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    Nouvelle Calédonie
  • La rédaction | Crée le 27.06.2024 à 11h32 | Mis à jour le 27.06.2024 à 11h33
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    Philippe Dunoyer, 56 ans, candidat Calédonie ensemble, est député de la première circonscription depuis 2017. Photo Archives LNC/Th. P.
    Député sortant de la première circonscription, Philippe Dunoyer entend poursuivre les dossiers de fond qu’il a engagés à l’Assemblée nationale et attend des Calédoniens qu’ils "expriment un choix clair sur l’avenir du pays". Et si le candidat Calédonie ensemble assure que "la paix s’est fracturée sur des discours radicaux de part et d’autre", il voit en ces élections "l’espoir d’un retour à la sécurité pour tous, adossé à une solution politique, socle indispensable à une paix durable".

    Qu’est-ce qui a motivé votre candidature aux législatives ?

    Je suis député sortant de la première circonscription. J’ai été élu pour la première fois en 2017, et réélu en 2022. J’ai engagé un travail en profondeur sur de nombreux dossiers, qui concernent tous les Calédoniens, qu’il s’agisse du renouvellement des patrouilleurs pour la surveillance de la ZEE (Zone économique exclusive), de la revalorisation des bourses d’Etat pour les étudiants, de la compensation de la suppression de l’ITR (Indemnité temporaire de retraite), de la protection des victimes de violences conjugales, du renforcement des effectifs de police et de gendarmerie etc. C’est un travail que je n’ai pas terminé, la dissolution de l’Assemblée ayant été décidée, et que j’espère achever si les Calédoniens me font confiance.

    Enfin, quitter le navire calédonien au moment où il traverse la pire période de son existence, ne correspond pas à l’idée que je me fais de mon engagement politique, ni de l’exercice de mes responsabilités. Je ne me résous pas à voir 36 années de paix fossoyées.

    Ceux qui sont en responsabilité aujourd’hui au niveau local comme au niveau national, ont failli à leurs obligations.

    L’Etat a failli à ses obligations en ne veillant pas scrupuleusement à se comporter de manière impartiale, en n’ayant pas su anticiper les désordres, en rencontrant les pires difficultés pour rétablir la sécurité, et en laissant le dialogue en jachère ces six derniers mois.

    L’Union calédonienne a failli également à ses obligations avec la CCAT, une créature sans tête qui est désormais hors de contrôle, avec les saccages qui en résultent. Ils terrorisent la population, détruisent les entreprises. Ce faisant, ils détruisent les vies de milliers de familles calédoniennes, dont de très nombreuses familles kanak, qui, demain, n’auront plus d’emplois, plus de revenus, plus de soins pour leurs malades, plus d’écoles pour leurs enfants. Et pendant ce temps-là, la seule chose qu’on entend, c’est le silence assourdissant de l’UC qui aujourd’hui encore, n’a pas appelé ni au calme, ni à la levée des barrages.

    Enfin, la troisième faillite, c’est celle des Loyalistes qui dirigent le pays depuis 2019 et qui ont également manqué à leurs obligations à l’égard de la population calédonienne. Leurs menaces de " foutre le bordel ", si les parlementaires ne votaient pas bien, leurs discours va-t’en guerre ont alimenté la radicalité du côté indépendantiste et vice versa. A la sortie, les Calédoniens, et je dis bien tous les Calédoniens, payent un prix très élevé pour cette triple faillite.

    Les Calédoniens veulent-ils la poursuite de la guerre ou souhaitent-ils retrouver le chemin du dialogue et de la paix ?

    Qu’attendez-vous de ces élections ?

