- Yann Mainguet | Crée le 24.10.2018 à 04h25 | Mis à jour le 24.10.2018 à 06h39ImprimerDes habitants de Kouaoua s’interrogent désormais sur les motivations réelles des bloqueurs. Photo Julien CinierMINES. Malgré la décision de la province Nord, les bloqueurs opposés à l’exploitation par la SLN de trois gisements, sont toujours en poste à Kouaoua. Une menace d’expulsion pèse.
Blocs de pierre et carcasses de voiture sont toujours disséminés sur le chemin. La fumée d’un feu de bois s’échappe d’un campement de fortune. Des images du passé peut-être, les bloqueurs sont menacés d’un avis d’expulsion.
Depuis le 6 août, un groupe opposé au projet d’exploitation de trois gisements - Mont-Calm, Chênegomme et Newco - bloque les voies d’accès aux sites miniers de Méa et Kiel, à Kouaoua. Le site de la SLN est fermé, la sécurité n’étant plus assurée à ses yeux.
Cette mise en sommeil forcé a produit un cataclysme économique et social dans la commune, mais engendré aussi une difficulté majeure pour l’approvisionnement en minerai des fours de Doniambo.
L’autorisation annulée
Rien n’a bougé sur le barrage. Pourtant, les conditions se sont inversées. Après une décision de suspension fin août, la province Nord a signé vendredi un arrêté annulant l’autorisation d’exploitation accordée il y a plus d’un an. Et ce, afin d’apaiser les esprits, trouver une issue au conflit, et permettre la reprise de l’activité traditionnelle de la SLN.
Les bloqueurs ont ainsi eu gain de cause par rapport à leur revendication première. Les arguments de nature environnementale avancés par les contestataires ont d’ailleurs fait grincer des dents.
Car, comme le signalait la SLN, entre autres, dans un communiqué diffusé mi-août, la province Nord a imposé de nombreuses conditions au mineur, avant de délivrer l’arrêté d’autorisation d’exploitation en juin 2017.
Des mesures d’évitement de l’habitat forestier et des plus gros chênes-gommes ont été mises en place. L’empreinte minière a été réduite.
Avis d’expulsion
Campé sur ses positions, le groupe d’opposants vient de « recevoir un avis d’expulsion par un huissier de justice » explique son porte-parole, Hollando Nimoiri. Si une telle procédure est poussée à son terme, « oui, on partirait, avec le risque d’une montée en tension » dans l’entourage, ajoute la figure du mouvement à Kouaoua qui indique toujours attendre le protocole à signer avec la SLN et les « vieux ».
Une affaire compliquée. Et pour cause, les bloqueurs ne veulent aucune exploitation sur tout le flanc ouest de Méa, mais aussi aucune poursuite judiciaire par rapport aux incendies sur le convoyeur Serpentine à proximité, aux vols… « "Ils" veulent nous faire porter le chapeau ! » se défend Hollando Nimoiri. Des enquêtes sont en cours.
D’ultimes discussions seront menées tout prochainement avec les coutumiers. Une nouvelle chance de sortie de crise. L’histoire semble aujourd’hui bégayer.
Les Républicains calédoniens très inquiets
« Si la SLN est durablement mise dans l’impossibilité d’alimenter ses fours correctement, on doit craindre l’arrêt définitif de l’un des trois fours dont la rénovation est nécessaire pour un investissement lourd. Ce sont 400 emplois directs qui seraient alors impactés, 300 à l’usine et 100 sur mine. C’est également 20 à 30 % de la sous-traitance qui est menacée » a averti hier Grégoire Bernut, des Républicains calédoniens. « L’État et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie doivent sans délai prendre toutes leurs responsabilités et intervenir pour garantir à la SLN une visibilité sur ses ressources afin de garantir la pérennité des emplois ».
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