- Anthony Tejero | Crée le 20.03.2024 à 17h04 | Mis à jour le 20.03.2024 à 18h17ImprimerLes membres non-indépendantistes du gouvernement (hors Calédonie ensemble) ont convié la presse, ce mercredi après-midi, pour expliquer les raisons de leur départ de la réunion collégiale hebdomadaire. Photo Anthony TejeroLes membres non-indépendantistes Isabelle Champmoreau, Yoann Lecourieux, Christopher Gygès et Thierry Santa, ont quitté la table des discussions du gouvernement collégial, ce mercredi matin. Ce groupe dénonce "le mépris" d’une partie de la majorité, qui veut "imposer un matraquage fiscal" à l’ensemble des Calédoniens, plutôt que de plancher "collectivement" sur un réel plan de relance économique.
Scène "très rare", ce mercredi matin. Alors que le gouvernement collégial se réunissait, comme chaque semaine, pour adopter toute une batterie de textes, les quatre membres loyalistes ont très vite décidé de quitter la table des discussions, face à "l’absence d’écoute, voire un certain mépris", dont aurait fait preuve la majorité indépendantiste (et l’Éveil océanien) à leur égard. Dans leur viseur : ce qu’ils appellent un nouveau "matraquage fiscal" que compte mettre en place le gouvernement, à travers le vote de l’augmentation des tarifs de l’électricité (deux hausses successives de +2,5 % sont prévues en avril et en juillet prochains) et du carburant (de 20 francs maximum par litre) ainsi qu’une révision de la TGC (taxe générale à la consommation), qui dégagerait, elle, près de 6 milliards de francs de recettes pour la Nouvelle-Calédonie.
"La seule réponse de ce gouvernement est fiscale"
Une méthode qui, selon eux, va à l’inverse de ce qu’il faudrait instaurer pour stopper les effets en cascade de la crise économique que traverse le pays.
"Nous avons fait des propositions de relance économique, il y a un mois, avec un plan à travailler ensemble, en voulant mettre en place une mission économique et sociale avec les acteurs du secteur, etc. Mais aujourd’hui, la seule réponse que nous donne ce gouvernement est fiscale, s’agace Christopher Gygès. Dans le contexte actuel où les gens perdent leur emploi et où les entreprises ferment, nous refusons de pratiquer 11,7 milliards de taxes supplémentaires qui se répercuteront sur l’ensemble des Calédoniens. Ce n’est pas supportable."
Alors que les saisies sur salaires ont déjà augmenté de 40 % en ce début d’année, selon ces membres du gouvernement, il ne s’agit là, "pas d’une question d’idéologie". "Certaines personnes n’ont déjà plus rien à perdre. Or sur ces sujets, tout le monde sera touché. Cela ne concernera pas que la population la plus aisée. La taxe sur l’essence par exemple frappera en priorité les gens de Brousse, martèle Yoann Lecourieux, pour qui l’exécutif doit changer de logiciel. La relance économique doit se baser sur les investissements publics et privés, et a minima sur le maintien de la consommation. Mais à l’heure actuelle, il n’y a que des signaux négatifs qui sont envoyés."
"Gilbert Tyuienon est un pyromane politique et économique"
C’est pour cette raison que ce bloc non-indépendantiste tient à ce que soit d’abord signé le pacte du nickel (qui sera présenté ce jeudi devant le Congrès), avant que ne soient envisagées de telles mesures "contraignantes" pour les Calédoniens. Sauf que le dialogue semble rompu, en particulier avec un membre du gouvernement, au centre de toutes les critiques. "Gilbert Tyuienon est un pyromane politique et économique, tacle Christopher Gygès, avant de s’expliquer. Politique, parce qu’il met en danger la paix avec des déclarations inacceptables dans certains médias. Économique, puisqu’aujourd’hui, avec toutes les taxes qu’il souhaite mettre en place, il met en danger la survie des entreprises et le pouvoir d‘achat de tous les Calédoniens. Et je pense aussi aux électeurs indépendantistes et plus particulièrement de l’UC qui en paieront aussi les conséquences."
La responsabilité de Louis Mapou
Une ambiance pour le moins tendue qui pourrait remettre en question le principe même du fonctionnement du gouvernement. "Louis Mapou a aujourd’hui une grande responsabilité. Soit il fait en sorte de recréer les conditions du dialogue collégial, soit on rentre dans un gouvernement de majorité et nous incarnerons une opposition forte, notamment lorsque certains membres de cette majorité seront en voyage, où nous pourrons bloquer les textes, glisse, un brin sarcastique, Thierry Santa. La situation actuelle de la Nouvelle-Calédonie nécessite que notre gouvernement soit transpartisan pour redonner du dynamisme à notre système économique, tout en cherchant ensemble où trouver de nouvelles ressources. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a pas de volonté de faire avancer les choses collectivement."
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