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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 13.05.2024 à 18h40 | Mis à jour le 13.05.2024 à 19h10
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    Au terme d’un long débat de près de quatre heures, les élus sont passés au vote, ce lundi après-midi. Photo A.T.
    Séance pour le moins houleuse, ce lundi 13 mai au Congrès, qui examinait une proposition de résolution des indépendantistes visant à demander le retrait du projet de loi constitutionnelle, qui doit être examiné cette nuit par l’Assemblée nationale, à Paris. Si le texte a été voté par une courte majorité, les débats ont été durs, voire âpres, tant sur la forme que sur le fond de ce dossier.

    Ce sont "deux interprétations", si ce n’est "deux visions différentes" de l’histoire et du corps électoral qui se sont affrontées, parfois très durement, ce lundi 13 mai, dans l’hémicycle du Congrès. À l’ordre du jour : l’examen d’une proposition de résolution, portée par les indépendantistes (UC-FLNKS et Uni) demandant le retrait du projet de réforme constitutionnelle qui prévoit le dégel du corps électoral, source de nombreuses tensions dans le pays.

    Une séance extraordinaire qui ne devait rien au hasard puisque les débats ont eu lieu quelques heures seulement avant que ce projet ne soit discuté à l’Assemblée nationale.

    C’est donc pour faire entendre leur opposition jusqu’à Paris, que les indépendantistes ont déposé ce texte. "Nous pointons la démarche forcée entreprise par le gouvernement de France pour faire adopter ce processus. On est engagés dans le mauvais couloir aujourd’hui, lance Pierre-Channel Tutugoro (UC-FLNKS et nationalistes), pour qui les actions et les affrontements de ces derniers jours ne sont pas sans rappeler des épisodes sombres de l’histoire du Caillou. Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est du déjà vécu. C’est pourquoi nous disons qu’il faut arrêter ce processus dès aujourd’hui et assumer tous cette lourde responsabilité afin de vivre de nouveau de manière apaisée et ne pas revivre ce qu’on a déjà vécu. Ce n’est pas en nous invectivant que nous arriverons à discuter. "

    "Dire que le gel est définitif est un mensonge"

    Sauf que pour les Loyalistes, le projet d’ouvrir le corps électoral à partir de dix ans de résidence n’est qu’un simple retour à l’accord de Nouméa, tel qu’acté en 1998, "qui a été le socle de la paix et le dernier moment où nous avons tous réussi à nous mettre d’accord" à ce sujet. Ces élus jugent d’ailleurs que certains indépendantistes "souffrent d’amnésie" en se permettant de "réécrire l’histoire".

    "En 2007, la décision prise par l’État de geler le corps électoral contre la volonté des non-indépendantistes, et donc sans consensus, n’a créé aucune émotion chez les indépendantistes, rappelle, un brin ironique, Sonia Backès. Sauf que selon le Premier ministre de l’époque, cette décision concernait la période transitoire pour les élections de 2009 et 2014. Dire aux gens que ce gel est définitif est un mensonge."

    De son côté, Philippe Blaise tient à rappeler à ses opposants que pendant longtemps, l’heure n’était pas au dialogue : "Depuis le dernier référendum, nous n’avons jamais eu autant de hauts responsables de l’État, dont le président de la République en personne, venus tendre la main pour proposer le dialogue avec les indépendantistes. La famille loyaliste a également tendu cette main, sauf que toutes ces propositions ont été refusées. Dire que l’État passe en force est une blague. C’est en 2007 qu’il l’a fait. Là, il ne fait que remettre la balle au centre."

    "L’injustice de la colonisation de peuplement"

    Une vision radicalement opposée à celle de Jean-Pierre Djaiwé, pour qui les dissensions actuelles autour du corps électoral ne datent pas d’hier et remontent à 1972 et l’appel de Pierre Messmer à la colonisation de peuplement du Caillou. "C’est un sujet sensible depuis cette période et cette politique instaurée qui a visé à rendre le peuple kanak minoritaire dans son pays. C’est cette injustice qui obstrue toujours aujourd’hui, la trajectoire commune que nous devons emprunter", insiste l’élu Uni, pour qui "lorsqu’on veut rappeler l’histoire, il faut se souvenir de tout, depuis le début."

    Quant à Matthias Waneux (UC-FLNKS), le message est on ne peut plus clair : "Nous n’avons pas la même analyse du mot démocratie que vous, qui contestez la légitimité de la CCAT (Sonia Backès ayant demandé sa dissolution) et de certains élus. Nous n’avons pas de leçon à recevoir. L’État nous a toujours menti et il continuera de mentir donc nous continuerons à nous battre pour la pleine souveraineté, insiste l’élu, qui met en garde le camp non-indépendantiste : Vous voulez faire rentrer les 45 000 personnes là ? Leur place est chez eux. Réfléchissez bien à deux fois avant de ne pas voter cette proposition."

    "Sommes-nous capables d’avoir un débat apaisé ?"

    Le camp loyaliste rétorque qu’avec 20 000 personnes qui ont quitté le pays ces dernières années, "il n’y a pas d’invasion pour noyer le peuple kanak, mais une fuite des Calédoniens", et que "la communauté mélanésienne et métisse a augmenté là où la population européenne est en recul". Pour autant, à en croire Virginie Ruffenach, un accord entre élus Calédoniens reste plus que souhaitable : "Sommes-nous capables d’avoir un débat apaisé sur le fond ou doit-on laisser la rue faire de la désinformation ? Nous convenons tous qu’un accord entre nous est le mieux, ne serait-ce que pour rassurer la population, estime la chef de file du Rassemblement. On ne peut pas faire croire à la rue que projet de réforme constitutionnelle est la fin du monde puisqu’il nous laisse la possibilité, jusqu’à dix jours avant les élections de trouver un accord."

    "Le dialogue, seul moyen d’éviter que les communautés s’affrontent"

    Un argument que rejoint Calédonie ensemble rappelant que le Conseil d’État a tranché et que le prochain scrutin provincial ne pourra pas, légalement, se dérouler avec le corps électoral gelé actuel. "En cas d’accord entre nous, ces élections peuvent être décalées jusqu’à novembre 2025 maximum. Quelle initiative politique faut-il donc prendre pour atteindre cet objectif de dialogue et de consensus, qui est le seul moyen d’éviter que les communautés de ce pays ne s’affrontent ?" interpelle Philippe Michel, selon qui l’invitation d’Emmanuel Macron à Paris de l’ensemble des forces politiques quitte à retarder le Congrès de Versailles, est une "ultime chance". "Notre immense responsabilité à ce moment clef est de saisir cette opportunité car le vote ou non de cette proposition de résolution ne changera en rien les travaux déjà engagés à Paris. Ce qui peut changer, c’est notre capacité ou non à nous réunir pour éviter une catastrophe. C’est ce que les Calédoniens attendent."

    Qui sera aux discussions à Paris ?

    À l’issue de la séance, la proposition a, sans surprise, été votée grâce à la majorité indépendantiste et de l’Éveil océanien. Ce parti valide également l’arrêt de ce processus "qui favorise pourtant la communauté wallisienne" au vu des tensions qu’il engendre dans le pays tout en renforçant les "extrêmes" sur le plan politique. "Chacun espère que le pays ne s’embrasera pas, sauf que chacun regarde la mèche se consumer, déplore Veylma Faleo, qui elle aussi "exhorte l’ensemble des forces politiques à se réunir avant le Congrès de Versailles".

    Reste donc à savoir qui honorera l’invitation d’Emmanuel Macron, en particulier dans les rangs indépendantistes.

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