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    Nouvelle Calédonie
  • Yann Mainguet | Crée le 15.06.2021 à 20h11 | Mis à jour le 16.06.2021 à 16h32
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    Première Une des Nouvelles calédoniennes le 16 juin 1971. DR
    La volonté de traitement de l'information, la puissance commerciale, et la maîtrise technique, ne faiblissent pas. Mais le titre, ancré dans le pays, rencontre des difficultés.

    1971, la naissance d'un nouveau quotidien

    Le boom du nickel euphorise l'économie calédonienne. Le champ des possibles est alors vaste. Forts de leur expérience réussie en Polynésie française avec Les Nouvelles de Tahiti, Roger Brissaud et Edouard Ventrillon lancent un nouveau projet cette fois en Nouvelle-Calédonie : « Pourquoi ne pas faire un journal ? Nous savons faire ». Jean-Paul Leyraud est de la partie. En face, sur ce terrain médiatique, La France Australe, soutenue par la Société Le Nickel, est un peu vieillissante... D'entrée, Les Nouvelles calédoniennes se positionne, selon Edouard Ventrillon, le premier directeur, comme « un journal local », qui ouvre ses colonnes à « l'Affreux Jojo », dont la chronique rigolarde est vite adoptée par les lecteurs.

    L'époque est à la machine à écrire et au ruban encreur. L'aventure débute le 15 juin 1971 (avec une première parution le 16) dans un immeuble situé rue de la République, à Nouméa, centre-ville. 

    Les membres de l'équipe se comptent sur les doigts d'une main, l'imprimerie loge au rez-de-chaussée avec une seule et petite machine pour commencer : une rotagazette. L'engin n'imprime que le noir et le rouge. Tiré à 1 000 ou 2 000 exemplaires, et imprimé au format A4 sur 12 pages, le journal est vendu principalement dans le Grand-Nouméa. Des rédacteurs évoquent la « grande liberté de ton » liée à « l'indépendance totale » du titre.

    1987, dans le giron du « papivore »

    L'insatiable groupe Hersant acquiert Les Nouvelles calédoniennes en 1987. Il faut dire que, durant sa première quinzaine d'années d'existence, le journal a gagné en renommée, et trouvé son lectorat. « Le style, la variété des informations, et leur précision, ont fait que nous avons eu du succès rapidement », explique Edouard Ventrillon.

    Avec le rachat du journal par le groupe Hersant, arrivent la révolution technologique et l'ère du numérique. La société s'agrandit et emménage rue Jules-Ferry, sur les quais, avec une vraie rotative : une Goss, achetée à Penang, en Malaisie. En 1987, apparaissent aussi la quadrichromie (la couleur en imprimerie) et la première Une en couleurs. Une conséquente structuration du journal, notamment de son service commercial, débute. La ligne éditoriale est alors clairement étiquetée RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République) dès la fin des années 1980.Une marque politique qui suscite des réactions de journalistes.

    Après les accords de Matignon-Oudinot, s'ouvre en 1990 une agence dans le Nord, à Koné.

    1996, les avancées techniques

    Les rotatives déménagent à Ducos. Le journal compte alors une quarantaine de rédacteurs. L'entreprise s'équipe d'une première « tour quadri » venue de Métropole, puis, quelques années plus tard, d'une seconde acquise en Nouvelle-Zélande. Ce nouveau dispositif technique représente « une avancée dans la presse » signale un ancien employé. « Ça change tout pour nous ». Avec ce duo de « tours quadri » associées à deux machines en complément couleurs, 80 pages du journal peuvent être tirées au maximum en une seule fois.

    2013, le rachat et la généralisation de la couleur

    Partout dans le monde, au début des années 2010, l'avènement d'internet et des réseaux sociaux malmène le secteur de la presse écrite. Le groupe Hersant n'est pas épargné, et se sépare de nombreux titres, dont Les Nouvelles calédoniennes. Le 17 mai 2013, le rachat des activités Hersant Media en Nouvelle-Calédonie est acté.

    Le repreneur est la société Melchior, présidée par Jacques Jeandot, qui rassemble les intérêts de trois familles d'entrepreneurs calédoniens, la famille Jeandot (majoritaire à 59 %), Charles Lavoix (20 %) et Georges Montagnat (21 %).

    L'année suivante, un virage technique, visible par tous les lecteurs, est pris. Le 23 avril 2014, le titre est imprimé en couleurs, de la première à la dernière page.

    L'imprimerie est dotée de cinq « tours quadri » à Normandie. « La quadri demande un peu plus de surveillance, car les couleurs ne doivent pas bouger », note Éric Soekarjan, chef d'atelier aujourd'hui à la retraite. « Mais c'est agréable de travailler cette matière ».

