- Anthony Tejero | Crée le 21.05.2024 à 12h03 | Mis à jour le 24.05.2024 à 19h42ImprimerLes représentants des groupes Loyalistes-Le Rassemblement ont tenu une conférence de presse, ce mardi 21 mai, à la province Sud. Photo Anthony TejeroC’est leur première prise de parole officielle depuis le début émeutes. Les élus du groupe Loyalistes Rassemblement exhortent l’État à libérer les axes dans l’ensemble des quartiers où des Calédoniens "vivent dans la terreur" et "sont piégés par les actions terroristes de la CCAT". Par ailleurs, ils appellent à maintenir l’examen du projet de réforme constitutionnelle, et donc de dégel du corps électoral, tel que prévu "pour ne pas donner raison aux casseurs".
Libérer les quartiers de ces "actions terroristes"
Le premier message des élus Loyalistes Rassemblement adressé à l’État est clair : "Nous demandons de rétablir l’ordre républicain sous 48 heures, alors que ce mardi soir, l’ensemble des renforts de forces de l’ordre seront arrivés", martèle Virginie Ruffenach, qui appelle à "libérer complètement ces quartiers où des Calédoniens sont enfermés et vivent dans la terreur depuis huit jours".
Une population "piégée" par les barrages de "la ou plutôt des CCAT qui mènent des actions terroristes en s’attaquant aux biens" et dont "le but est de gouverner par la terreur".
C’est pourquoi cet intergroupe en appelle à un "travail colossal et extraordinaire" de la justice afin d’appréhender "tous les commanditaires de ces actions de destruction de l’économie calédonienne qui, selon Virginie Ruffenach, mettent des jeunes en première ligne, sans forcément comprendre la situation, mais qui risquent d’en payer le prix fort" en s’exposant.
Le projet de dégel du corps électoral "doit se poursuivre"
Si certains élus non-indépendantistes, dont Sonia Lagarde, appellent à faire une "pause" dans les travaux institutionnels autour du projet de dégel du corps électoral, ce n’est pas le mot d’ordre du groupe Loyalistes-Le Rassemblement.
"Le Congrès de Versailles (dernière étape pour l’adoption de ce texte) ne doit être ni suspendu, ni annulé, martèle le député Nicolas Metzdorf. Ceux qui demandent le retrait de ce projet commettent une erreur gravissime en donnant raison aux casseurs et aux pilleurs. Dans un pays républicain, la violence ne se substitue jamais aux urnes, à la volonté du peuple. Sinon, tout pourrait s’obtenir par la violence pour avoir gain de cause."
Le groupe demande donc la poursuite de l’examen de ce texte, tel qu’initialement prévu par le président de la République Emmanuel Macron.
Selon le député ; ce projet est porteur de "valeurs universalistes en prônant l’égalité entre les Calédoniens", quand la revendication de la CCAT est, elle, l’expression de la "dictature".
Pour autant, ces élus estiment qu’il reste du temps, d’ici le Congrès de Versailles, pour maintenir le dialogue entre les responsables politiques calédoniens et qu’un "accord est encore possible" dès lors que l’ordre sera rétabli. "Évidemment qu’on se parle (avec les indépendantistes), qu’on construit quelque chose, assure Sonia Backès. Mais tant que cela se fera sous la menace, les conditions d’un accord ne seront pas réunies."
Dans ce contexte, le groupe privilégie les discussions au niveau local, plutôt que l’envoi d’une mission du dialogue depuis l’Hexagone.
"Il n’y a pas de milices" en Nouvelle-Calédonie
Gil Brial a tenu à saluer les actions mises en place dans les zones résidentielles où les Calédoniens "ont permis de préserver bon nombre de quartiers", assurant qu’au sein de ces groupes, "il n’y a ni milices, ni assassins, mais seulement des gens inquiets qui veulent se protéger".
Pour autant, tant sur les barrages des émeutiers que sur les barricades des résidents, le risque d’usage d’armes et donc de dérapages entre civils (rappelons que près de 76 000 armes, dont 20 000 de poing, sont officiellement recensées dans le pays) a rarement été aussi fort dans l’agglomération. "Nous n’appelons aucunement les gens à tirer sur d’autres Calédoniens. Nous appelons au calme, lance Nicolas Metzdorf. Nous demandons à ce qu’il n’y ait pas d’armes, d’un côté comme de l’autre. Les militants de la CCAT doivent être désarmés. Quand ce sera le cas, il n’y aura plus d’armes nulle part. Il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui ont attaqué et d’autres qui se sont défendus."
Plus de 50 milliards de francs de dégâts
Pour ces élus, après le temps du retour à l’ordre puis de la justice, viendra celui de l’accord politique, qui sera désormais lié au temps de la reconstruction. Selon la présidente de la province Sud, les dégâts commis pendant ces émeutes devraient déjà dépasser la barre des 50 milliards de francs de préjudice.
"Ces actions de la CCAT nous rendent aujourd’hui encore plus dépendantes de la France qu’avant car la Nouvelle-Calédonie est absolument incapable de se relever de cette crise, insiste Sonia Backès, pour qui "l’urgence est désormais de savoir comment payer les salariés à la fin du mois, de voir avec Bercy pour débloquer un fonds qui servira aux entreprises à pouvoir payer leurs charges et de voir comment faire, avec les assurances, pour que les victimes puissent être indemnisées."
"Il faut arrêter de dire que la situation se calme"
Au niveau national, comme du côté du haut-commissariat, les autorités annoncent un retour progressif à une situation plus calme après des premiers jours d’émeutes particulièrement violents. Un discours qu’il faut clairement nuancer selon les élus Loyalistes-Le Rassemblement, qui tenaient une conférence de presse, ce mardi matin ,pour demander, notamment le retour de l'ordre républicain dans tous ces quartiers "sous 48 heures".
"Il faut arrêter de dire que, jour après jour, la situation se calme, lance la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Il faut encore sauver des gens de quartiers où la population est totalement prise en otage et où certaines familles ne peuvent même pas se ravitailler. Dans ces secteurs, il y a encore des tirs et des incendies."
Signe que le dossier est pris très au sérieux, le président Emmanuel Macron se rendra sur le Caillou d'ici jeudi.
Une défaillance de l’État ?
Pour Nicolas Metzdorf, cers émeutes ont été méticuleusement préparées en amont et sont loin d’être des exactions spontanées : "Les services de renseignement de l’État auraient dû le voir, l’analyser et préparer la réponse. D’autant plus que nous avions demandé à l’État qu’il y ait suffisamment de forces de l’ordre pour maintenir des manifestations qui pouvaient déraper. Mais-là ; on est au-delà. "
Un sentiment partagé par Virginie Ruffenach : "L’action (de l’État) n’a pas été à la hauteur. On aurait pu anticiper et ne pas se trouver dans la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui."
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