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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 31.10.2024 à 05h00 | Mis à jour le 31.10.2024 à 14h32
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    La province Sud compte environ 135 pêcheurs côtiers professionnels. Photo Archives LNC / Anthony Tejero
    Au contraire de la filière hauturière tournée vers le thon, qui est désormais bien établie dans le pays, la pêche côtière connaît, elle, encore de nombreux freins pour se développer et se structurer. C’est pourquoi la province Sud organise des ateliers destinés à "élaborer une stratégie" autour de ce secteur qui a généré un chiffre d’affaires de 383 millions de francs l’an passé, rien que sur ce territoire.

    Si la pêche hauturière est bien structurée en Nouvelle-Calédonie, c’est beaucoup moins le cas de la pêche côtière, c’est-à-dire de l’activité menée dans le lagon et jusqu’à 12 nautiques (22 km) au-delà du récif barrière. Il faut dire que ces deux secteurs sont radicalement différents. Alors que les prises hauturières sont essentiellement axées sur deux espèces de thon autour d’une flotte d’une vingtaine de navires dont le débarquement est centralisé à Nouville, la pêche côtière représente, elle, l’exact opposé : environ 500 professionnels répartis dans tout le pays et plus de 50 espèces de poissons visées. D’où la difficulté, pour les pêcheurs côtiers, de s’organiser et d’avoir la main sur les maillons supérieurs de la commercialisation.

    C’est pourquoi, en novembre 2022, les professionnels de la filière se sont réunis pour organiser les assises de la pêche afin de mieux structurer ce secteur. Parmi les besoins les plus pressants qui ont émergé, est apparu celui de créer une structure capable de centraliser la production et d’en gérer les excédents, qui s’apparenterait à un "Ocef du poisson". Cet outil permettrait ainsi de lisser la production tout au long de l’année (en vente directe ou en congélation) selon les arrivages qui sont souvent dépendants des conditions météorologiques.

    L’autre enjeu principal est d’harmoniser les pratiques, les statuts, les réglementations, dans le complexe contexte de millefeuille administratif, propre à la Nouvelle-Calédonie. C’est pourquoi chaque province a également la main sur ce sujet.

    Plus de 500 tonnes prélevées en province Sud

    Et c’est la raison qui a conduit la Maison bleue à mener, ce mercredi 30 octobre, ses deuxièmes "ateliers en vue d’élaborer une stratégie de la pêche côtière en province Sud", qui suivrait donc les recommandations formulées lors des assises. C’est d’ailleurs le territoire du pays qui "pèse le plus lourd aujourd’hui" dans la filière, avec 135 pêcheurs qui ont généré en 2023, un chiffre d’affaires de 383 millions de francs pour une production de plus de 500 tonnes.


    Source : Province Sud

    "Les assises de 2022 ont permis de définir les grandes orientations pour le secteur en Nouvelle-Calédonie. De là, chaque province décline ces recommandations et mène des orientations en termes d’appui et en termes de modification du code de l’environnement pour tout ce qui concerne la réglementation, l’accès à la ressource, les engins autorisés, etc.", détaille Bernard Fao, du service connaissance et stratégie à la direction du développement durable des territoires (DDDT) de la Maison bleue.

    "C’est quasiment impossible d’être assuré"

    L’institution entend notamment aiguiller et accompagner les pêcheurs côtiers de sorte que cette économie soit plus rentable en générant des revenus suffisants aux professionnels. Parmi les freins qui peinent à rendre pérenne cette activité figure par exemple la difficulté de souscrire à des contrats d’assurance. "C’est difficile d’être assuré quand on est pêcheur. Aujourd’hui, c’est même quasiment impossible. En Nouvelle-Calédonie, une seule compagnie accepte mais a des coûts assez élevés", regrette Bernard Fao, qui précise que les conséquences du changement climatique sur la mer et le risque de cyclones n’arrangent en rien ce constat.

    Autant de difficultés sur lesquelles planchent donc les institutions afin de mettre sur pied une véritable filière de la pêche côtière digne de ce nom, qui est un levier non négligeable de la diversification économique du pays. "Parmi les secteurs sur lesquels on peut miser à long terme, c’est essentiellement l’économie bleue. Et la pêche en fait très clairement partie, confirme Bernard Fao. On a la chance d’avoir un savoir-faire et une richesse biologique très importante en Nouvelle-Calédonie. C’est donc vraiment une filière d’avenir. C’est pourquoi, à la province Sud, on se fixe comme objectif la rédaction d’un document cadre, qui sera une sorte de feuille de route, d’ici la fin du premier trimestre 2025."

    La majorité des prises issues de la pêche non professionnelle

    En 2021, la filière de la pêche côtière a représenté 837 tonnes, engendrant 598 millions de francs de revenus. Sauf que grâce à des enquêtes de consommation menées auprès des ménages, on estime aujourd’hui que les non-professionnels pêchent au moins 75 % des poissons et des produits de la mer en général. Une donnée non négligeable à prendre en compte, notamment pour étudier de plus près la gestion des ressources.

    "Avant de parler de structuration de la filière, il faut que la ressource se porte bien et qu’elle soit gérée et exploitée de manière durable. C’est la pierre angulaire, car de cette ressource dépend tout un tissu économique et social. Il faut donc focaliser notre attention sur la pêche non professionnelle sans pour autant omettre la pêche professionnelle qui, elle, est assez bien cadrée et plus facilement contrôlable", glissait aux Nouvelles calédoniennes, lors des assises de 2022, le coordinateur de la pêche côtière pour le programme Protege, Matthieu Juncker.

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