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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 14.11.2024 à 18h00 | Mis à jour le 14.11.2024 à 18h00
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    Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, ici lors de la coutume d’accueil au Sénat coutumier, ont mené une mission de trois jours inédite en Nouvelle-Calédonie. Photo Baptiste Gouret
    La présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat ont quitté la Nouvelle-Calédonie, mercredi 13 novembre, après une mission inédite dans l’archipel. Venu surtout pour "écouter", le duo parlementaire a néanmoins évoqué quelques pistes sur l’avenir institutionnel et a promis des réponses à la crise économique. On fait le point.

    L’idée d’une "souveraineté partagée" entre la France et la Nouvelle-Calédonie


    Gérard Larcher est revenu sur le concept de "souveraineté partagée" lors de son discours au Congrès, mardi 12 novembre. Photo Anthony Tejero

    C’est le grand concept avec lequel les deux parlementaires, et en particulier Gérard Larcher, sont arrivés en Nouvelle-Calédonie, lundi 11 novembre. Évoqué dès 2016 par le président du Sénat lors d’un premier déplacement dans l’archipel, le principe d’une "souveraineté partagée" entre la France et la Nouvelle-Calédonie a été largement défendu pendant les trois jours de visite, notamment devant le Congrès, mardi 12 novembre. "Dans notre monde, du Pacifique à l’Union européenne, il n’existe que des souverainetés partagées. C’est un choix qui n’est pas nécessairement binaire et qui peut passer par une construction imaginative et originale", a proposé Gérard Larcher au parterre d’élus qui lui faisait face. Alors que le précédent gouvernement a été longtemps accusé de partialité par les indépendantistes, l’idée de "deux rêves" a priori antagonistes, celui du maintien dans la République et celui de l’indépendance, qui "se conjuguent" en un "rêve partagé", a le mérite de reconnaître "toutes les voix, toutes les identités", a insisté Yaël Braun-Pivet.

    Reste à voir quelle forme pourrait prendre ce concept encore flou. Il faudra "inventer des solutions singulières", ont souligné les deux parlementaires. Des premières propositions ont émergé. Le président du Sénat coutumier, Mahé Gowe, a par exemple soumis l’idée d’une prolongation de l’Accord de Nouméa "d’une ou deux mandatures au maximum", avant un nouveau référendum d’autodétermination "qui portera cette fois-ci sur la question du lien entre la Nouvelle-Calédonie/Kanaky et la France". Mardi, les deux présidents ont reçu l’ensemble des groupes politiques du Congrès, lors d’une série d’entretiens fermés à la presse, pour évoquer les pistes sur l’avenir institutionnel. "J’ai senti qu’il y a un chemin possible", a affirmé Yaël Braun-Pivet, lors d’une interview réalisée par NC La 1ère, RRB et Caledonia, mercredi.

    Des "réponses immédiates" à la crise économique


    Les deux parlementaires ont rencontré les représentants du monde économique devant les décombres du centre commercial Kenu-In, mercredi 13 novembre. Photo Baptiste Gouret

    Largement consacrée à la reprise des discussions politiques, cette "mission de concertation et de dialogue" n’en a pas oublié pour autant la question essentielle de la relance économique. Six mois après les violences qui ont entraîné la destruction d’environ 400 entreprises et la perte de 10 000 emplois dans le secteur privé, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher étaient très attendus par des représentants du monde économique inquiets de l’absence de perspectives et de la faible réponse de l’État. Le duo parlementaire est allé les rencontrer devant les décombres du centre commercial Kenu-In, incendié aux premiers jours des émeutes. La présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat ont écouté les doléances et promis des "réponses immédiates" : la recherche d’un "interlocuteur" chargé de suivre le dossier calédonien sur le plan économique, des "propositions" à l’exécutif concernant le chômage partiel et le Fonds de solidarité aux entreprises (FSE) et un travail avec les assurances.

    La rencontre avec le gouvernement collégial, lundi 11 novembre, a également été consacrée à la présentation du plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation (S2R) élaboré par l’exécutif calédonien. En visite à Koné, les deux présidents ont par ailleurs abordé la question du nickel avec Paul Néaoutyine, président de la province Nord. "Sans un rebond rapide, cette crise du principal poumon économique risque de faire disparaître l’industrie métallurgique en Nouvelle-Calédonie, a averti Gérard Larcher lors de son discours au Congrès. Toutes les énergies calédoniennes, du Nord et du Sud, doivent converger avec celles de l’État pour donner un nouvel élan et une ambition renouvelée à cette industrie."

    À la rencontre des Calédoniens


    Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher en visite au Vallon-Dore, dans le sud du Mont-Dore. Photo Baptiste Gouret

    "On ne souhaite pas que notre déplacement soit uniquement placé sous le signe des institutions et des échanges politiques, on voulait aussi faire du terrain", a expliqué Yaël Braun-Pivet, mardi 12 novembre, à bord du Mary D Princess qui l’emmenait, avec Gérard Larcher, au Vallon-Dore pour rencontre des habitants coupés du reste de l’agglomération en raison des violences à Saint-Louis. Les "oubliés du Mont-Dore", comme ils se qualifient, ont été nombreux à venir témoigner du "traumatisme" qu’ils ont vécu, pour certains en tentant la traversée périlleuse de la RP1, pour d’autres en subissant plusieurs mois d’isolement forcé. "Nous avons rencontré les citoyens qui ont vécu des choses très douloureuses. Nous avons entendu leurs émotions et nous voyons combien il est important que la République soit présente, qu’elle soit à l’écoute", a dit Yaël Braun-Pivet au terme de la séquence au Vallon-Dore.

    Une heure plus tard, les deux parlementaires faisaient face à une soixantaine de citoyens calédoniens réunis à la mairie de Nouméa, là aussi pour écouter "ce que vous ressentez". Des étudiants, des entrepreneurs et des responsables associatifs ont profité de ce moment pour exprimer leurs craintes, leurs aspirations et, parfois, leur ras-le-bol. "Nous ne vous lâcherons pas", a promis Yaël Braun-Pivet, évoquant à nouveau le besoin de trouver une "solution singulière, unique et novatrice" pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, seul moyen de rassembler la population.

    La future prison, un dossier "urgent"


    La présidente de l’Assemblée nationale a visité le Camp-Est, mercredi 13 novembre. Photo Anthony Tejero

    C’est seule que Yaël Braun-Pivet s’est rendue au Camp-Est, mercredi 13 novembre, pour constater la vétusté et les conditions de détention indigne de la prison nouméenne, pour laquelle l’État a été une nouvelle fois condamné fin octobre. Surtout, cette visite a permis à la présidente de l’Assemblée nationale de voir que la crise insurrectionnelle de mai n’avait pas épargné le centre pénitentiaire, où 70 cellules ont été détruites durant les émeutes. Vingt-quatre d’entre elles sont toujours en travaux. "Lorsque vous avez un centre qui fonctionne à 160 % d’occupation, cela crée des tensions à tous les étages", a constaté Yaël Braun-Pivet. Une nouvelle prison, annoncée par Éric Dupont-Moretti en février, doit voir le jour à Ducos en 2032. "Il faut, je pense, accélérer les choses sur ce nouveau projet d’établissement, a souligné la présidente de l’Assemblée nationale. Lorsqu’on voit ces bâtiments, on sait que ce projet est plus que jamais urgent, pour répondre aux besoins : aux conditions de travail et de détention."

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