    Que le peuple calédonien, dans sa diversité, exprime un choix clair sur l’avenir du pays. Ce qui nous arrive aujourd’hui découle de la radicalité des uns et des autres. Quand Nicolas Metzdorf déclare qu’il en a " marre des indépendantistes, de leur lâcheté, de leur racisme, de leur incompétence, de leur bêtise… ", lors de la réunion publique qu’il tient à Ko Wé Kara avec Sonia Backès ; lorsque cette dernière déclare " je dis aux parlementaires qui tremblent, le bordel c’est nous qui allons le mettre " ; lorsque les Loyalistes boycottent les institutions en déclarant les indépendantistes " illégitimes ", lorsque la CCAT tient une conférence de presse avec une hache plantée dans une urne, en référence au geste d’Eloi Machoro en 1984 à Canala, on crée les conditions de l’affrontement.

    Maintenant la question qui se pose est : Est-ce qu’on arrête ou est-ce qu’on continue ? Les Calédoniens veulent-ils la poursuite de la guerre ou souhaitent-ils retrouver le chemin du dialogue et de la paix ? Moi je ne renonce pas à œuvrer pour la paix. La situation de guerre civile dans laquelle nous sommes est le fruit des ambiguïtés et des louvoiements des indépendantistes mais aussi, de l’immaturité et de l’irresponsabilité d’un certain nombre de dirigeants non indépendantistes au premier rang desquels, Nicolas Metzdorf.

    C’est là que se situe l’enjeu de cette élection. Les députés calédoniens élus demain, porteront un message aux 575 autres représentants de la nation au Palais Bourbon.

    Pourquoi vous présentez-vous sous l’étiquette Horizons et non Renaissance ?

    Edouard Philippe a été un Premier ministre remarquable qui a organisé de manière consensuelle et impartiale le premier référendum de 2018, qui n’a connu aucun trouble à l’ordre public, auquel tout le monde a participé, et dont les résultats n’ont été contestés par personne… Nous avons beaucoup travaillé ensemble à l’époque et nous sommes restés en contact étroit depuis son départ de Matignon.

    Nous avons noué à cette occasion des relations de confiance et d’estime réciproque. Il continue de s’intéresser de très près au dossier calédonien comme en témoigne sa dernière visite chez nous. C’est ce qui l’a conduit à me soutenir, lorsqu’il a appris que Renaissance ne délivrait aucune investiture en Nouvelle-Calédonie.

    D’autres responsables politiques à l’instar de Manuel Valls, ancien Premier ministre, qui a beaucoup fait pour notre pays et de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, m’accordent également leur confiance. C’est un honneur pour moi que des personnalités nationales de premier plan soutiennent le projet politique que je porte pour mon pays.

    La réponse sécuritaire apportée aujourd’hui par l’Etat est nécessaire. Mais chaque jour qui passe démontre qu’elle ne peut être à elle seule suffisante.

    Contrairement à 2022, pourquoi une union des non-indépendantistes n’est-elle plus possible ?

    Notre point commun c’est d’avoir fait les uns et les autres, campagne pour le NON à l’indépendance en 2018, 2020 et 2021.

    Mais là où les Loyalistes LR tiennent des discours radicaux qui alimentent la radicalité d’une part des indépendantistes, notamment ceux de la CCAT, ce qui nous a conduit au chaos du 13 mai dernier, nous portons la voix du dialogue, du consensus et de la paix. La réponse sécuritaire apportée aujourd’hui par l’Etat est nécessaire. Mais chaque jour qui passe démontre qu’elle ne peut être à elle seule suffisante. Le rétablissement de l’ordre et de la paix dans notre pays de manière durable s’appuiera obligatoirement sur une solution politique, comme cela a été le cas lors des Accords de Matignon après quatre années de guerre civile.

    Enfin, leur prétendue union des non-indépendantistes relève de l’abus de langage. Je rappelle que les quatre membres du gouvernement Loyalistes et LR n’en font pas partie (Christopher Gyges, Isabelle Champmoreau, Thierry Santa et Yoann Lecourieux, par ailleurs maire de Dumbéa), pas plus que le sénateur Georges Naturel et la maire de Nouméa, ainsi qu’une bonne partie de ses conseillers municipaux… Depuis 2019, les Loyalistes LR me paraissent de plus en plus isolés…

    Les discussions semblent au point mort, malgré l’installation de la mission du dialogue par Emmanuel Macron et la volonté d’un accord global fin juin. Qu’en est-il ? Quels sont vos échanges avec les indépendantistes et les loyalistes ?

