- Philippe Frédière | Crée le 06.09.2018 à 06h03 | Mis à jour le 06.09.2018 à 07h49ImprimerUn sondage commandé par la chaîne Caledonia à l’institut I-Scope sur les intentions de vote au référendum du 4 novembre place le « non » à l’indépendance à près de 70 % des suffrages.
Le « non » loin devant
Si le référendum d’autodétermination devait avoir lieu la semaine prochaine, le « non » à l’indépendance emporterait 70 % des suffrages, et le « oui » à l’indépendance se contenterait de 30 %. C’est ce qu’estime un sondage réalisé par l’institut I-Scope à la demande de la chaîne de télévision Caledonia qui en a fait la présentation hier soir. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 628 personnes se déclarant inscrites sur la liste électorale spéciale du référendum, elles-mêmes issues d’un échantillon réputé représentatif de 983 personnes. Elle s’est déroulée entre le 30 juillet et le 8 août. A cette date, la liste électorale définitive n’était pas connue ce qui introduit un élément d’incertitude. Premier enseignement, le « non » à l’indépendance consolide son avance sur le « oui » même si le vote indépendantiste progresse significativement. En tenant compte de la marge d’erreur, en plus ou en moins, les intentions de vote pour le « non » seraient comprises entre 64,3 % et 74,5 %. Celles en faveur du « oui » entre 25,5 et 35,7 %. A ce niveau d’écart, à moins de deux mois de l’échéance, il semble quasiment impossible que la tendance se retourne totalement en faveur du « oui ».
Les indécis se décident
Pour parvenir à ce résultat binaire, l’institut a retranché ceux qui déclaraient vouloir voter blanc et procédé à une répartition des indécis qui représentent 9 % de ceux qui iront voter. Si on réintroduit les indécis dans la répartition du pourcentage, on obtient 63 % en faveur du « non » et 28 % en faveur du « oui ». En revanche le pourcentage des indécis se divise par deux en quatre mois. Il est en constante diminution depuis un an et demi. Ils étaient 21 % en avril 2017, 18 % en avril 2018, et seulement 9 % lors de la première semaine d’août 2018. Cela signifie clairement que plus l’échéance approche et plus la campagne électorale s’intensifie, plus les électeurs concernés se forgent une opinion et plus les positions se consolident. Sur les seize derniers mois, c’est le « non » qui a le plus profité de la fonte des indécis, avec une progression de neuf points contre quatre pour le « oui ». Mais depuis le précédent sondage d’avril 2018, le « non » n’a progressé que de trois points, contre quatre pour le « oui ».
Répartition par zones géographiques
En province Sud, le « non » obtiendrait 82 % et le « oui » 18%. Une tendance encore plus marquée dans le Grand Nouméa où le « non » atteindrait 84 %. Dans le Sud rural, l’écart serait moindre, avec 71 % contre 29 %. En province Nord, c’est le « oui » qui l’emporterait avec 57 % contre 43 %. Mais une disparité apparaît entre les deux côtés de la Chaîne. Au Nord-Est, le « oui » est ultra-majoritaire avec 75 %. Mais au Nord- Ouest, c’est le « non » qui dominerait avec 67 %. Enfin, aux Loyauté, le « oui » à l’indépendance devrait obtenir les suffrages de 55 % des électeurs.
Les Kanak partagés
D’après le sondage, 47 % des sondés qui se déclarent Kanak ont l’intention de voter « oui » à l’indépendance. 29 % voteraient non, 14 % sont indécis, 8 % ne veulent pas répondre, et 2 % voteront blanc. Les Mélanésiens constituent la catégorie de la population où l’indécision est la plus forte, loin devant les Wallisiens (7 %), les Européens (6 %) et les Métis (2 %).
Daniel Goa et Pierre Frogier face à face
Daniel Goa, président de l’UC et porteparole du FLNKS, était face à Pierre Frogier, sénateur et président du Rassemblement- LR, sur le plateau de Caledonia hier soir pour commenter le sondage réalisé par I-Scope lors d’un débat animé par Claudine Wéry et présenté par Falai Huedrö.
Selon Pierre Frogier, cette nouvelle enquête ne fait que confirmer une tendance longue que l’on retrouve à travers les élections provinciales des deux dernières décennies. « Pour autant, il ne faut surtout pas que les électeurs considèrent que les jeux sont faits et aillent à la pêche le 4novembre.Il est important qu’ils se mobilisent massivement et que l’on parvienne à un score encore plus important en faveur du maintien dans la France. »
Notion du temps
Daniel Goa relève pour sa part que le rapport de force ne bouge pas beaucoup. « Mais il y a un travail de terrain qui se fait et nous savons qu’il y a beaucoup d’abstentionnistes chez nous. Si c’est le “non” à l’indépendance qui l’emporte, nous continuerons l’action que nous avons engagée sur le terrain auprès des populations. L’important, c’est d’arriver à faire émerger ce peuple calédonien qui n’existe pas encore dans les faits. C’est ça le véritable enjeu, il y aura d’autres référendums. Nous sommes en Océanie et nous avons notre propre notion du temps. Jean-Marie Tjibaou disait que tant qu’il y aura des Kanak, la revendication d’indépendance ne s’éteindra pas. »
Emergence d’un peuple calédonien, revendication du peuple kanak, Pierre Frogier a souligné la difficile compatibilité qu’il voyait dans ces deux aspirations. Daniel Goa n’a pas esquivé, mais il compte sur le temps «qui permettra la construction d’un peuple ». Les deux responsables ont ensuite évoqué la publication de la liste électorale référendaire définitive, Pierre Frogier regrettant que les questions relatives aux corps électoraux aient absorbé beaucoup d’énergie au cours des onze dernières années.
REPÈRES
174 154 électeurs appelés aux urnes le 4 novembre
La liste « définitive » pour le référendum compte 174 154 électeurs. Elle se répartit comme suit :
Province des Îles : 21 366 inscrits. Lifou 10 443, Maré 6 572, Ouvéa 4 351.
Province Nord : 40 160 inscrits. Bélep 916, Canala 3 381, Hienghène 2 389, Houaïlou 3 583, Kaala-Gomen 1 622, Koné 4 157, Koumac 2 663, Ouégoa 2 148, Poindimié 4 064, Ponérihouen 2 600, Pouébo 2 326, Pouembout 1 383, Poum 1 365, Poya 2 246, Touho 1 903, Voh 2 297, Kouaoua 1 117.
Province Sud : 112 628 inscrits. Boulouparis : 2 642, Bourail 3 937, Dumbéa 16 552, Farino 548, Île des Pins 1 697, La Foa 2 895, Moindou 750, Mont-Dore 17 366, Nouméa 50 791, Païta 11 126, Sarraméa 505, Thio 2103, Yaté 1 716.
Tendances communautaires
78% des Wallisiens interrogés ont l’intention de voter « non ». De même que 82% des Européens nés en Calédonie, et 86% des Européens nés en dehors de Calédonie.
Chez les Métis, le vote en faveur du « non » serait de 69%.
Chez les Asiatiques et les autres communautés, le « non » serait à 67%. Chez les Kanak, le « oui » est estimé à 47%, le « non » à 29%.
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