- Jean-Alexis Gallien-Lamarche - jeanalexis.gallien@lnc.nc | Crée le 26.09.2018 à 06h25 | Mis à jour le 26.09.2018 à 18h53ImprimerOdile et Fernand, accompagnés de leurs avocats, Mes Deswarte et Calmet, estiment que leur « souffrance a été reconnue » par la cour d’appel. J.-A.G.-L.JUSTICE. La cour d’appel a confirmé le jugement rendu en première instance. Allan Nicol a écopé de six ans de prison pour avoir mortellement percuté la jeune infirmière à l’Anse-Vata, en 2016. Une peine « d’une sévérité excessive », a déclaré l’avocat de la défense.
De la dignité, Odile et Fernand en ont fait preuve jusqu’au dernier instant. Les parents de Mathilde, qui n’ont jamais ressenti de sentiment de vengeance à l’égard d’Allan Nicol, jugé hier devant la cour d’appel pour avoir mortellement percuté leur fille le 19 août 2016 à l’Anse- Vata avant de prendre la fuite, ont eu un dernier message pour les Calédoniens avant de retourner dans l’anonymat d’« une famille ordinaire » : « On a compris que notre fille était devenue un symbole de la lutte contre l’insécurité routière. Si son départ pouvait au moins plaider cette cause, ça ne serait alors pas inutile. Il faut que les Calédoniens arrêtent de s’assassiner sur les routes ».
IL PRÉSENTE DES EXCUSES
Le procès d’Allan Nicol, condamné en septembre dernier à six ans de prison par le tribunal correctionnel, a été diamétralement différent de la première audience. Le jeune homme de 20 ans, polo à manche longue sur les épaules, a paru moins nerveux, moins hautain qu’en première instance. Deux ans après le décès de la jeune femme de 23 ans, la pression de l’opinion publique est depuis retombée et la salle, hormis les proches des familles et des amis du prévenu et de la victime, était vide. Contrairement à la centaine de personnes, peut-être plus, qui avait fait le déplacement en septembre. Allan Nicol a exprimé « des remords » et présenté ses excuses à la famille de la victime. « Les excuses ne sont pas recevables. C’est à Mathilde qu’il aurait dû présenter des excuses lorsqu’elle a vécu 78 jours sur un lit d’hôpital », a réagi Fernand. « Quand on perd un enfant, c’est tellement indicible, qu’on n’a pas de mot dans la langue française pour exprimer cette perte », a poursuivi Me Jean-Jacques Deswarte.
LYNCHAGE JUDICIAIRE
Le conseil de la partie civile a par la suite critiqué les « écrans de fumée » et « la théorie du complot » soulevés par la défense. Car au fil de la matinée, le procès a pris une tournure crainte par la famille de Mathilde.
Les avocats d’Allan Nicol, Mes Denis Milliard et Jean Boudot, ont, certainement maladroitement, évoqué l’hypothèse d’un second véhicule, un pick-up vert, qui aurait fauché l’infirmière après l’accident provoqué par Allan Nicol. Une stratégie déjà développée devant le tribunal par Me Milliard et qui repose sur un rapport d’un cabinet d’experts privé, vivement contesté par la partie adverse. L’objectif de la défense est assumé : « Nous avons fait appel sur le quantum de la peine et non pas sur la déclaration de culpabilité d’Allan Nicol ». « Il a renversé Mathilde, il est responsable de sa mort », ont-ils asséné à plusieurs reprises. D’autant que les réquisitions de l’avocate générale, Claire Lanet, ont jeté un froid : sept ans de prison, le maximum encouru. Me Boudot a ainsi égrené les jurisprudences dans des affaires similaires d’homicide involontaire avec délit de fuite. « Qu’est-ce qui le distingue des autres qui sont condamnés pour les mêmes faits à des peines de deux à trois ans de prison ferme ? », a-t-il d’abord soulevé. Avant de continuer : « On veut condamner à une peine maximale un garçon de 18 ans sans casier judiciaire. Mais que feriez- vous pour un homme de 40 ans avec 10 condamnations ? ». Parlant d’un « lynchage judiciaire », de « peine hors norme », de « sommet de la répression », Me Boudot a supplié la cour d’appel de « s’affranchir de l’opinion publique ». Il n’a pas été écouté. Les magistrats ont puni de six ans de prison Allan Nicol, confirmant le jugement de première instance. Le jeune homme et ses avocats ont cinq jours pour faire un pourvoi en cassation. S’il n’y a pas de pourvoi, Odile et Fernand, Pauline et Audrey, les soeurs de Mathilde, refermeront définitivement le volet judiciaire de cette affaire qui a bouleversé le Caillou et frappé de la plus dure des manières cette famille.
REPÈRES
Combien risquait-il ?
Allan Nicol était poursuivi pour un homicide involontaire qui est puni d’une peine de cinq ans de prison. Qui est aggravée à sept années d’emprisonnement lorsqu’une circonstance aggravante est retenue, en l’espèce le délit de fuite.
La maman d’Allan Nicol prend la parole
Avant que la cour d’appel ne parte délibérer, la maman du prévenu s’est adressée à la famille de Mathilde : « Je veux exprimer ma compassion face à la perte de Mathilde. Je compatis à la douleur. J’ai Mathilde dans la tête tous les jours mais je me bats pour mon fils ».
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