    Les discussions sont au point mort et la mission du dialogue suspendue, parce que Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale.

    Le seul élément nouveau, c’est la lettre aux Calédoniens du président de la République dans laquelle le chef de l’Etat nous appelle à construire l’avenir " dans le prolongement des Accords de Matignon-Oudinot […], qui ont " tracé une trajectoire pour la Nouvelle-Calédonie, […] concrétisé un partage de souveraineté avec la France, sur la voie de l’émancipation […] Il est plus que jamais nécessaire de se former en peuple, en reconnaissant la légitimité de chacun, de son histoire et de ses aspirations. Il conclut en soulignant que " ces objectifs ne seront possibles que par le retour du dialogue ".

    Je n’ai pas un mot à retirer à cette déclaration qui correspond en tous points à la ligne politique que je défends dans cette élection.

    J’ai foi dans le peuple calédonien. Je sais que la majorité silencieuse aspire à la poursuite de la construction de notre communauté de destin.

    Le président de la République a annoncé sa décision de suspendre le projet de loi sur le dégel. Qu’en pensez-vous ? Comment aborderez-vous cette question si elle est de nouveau présentée à l’Assemblée nationale ?

    Le président n’a fait qu’acter l’abandon d’un texte mort-né. Aucune formation politique nationale ne le soutenait, qu’il s’agisse de Gérard Larcher, le président LR du Sénat, de Yaël Braun-Pivet, présidente Renaissance de l’Assemblée nationale, des anciens Premiers ministres tels Manuel Valls et Edouard Philippe et même Marine Le Pen avait marqué son désaccord avec la stratégie du gouvernement.

    Ces oppositions relèvent de plusieurs facteurs. D’abord parce qu’un consensus local est le préalable à un consensus national. Or en l’espèce, ce texte n’était pas le fruit d’un consensus local. Ensuite, parce que indépendantistes comme non-indépendantistes, au-delà des postures, savent la nécessité de dégeler le corps électoral provincial, mais à la condition qu’il s’inscrive dans le cadre d’un accord politique global sur l’avenir. C’est la position que nous défendons depuis l’origine sans avoir été entendus.

    Quels sont les thèmes que vous souhaitez aborder avec les Calédoniens durant cette campagne ?

    Jusqu’au 13 mai, nous vivions en paix. Une paix qui s’est fragilisée sur des référendums binaires qui ont coupé notre pays en deux. Une paix qui s’est fracturée sur des discours radicaux de part et d’autre. C’est pourquoi, de mon point de vue, l’enjeu essentiel de cette élection est de restaurer l’espoir.

    L’espoir d’un retour à la sécurité pour tous, adossé à une solution politique, socle indispensable à une paix durable. L’espoir d’un renouveau économique au travers de deux partenariats stratégiques, le premier avec l’Europe sur le nickel, le second avec l’Etat dans le cadre d’un plan massif de reconstruction financé sur les cinq prochaines années. L’espoir d’un vivre ensemble renouvelé, où nous aurons su tirer les enseignements du passé pour mieux nous projeter dans l’avenir. J’ai foi dans le peuple calédonien. J’ai foi dans mon pays. Je sais que la majorité silencieuse aspire à la poursuite de la construction de notre communauté de destin.

    Comment réussissez-vous à faire campagne dans un pays en situation insurrectionnelle ?

    Difficilement, la liberté de circulation n’étant pas garantie, le couvre-feu en vigueur et les préoccupations des Calédoniens bien éloignées d’une nouvelle échéance électorale.

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