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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 10.04.2024 à 18h18 | Mis à jour le 10.04.2024 à 19h18
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    Jérôme Fabre, directeur général, Dominique Katrawa, président de la SLN et Guillaume Kurek, directeur général adjoint de la SLN ont convié la presse, ce mercredi après-midi. Photo Anthony Tejero
    Alors que ce mercredi 10 avril marque la fin de procédure de conciliation pour la SLN, la direction se félicite d'avoir échappé à la cessation de paiement et ce, jusqu’à fin mai, voire juin prochain. Du moins tant que le pacte du nickel, auquel l’industriel renouvelle son soutien, n’est pas signé. Quant au bras de fer avec la province Nord autour des garanties financières, inhérentes à l’exploitation des mines, la société en appelle "à la bienveillance" des institutions.

    C’est dans un "contexte particulier" que la direction de la SLN a convié la presse, ce mercredi 10 avril, date qui ne doit rien au hasard, puisqu’elle correspond à la fin de sa période de conciliation. C’est ainsi l’un des trois sujets sur lesquels la société s’est exprimée avec le pacte du nickel et son  conflit avec la province Nord sur la question des garanties financières autour des autorisations minières.

    L’industriel échappe à la cession de paiements

    À l’issue de sa procédure de conciliation (dispositif de prévention des difficultés d’une société) d’une durée de cinq mois, qui se termine officiellement donc ce mercredi 10 avril, la direction le martèle : l’entreprise a évité la cessation de paiements. "C’est un point très positif et majeur pour envisager la poursuite de l’activité grâce aux avancées menées avec Eramet et l’État durant cette période", s’est d’emblée félicité son directeur général Jérôme Fabre.

    Deux accords ont notamment rendu cette situation possible : le prêt de l’État d’environ 7 milliards de francs accordé à l’industriel ainsi que le traitement et l’apurement de la dette de 77 milliards de francs, transformées en quasi-fonds propre, ce qui signifie que la société n’aura pas à la rembourser cette année.

    La SLN a une visibilité jusqu’à fin mai, voire jusqu’en juin

    Pour autant, la situation de la SLN est loin d’être au beau fixe. C’est pourquoi Jérôme Fabre va demander, "dans les prochains jours" auprès du tribunal de commerce le déclenchement d’une nouvelle procédure, dite de mandat ad hoc, le temps de trouver une solution et un accord pérennes. "Nous avons encore du travail en raison de l’incertitude actuelle. Le pacte du nickel n’étant pas encore signé, nous n’avons pas de visibilité à moyen et long terme, insiste le directeur général. Nous avons besoin de financements complémentaires qui sont liés au fait que la SLN ait une perspective de retour à la rentabilité et cette perspective dépend de ce pacte du nickel, notamment de l’accès à une énergie décarbonée compétitive et à l’accès au domaine minier."

    Dans ce contexte, l’industriel annonce pouvoir encore tenir jusqu’à fin mai, "voire" jusqu’au mois de juin. Une échéance qui est liée à quatre facteurs : deux sur lesquels la société n’a pas la main, à savoir le prix du nickel et celui du fuel, ainsi que sur sa capacité de production et le "tempo" de son plan d’économies "qui se déroule bien".

    Et ce, sans prendre en compte une éventuelle signature du pacte du nickel grâce auquel "la trajectoire financière" de l’industriel pourrait alors "changer du tout au tout".

    Le "compromis" du pacte du nickel

    Sans surprise, la SLN réitère son appel à signer au plus vite le pacte du nickel, document qui est le fruit de "centaine d’heures de travail concerté et cohérent" pour sauver la filière locale à court et à long terme. "Nous avons une solution sur la table qui répond aux inquiétudes de chacun. C’est un compromis, un équilibre entre toutes les parties prenantes, qui certes n’est pas parfait, mais pour lequel chacun doit faire un effort", estime Jérôme Fabre, qui en appelle à "l’intelligence collective au-delà de la politique politicienne au regard des enjeux sociaux et économiques" qui dépendent de ce document.

    Quelle stratégie face au "raz-de-marée" du nickel low cost ?

    La direction rappelle que ce pacte, à travers sa subvention à l’énergie, pourrait permettre, à terme, de faire baisser, selon ses calculs, le "coût exorbitant" de l’électricité nécessaire à la production, de 200 dollars le mégawatt/heure actuellement (contre une moyenne de 50 à 70 dollars chez les concurrents) à 87 dollars. Et ce, afin d’être plus compétitif dans un contexte international "de mutations et de transformation du marché" sur lequel déferle "le raz-de-marée" des opérateurs low cost indonésiens et chinois qui ont notamment déjà conduit à la fermeture de bon nombre de sociétés et d’usine à travers la planète, et plus particulièrement en Europe. "Nous considérons que deux-tiers des productions mondiales de nickel ne gagnent pas d’argent actuellement", assène le directeur général de la SLN.

    L’appel à la bienveillance de la SLN aux provinces

    Le dernier point à l’ordre du jour, enfin, et pas des moindres, concerne le bras de fer qui se joue actuellement entre la SLN et la province Nord autour des garanties financières, obligatoires en vue des exploitations des sites miniers. Or le renouvellement de ces garanties, qui prennent fin ce mercredi 10 avril, vient tout juste d’être acté par le conseil d’administration d’Eramet.

    Ces éléments, censés assurer aux institutions la remise en état et la réhabilitation des zones impactées par l’exploitation minière, doivent être transmis régulièrement par la SLN aux provinces. Or Paul Néaoutyine a déploré l’absence de renouvellement de ces garanties pour les huit sites miniers du Nord exploités par la SLN, pour lesquels il menace de suspendre les autorisations.

    "La règle stipule que ces garanties doivent être renouvelées six mois avant échéance, donc on peut comprendre l’agacement extrême du président de la province Nord et on est désolé, concède Jérôme Fabre. L’irrégularité porte sur la durée de ces garanties qui (bien que désormais renouvelées) ne sont valides que jusqu’au 25 mai. On continue donc à travailler avec Eramet et l’État pour être en totale conformité. Jamais et à aucun moment, nous n’avons opéré sans garanties financières et c’est en aucun cas notre attention. On en appelle à la bienveillance de nos deux autorités de tutelle, les provinces, le temps de trouver une solution adaptée et définitive."

    Au total, le montant se chiffre à 11 milliards de francs. 

    "Un départ d’Eramet serait catastrophique"

    Parmi les critiques tenaces autour du pacte du nickel, les industriels sont en bonne place, accusés de ne pas participer suffisamment, notamment sur le plan financier. Un discours "agressif" de la part de certains qui commence à inquiéter Jérôme Fabre, se demandant "jusqu’où cela va aller ?".

    "Je m’en tiens aux faits : le groupe Vale a déjà quitté la Nouvelle-Calédonie, aujourd’hui, c’est Glencore. Eramet est notre actionnaire et nous sommes dans une logique de statu quo. Nous ne recherchons pas de repreneurs, mais si tout le monde continue à taper ainsi sur notre actionnaire qui fait ses meilleurs efforts, on peut comprendre que ces gens soient excédés et qu’il y ait un risque de départ. Je ne le souhaite pas. Ce serait catastrophique pour la SLN et, je pense, pour la Nouvelle-Calédonie. Je prends note de ces postures qui sont regrettables."

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