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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 04.07.2024 à 11h47 | Mis à jour le 04.07.2024 à 14h43
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    Omayra Naisseline, candidate indépendantiste dans la première circonscription, est également élue au Congrès, à l’assemblée de province des Îles et à la tête de l’Agence rurale. Photo Anthony Tejero
    Qualifiée pour le second tour des élections législatives dans la première circonscription, recueillant 36,3 % de suffrages, Omayra Naisseline invite à "garder confiance" et mise sur les "projets qui nous rassemblent" en vue de reconstruire le pays. Autant d’arguments que la candidate indépendantiste entend mettre en avant pour convaincre de nouveaux électeurs et tenter de rattraper son retard face à Nicolas Metzdorf qui l’a devancé, dimanche, de près de 2000 voix.

    La participation a été deux fois plus élevée qu’en 2022 lors de ce premier tour des élections législatives dimanche dernier. Pensez-vous que c’est uniquement dû à la crise que traverse le Caillou actuellement ?

    Certainement que ce taux de participation quasiment historique est en grande partie lié à la crise qui a bousculé le pays le 13 mai. Pourquoi ai-je décidé d’accepter cette responsabilité et d’honorer la confiance que m’ont donnée nos vieux des différents partis politiques indépendantistes, nationalistes et progressistes ? C’est déjà pour demander l’annulation de ce projet de loi constitutionnelle du dégel du corps électoral qui a été l’élément déclencheur de ces évènements.

    Dans votre circonscription, 13 364 électeurs ont voté pour des candidats qui ne sont pas présents au second tour. Comment comptez-vous les convaincre ?

    Les résultats du premier tour ont étonné tout le monde, y compris moi. Nous pensions qu’un candidat de Calédonie ensemble ou de l’Éveil océanien pourrait sortir, sauf que ce sont vraiment les deux blocs indépendantistes et non-indépendantistes. Pour ma part, en tant que Kanak, enfant du pays, femme, maman, indépendantiste… Je propose de garder la confiance car on peut reconstruire cette paix durable et juste avec tous ceux et celles qui le veulent.

    La mouvance indépendantiste a fait des marches pacifiques à plusieurs reprises pour dire attention. Je n’ai pas connu les Évènements, mais on a entendu ce que nos parents nous ont dit et à quel point cela a été dur. J’ai décidé de participer à ces marches pacifiques pour dire que rien ne peut se faire sans nous, sans le peuple kanak, mais tous ensemble.

    Il y a une fracture intergénérationnelle entre les jeunes indépendantistes et nos vieux sages.

    Le problème, c’est que l’État est resté sourd. C’est vrai que les Kanak, nous prenons notre temps, c’est dans notre culture, ce que ne comprennent pas toujours les collègues non-indépendantistes. C’est également difficile avec la jeunesse car il y a une fracture intergénérationnelle entre les jeunes indépendantistes et nos vieux sages qui ont vécu les Évènements. C’est pour cela qu’il faut prendre le temps de se poser autour de la table.

    Justement le temps, vous n’en avez plus beaucoup d’ici dimanche. Or 40 % des électeurs ne sont pas allés voter au premier tour. Pensez-vous pouvoir les mobiliser ?

    On garde toujours l’espoir de dire à tous ceux et celles qui croient que tout est fini, qui en ont marre ou n’ont plus confiance en la politique, de nous faire confiance. Hier, j’étais avec le monde économique, très impacté par les entreprises saccagées, brûlées et détruites. Personnellement, ce que j’ai pu apporter dans le panier, c’est la loi de pays sur l’économie sociale et solidaire au Congrès. Nous avons beaucoup échangé sur les spécificités au niveau rural et urbain et nous avons beaucoup discuté de la jeunesse. On nous a beaucoup porté la responsabilité, en tant qu’indépendantistes, nationalistes et progressistes, de ce chaos. Mais cette responsabilité, nous devons tous l’assumer.

    L’Agence rurale que je préside par exemple, reçoit des milliards chaque année injectés dans l’agriculture, la pêche et l’élevage, saut que le pays est encore dépendant à 70 % de l’extérieur. C’est pourquoi nous travaillons au Congrès avec Calédonie ensemble sur un schéma de transition alimentaire car on a un potentiel énorme. J’ai beaucoup échangé avec le patron de Biscochoc. J’ai été la première à déplorer la destruction de ces usines alors que nous travaillons à l’autonomie alimentaire avec eux pour impulser les marchés de niche sur le café et le cacao local en zones rurales et tribales. Ce sont des projets qui nous rassemblent et nous fédèrent. Et tout cela fait partie aussi de la reconstruction.

    Compte tenu de la fracture entre les deux blocs, comment comptez-vous, si vous êtes élu, représenter l’ensemble de la population à l’Assemblée nationale ?

    Comme je disais, nous avons des projets qui rassemblent. C’est aussi le cas des fêtes évènementielles mises en place par nos coutumiers, comme la fête de l’avocat à Maré, qui s’est déroulée la veille du 13 mai. Elle est née quasiment après les Accords et existe depuis plus de 30 ans. Le message, c’est le vivre ensemble. Pendant un week-end, tu vas rester chez moi, et ma maison, c’est chez toi. C’était cette pensée de Nidoïsh Naisseline : chez moi, c’est chez toi. Tu vas dormir dans la case, tu vas voir mon jardin, tes enfants vont jouer avec les miens, etc. C’est sûr que ça reste perfectible et qu’on doit améliorer, mais l’état d’esprit et le cœur sont toujours là.

    Mon pays, c’est ton pays et donc notre pays. Il faut juste qu’on se respecte.

    Pour la liberté vaccinale, quand le peuple réuni devant le Congrès a exprimé son opposition au texte au nom de la liberté, il y avait des blancs, des noirs, des jaunes, etc. Quand j’ai porté ce combat, je l’ai fait pour tout le monde.

    Tout cela rappelle que mon pays, c’est ton pays et donc notre pays. Il faut juste qu’on se respecte. Ce n’est pas facile, on ne vit pas dans le monde des bisounours, mais on y croit. Il y a un avant et un après le 13 mai. Je sais ce que le pays a traversé en 1984-1988, je ne voulais pas en arriver là. À côté de ça, il y a une jeunesse, un mal-être et des inégalités. Ce qui est sûr, c’est que cette jeunesse s’est mal exprimée car on ne cautionne pas ces violences. On ne les a jamais demandées. Moi-même aujourd’hui, je déplore et je pleure cette situation, mais il faut garder confiance et espoir.

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