- Baptiste Gouret | Crée le 04.06.2024 à 16h33 | Mis à jour le 04.06.2024 à 19h12ImprimerLes élus de Calédonie ensemble ont tenu une conférence de presse ce mardi pour dresser un point sur la situation politique et économique de la Nouvelle-Calédonie, trois semaines après le déclenchement des émeutes, et soumettre des propositions pour sortir Photo Baptiste GouretLa fin de cette procédure représente, pour Calédonie ensemble, le seul moyen de "détruire le dernier socle" sur lequel s’appuie la CCAT pour justifier et poursuivre sa mobilisation. Cela permettrait, selon les élus, de rétablir l’ordre et d’engager les discussions pour un accord global.
Avant de lancer leur conférence de presse, organisée ce mardi matin au Congrès, les membres de Calédonie ensemble ont observé une minute de silence en hommage aux sept victimes des émeutes, depuis leur déclenchement il y a trois semaines. Passé le temps du recueillement, les élus ont abordé le véritable sujet de cette prise de parole médiatique : comment sortir le pays "de la nasse dans laquelle il s’enfonce ?" Malgré les annonces d’accalmie et de reprise de contrôle formulées par le haut-commissaire, "la situation reste extrêmement critique", lance Philippe Dunoyer.
Pour le député de la première circonscription, le constat est clair : la mobilisation de la CCAT reste très active, l’État ne parvient pas à rétablir l’ordre, l’économie est exsangue et les discussions politiques n’avancent pas. "La mission du dialogue a eu quelques échanges officieux avec les responsables indépendantistes, mais le travail n’a pas vraiment commencé", déplore Philippe Dunoyer.
"Franchir le Rubicon sémantique"
Pas question, toutefois, de simplement dresser un constat alarmant. Les élus de Calédonie ensemble ont identifié "trois étapes" pour sortir de la crise. La première et la plus importante à leurs yeux : "Le processus de réforme constitutionnelle doit être officiellement interrompu", lâche Philippe Gomès. Le risque, selon lui, n’est pas tant que ce texte soit un jour voté par les parlementaires français. "Le 'pas de passage en force' du président de la République s’inscrit dans cet esprit [de retrait] et on a bien compris que personne n’est prêt à voter en faveur de cette réforme, donc on peut déjà considérer qu’elle est interrompue."
Les membres de Calédonie ensemble ont observé une minute de silence en hommage aux sept victimes depuis le déclenchement des émeutes. Photo Baptiste GouretMais "il faut franchir le Rubicon sémantique" et "acter verbalement" son retrait. C’est, pour Calédonie ensemble, le seul moyen de mettre un terme à la mobilisation de certains indépendantistes, et en particulier "une branche d’ultras" qui se sert du texte sur le dégel pour "légitimer et justifier leurs actions" depuis trois semaines. "Il faut vraiment lever cette ambiguïté dont certains se servent", insiste Philippe Gomès, rejoignant ainsi la demande formulée la veille par le FLNKS dans une lettre adressée à Emmanuel Macron.
La quête d’un consensus
Une déclaration en ce sens du président de la République permettrait d’atteindre la deuxième étape de sortie de crise identifiée par Calédonie ensemble : "le rétablissement de la paix et de l’ordre." "Les Calédoniens aspirent à retrouver une vie normale, explique Philippe Gomès. On vit dans une sorte de tunnel invraisemblable, il faut que les Calédoniens se sentent en sécurité là où ils sont, ce qui n’est le cas presque nulle part dans l’agglomération." Une condition qui s’applique également à une éventuelle reprise économique et au lancement du chantier de reconstruction. "Ça ne pourra pas se faire dans un pays en guerre", ajoute l’ancien président du gouvernement.
Enfin, la troisième et dernière étape serait celle "du consensus". "À la fin, il n’y aura pas un camp qui va l’emporter sur l’autre. Il faut restaurer le dialogue et l’accord global reste un objectif qui doit être partagé par tous", poursuit Philippe Gomès. Une volonté également formulée par une large partie de la classe politique nationale, "de la France Insoumise au Rassemblement national", fait remarquer l’élu, qui admet toutefois que "ce consensus sera plus dur à construire qu’il y a six mois". Mais la Nouvelle-Calédonie n’a, selon Calédonie ensemble, pas d’autre choix pour éviter de tomber "dans une guerre civile larvée" qui pourrait durer des mois, voire des années.
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