’avaient pas d’ambulance. Il faut être compréhensif, on a toujours eu l’habitude d’avoir tout à disposition. Maintenant, c’est différent et on va devoir s’y faire, glisse avec une voix empreinte de sagesse ce Calédonien de 57 ans, qui se désole de la spirale de violence qui s’abat dans le pays. J’ai connu les Événements. J’étais à Thio en 1984 puis à Nouméa en 1988. À l’époque, il y avait des grands hommes (Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur), mais aujourd’hui, il n’y a personne pour apaiser la situation. Certains prônent la paix, d’autres la légitimité. Je prie pour que chacun prenne ses responsabilités et lâche du lest de part et d’autre. Tout le monde a peur et les gens sont divisés aujourd’hui. Tout ça pour quoi ?"


    Du Pont des Érudits jusqu’au Médipôle en passant par le CSSR, plusieurs équipes de gendarmes mobiles surveillent la zone, particulièrement calme, en ce mardi matin. Photo Baptiste Gouret

    Une question qui n’appelle aucune réponse chez ce grand-père qui tente de comprendre sans cautionner ni accabler. "Ces jeunes sont perdus. Et perdu pour perdu, qui sait, moi-même, je serais peut-être en première ligne si j’étais dans leur situation. Mais je ne voulais pas que mes enfants et petits enfants connaissent ça."

    "Nous demandons aux Calédoniens de ne pas se déplacer au Médipôle"


    Le parvis du Médipôle et le hall d'entrée sont actuellement condamnés. 

    Si depuis lundi, les accès au Médipôle ont été libérés, "la situation reste fragile" au sein de la structure, prévient son directeur général Leslie Levant.  

    C'est pourquoi l'activité du Médipôle reste pour l'heure concentrée sur la gestion des urgences et la reprise des soins vitaux tels que les chimiothérapies ou les dialyses. Des téléconsultations, en visioconférence uniquement, sont également organisées pour les patients. 

    "Nous demandons aux Calédoniens de ne pas se déplacer au Médipôle en dehors de cas d'urgences ou  de rendez-vous confirmé par le personnel du CHT, poursuit le directeur. L'ensemble des équipes s'efforce de maintenir la continuité et la permanence des soins. Toutefois, l'ensemble des consultations et des prises en charge programmées, y compris en hôpital de jour, restent suspendu et les visites demeurent interdites sauf avis médical."

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