    2021, les difficultés financières et un avenir à inventer

    Deux événements, conduisant à des sentiments paradoxaux, marquent la présente année. Le journal Les Nouvelles calédoniennes fête ses cinquante ans. 

    Un demi-siècle au service de l'information locale, nationale et internationale. Mais, depuis la fin avril, la société éditrice Melchior est placée sous le régime de la procédure de sauvegarde, en raison de ses difficultés comptables. La voie de la résilience passe par l'intégration d'un nouveau modèle. Le web devient de plus en plus prégnant avec une audience en hausse constante, mais le modèle économique est à réinventer. Les Nouvelles s'y emploient.

    Cinquante ans et ce n'est pas fini !


    Yves Delauw, directeur général des Nouvelles calédoniennes

    Imaginez un produit qui s'est renouvelé 15 170 fois en cinquante ans ! Ce produit, c'est le journal que vous tenez en main, votre quotidien, Les Nouvelles calédoniennes. Depuis sa naissance, le 16 juin 1971, rue de la République à Nouméa, il a su s'adapter, épouser son temps, prendre plusieurs virages technologiques, passer du noir et blanc à la couleur, se doter d'un site Internet, se couler dans le format des GSM. Bref, le changement fait partie de l'ADN de toute entreprise de presse. Il ne lui fait pas peur ; il la stimule...

    Chaque jour, 120 personnes se mobilisent pour élaborer, rédiger, réaliser, imprimer, distribuer ce support papier qui a été pendant si longtemps la principale source d'information des Calédoniens. Depuis une dizaine d'années, le boom de l'Internet en Nouvelle-Calédonie et l'irruption des réseaux sociaux nous contestent cette mission essentielle. Regardons la réalité dans les yeux : les journalistes ont mauvaise presse auprès d'une partie de la population. Celle-ci estime qu'ils doivent céder la place, car une parole totalement débridée serait le gage d'une véritable liberté d'expression. Sans sourciller, nous, Les Nouvelles calédoniennes, leur répondons que, face au déferlement de haine et d'insultes que cette « liberté » inédite a provoqué et qui fait aujourd'hui le triste ordinaire des réseaux sociaux et autres sites complotistes, notre rôle n'a jamais été aussi indispensable. Les journaux ont été les enfants de la démocratie. Mieux encore, j'ose dire que les démocraties restent les filles d'une presse indépendante. N'en déplaise à nos fossoyeurs...

    Certes, Les Nouvelles calédoniennes, à l'instar de la plupart des journaux du monde entier, connaissent d'importantes difficultés financières, dues pour l'essentiel à la mutation profonde du marché publicitaire, que captive désormais le sortilège des géants de l'Internet. Face à ce bouleversement de nos équilibres financiers, il y a deux mois environ, nous avons dû engager notre entreprise dans une procédure de sauvegarde. C'est un acte difficile et grave, qui nous oblige à nous réinventer, à accélérer notre mutation.

    Nous relevons ce défi, car nous sommes tous persuadés que la presse écrite, dont nous sommes les principaux héritiers ici en Nouvelle-Calédonie, n'a pas dit son dernier mot, rédigé son épitaphe, signé son arrêt de mort... Nous allons nous relancer en vous proposant dans les prochains mois des expériences de lecture innovantes, d'autres formats de traitement de l'information. Depuis plusieurs mois, nos équipes imaginent la nouvelle vie des Nouvelles calédoniennes. Le papier va peut-être disparaître, parce que vous, lecteurs, préférerez d'autres supports et d'autres formats. Qu'à cela ne tienne, la marque d'information des « Nouvelles » répondra présent, nos équipes vous accompagneront dans ces nouvelles contrées.

    Mais surtout, la course effrénée à la technologie ne nous fera jamais oublier le cœur de notre métier : le récit et l'analyse de l'actualité, la plongée dans les petites et grandes misères de notre société, le partage des explosions de joie collectives ou l'accompagnement de nos lecteurs dans leurs choix de vie quotidiens... Tout ceci, finalement, est le plus important, quel que soit le canal que nous faisons emprunter à nos articles.

    À la suite de l'annonce de nos difficultés financières, vous avez été nombreux à nous apporter votre soutien. Nous avons puisé dans ces témoignages un souffle nouveau. Nous sommes mobilisés et serons au rendez-vous quotidien de l'information pendant encore cinquante ans et plus. Enfin, si vous souhaitez que la Nouvelle-Calédonie conserve son journal, alors qu'elle doit se prononcer sur son destin dans les prochains mois, achetez le journal, abonnez-vous. Et lisez-nous !

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