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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 20.08.2024 à 17h45 | Mis à jour le 20.08.2024 à 18h13
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    La séance du Congrès a été marquée par des échanges très houleux entre Maria-Isabella Saliga Lutovika et les trois groupes non-indépendantistes du Congrès. Photo Baptiste Gouret
    Les débats autour d’une proposition de résolution demandant l’effacement de la dette de la Nouvelle-Calédonie auprès de l’État ont viré aux règlements de compte, ce mardi au Congrès. Après des propos jugés outranciers et insultants, l’élue hors groupe Maria-Isabella Saliga Lutovika a été censurée pour le reste de la séance.

    Était-ce l’une des "pires séances" de l’histoire du Congrès, comme l’a qualifié le député Nicolas Metzdorf ? Elle restera quoi qu’il en soit marquée par un dénouement inédit et une sanction rarement prononcée au sein de l’hémicycle. Tout avait pourtant démarré dans le calme, ce mardi 20 août. Dès 8 heures, les élus rassemblés dans l’hémicycle du boulevard Vauban ont entamé l’examen d’une série de textes dans le cadre d’une séance publique à l’ordre du jour chargé.

    "Attaques personnelles"

    Après l’adoption d’une proposition de loi du pays et de deux projets de délibération, la parole était donnée à Maria-Isabella Saliga Lutovika, élue hors groupe, pour présenter sa proposition de résolution visant à effacer la dette de la Nouvelle-Calédonie auprès de l’État. Un moyen, selon elle, de sauver les finances du pays et un juste retour des choses de la part d’un "État colonisateur" qui se serait approprié la principale matière première de la Nouvelle-Calédonie à ses dépens. Rien de révoltant jusque-là, et des propos plutôt conformes à la personnalité d’une élue connue pour ses prises de position radicales.


    Maria-Isabella Saliga Lutovika, élue hors groupe, a été sanctionnée par le Congrès après des propos jugés insultants par une majorité des élus de l’hémicycle. Photo Baptiste Gouret

    Les premières tensions sont apparues lorsque Mme Saliga Lutovika a glissé une première charge à l’encontre de la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Au cours de l’exposé des motifs, elle a en effet rappelé les propos tenus par cette dernière, en mars, lorsqu’elle avait qualifié dans cette même assemblée la majorité indépendantiste "d’antidémocratique". L’intéressée n’a pas tardé à réagir, mais "pas aux attaques personnelles de Mme Saliga Lutovika, parce que d’une part c’est votre rôle [à la présidente de séance Caroline Machoro-Reignier], ce n’est pas la première fois qu’elle fait ça et que vous n’assumez pas ce que dicte le règlement intérieur, et d’autre part parce que la situation impose davantage de hauteur". La présidente de la province Sud ne s’est toutefois pas privée de revenir elle aussi sur les propos de Maria-Isabelle Saliga Lutovika, qui "a affirmé à Bakou que la France est un 'pays terroriste'. Quand on dit ça, on ne vient pas demander de l’argent à ce même pays, ça s’appelle de la cohérence politique".

    "Voyoucratie"

    Le débat aurait pu s’arrêter à cette passe d’armes. C’était compter sans une énième prise de parole de Mme Saliga Lutovika, bien décidée à se mettre l’ensemble des élus à dos. Les coupables désignés cette fois : les agents du Congrès, qui auraient volontairement ralenti le traitement de sa proposition de résolution, déposée le 17 avril sur le bureau de l’institution. Quatre mois d’attente, quand la résolution de Calédonie ensemble a mis seulement 18 jours à être présentée aux élus : ce serait la preuve de "manquements" de la part des services du Congrès, qui devrait motiver le déclenchement d’une "enquête administrative" pour identifier et sanctionner les agents en cause. Sans cela, l’institution ferait la démonstration, selon Mme Saliga Lutovika, de son système basé sur la "voyoucratie".

    Le dérapage de trop, pour Philippe Gomès et Sonia Backès qui, une fois n’est pas coutume, ont demandé d’une même voix à une présidente désemparée de mettre un terme à la prise de parole de l’élue. "Arrêtez-la, il y a un règlement intérieur ! S’attaquer aux fonctionnaires de cette manière, on n’a jamais vu ça", s’est emporté le président de Calédonie ensemble, avant de sortir de l’hémicycle accompagné des élus de son groupe. La présidente de séance prendra finalement la décision de couper le micro de Maria-Isabella Saliga Lutovika.

    Après leur brève sortie, les élus de Calédonie ensemble ont exigé le déclenchement des "articles 90, 91 et 92 du règlement intérieur" afin de censurer, au procès-verbal de la séance, les propos tenus par l’élue en raison de leur caractère injurieux et d’empêcher cette dernière de s’exprimer pour le reste de la séance. Soumise au vote des élus, la sanction a été adoptée à la majorité (27 pour et 14 contre). Quant à la proposition de résolution, elle a été rejetée par 27 voix contre, 7 abstentions et 7 voix pour.

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