Pour ce premier tour des élections, près de 14 000 procurations ont été enregistrées par les services de l'État, soit une hausse d'environ 400 % par rapport à un "scrutin équivalent", estime le haussariat. Et les demandes continuent d'affluer pour cet entre deux-tours.

Devant le commissariat central de Nouméa, plusieurs dizaines de personnes patientaient mardi en début d’après-midi, certains disant attendre depuis le début de la matinée pour valider leur procuration. Face à l’affluence, le commissariat a mis en place des listes et il fallait attendre l’appel de son nom pour accéder au bâtiment.

Nombre de ces électeurs étaient des résidents de Nouméa votant dans la province des Iles, difficile d’accès en raison des troubles qui secouent l’archipel.

La première circonscription de Nouvelle-Calédonie inclut Nouméa, favorable au loyaliste Nicolas Metzdorf (député sortant de la 2e circonscription), et les îles Loyauté, acquises aux indépendantistes mais moins peuplées.

"Je dois y retourner pour faire la queue comme tout le monde"

Au premier tour, Nicolas Metzdorf, qui fut le rapporteur du projet de loi constitutionnelle ouvrant le corps électoral qui a déchiré le territoire, est arrivé en tête avec 39,81 % des suffrages contre 36,34 % pour l’indépendantiste Omayra Naisseline.

"Je suis venu faire une procuration pour soutenir notre candidate indépendantiste", explique Charlie, 53 ans : "Il y a un espoir, l’écart de voix n’est que de 2 000 voix. Omayra a une réserve de voix qui va s’exprimer dans les îles. On peut gagner".

Le scrutin "est l’occasion d’exprimer dans les urnes notre mécontentement qui a commencé le 13 mai sur le terrain", poursuit cet homme qui travaille dans la sécurité. Auxiliaire de vie, Wamo Manassé fait "partie de tous ces gens dont les procurations ne sont pas passées" au premier tour. "Donc je dois y retourner pour faire la queue comme tout le monde", relève-t-elle.

Record de demandes de procuration

L’Union calédonienne a alerté, dans un communiqué, "l’État et les mairies sur les nombreux problèmes de procuration", les exhortant "à les résoudre pour se protéger des risques de recours judiciaires". À Nouméa, 4 700 procurations avaient été validées avant le premier tour. "C’est un record jamais atteint : la dernière fois qu’on avait légèrement dépassé les 4 000, c’était pour le deuxième référendum (sur l’indépendance, ndlr) en 2020", a expliqué à l’AFP Alain Boufeneche, directeur de la vie citoyenne à la mairie de Nouméa.

De nombreux électeurs ont toutefois été confrontés à des problèmes de procurations invalides, surtout lorsqu'elles ont été faites depuis l’Hexagone et n’a pas été transmise dans les temps à Nouméa. Les autorités recommandent d’utiliser la plateforme en ligne maprocuration.gouv.fr.

"Les électeurs de Nouvelle-Calédonie qui ont effectué des procurations en Nouvelle-Calédonie ont pu les voir être acheminées dans leur immense majorité", assure Stanislas Alfonsi, le secrétaire général du haussariat. 

Autrement dit, la "grande partie" des défauts relevés concernait des procurations établies hors du territoire et à destination de la Nouvelle-Calédonie, confirme Stanislas Alfonsi : "Nous allons donc demander au ministère de l'intérieur s'il est possible de solliciter tous les lieux de recueil des procurations hors du territoire et de les sensibiliser afin que ces procurations soient acheminées par voie dématérialisée et pour arriver avant le deuxième tour. Pour l'instant, les éléments montrent que le phénomène est plutôt marginal, quelques dizaines de procurations. Nous fournissons tous les efforts pour que toutes les procurations arrivent pour le deuxième tour."