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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 02.07.2024 à 05h40 | Mis à jour le 02.07.2024 à 05h40
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    L’organisation des bureaux de vote, réunis en sept secteurs à Nouméa, restera la même pour le second tour, dimanche 7 juillet. Photo Anthony Tejero
    Alors que moins de 2000 voix séparent le candidat Nicolas Metzdorf, arrivé en tête, au premier tour des élections législatives, et son adversaire Omayra Naisseline, les enjeux sont de taille pour les deux camps. Les candidats doivent s’atteler à tenter de mobiliser les 41 % d’inscrits qui ne se sont pas encore rendus aux urnes, mais surtout ils devront convaincre les milliers d’électeurs dont le candidat ne s’est pas qualifié pour le deuxième tour. Si ce réservoir de voix semble plus favorable au candidat loyaliste, rien n’est joué d’avance. Décryptage.

    Ce sont deux visions radicalement différentes du pays qui vont s’affronter à ce second tour des élections législatives, où la scission entre l’électorat loyaliste et indépendantiste a rarement été autant exacerbée. Si cette bipolarisation de la vie politique n’a rien de nouveau, ce scrutin, qui intervient sur fond d’une crise sans précédent depuis sept semaines, a donc une nouvelle fois ravivé, si ce n’est renforcé cette logique de bloc contre bloc.

    Des prises de position sans concessions qui ont donc profité aux candidats des deux camps, à commencer par Nicolas Metzdorf, dont la stratégie de changer de circonscription a payé, en arrivant en tête, avec 39,81 % des suffrages exprimés.

    "La démocratie face à la dictature"

    Pour l’ancien maire de La Foa et député sortant, ce score est une "triple victoire" : "Tout d’abord celle d’une ligne politique ferme et de bon sens, qui veut bien être ouverte à la discussion mais sans tomber dans le syndrome de Stockholm qui consiste à ne pas dénoncer les actes de la CCAT, martèle le candidat. C’est également la victoire de l’union des partis non indépendantistes (à l’exception de Calédonie ensemble) qui prouve que l’électorat calédonien a toujours suivi cette logique. Enfin, c’est celle de mon travail en tant que député (de la seconde circonscription) à l’Assemblée nationale."

    Pour autant, "face à des indépendantistes ultra mobilisés", rien n’est joué d’avance pour le candidat loyaliste qui pourrait bénéficier d’un report de voix favorable notamment chez bon nombre d’électeurs qui ont opté pour Calédonie ensemble, le Rassemblement national ainsi que pour l’Éveil océanien, au premier tour. Autant de personnes et de mouvements politiques à qui il adresse un message pour le moins direct : "Les choses sont claires. C’est un choix de modèle de société qui leur est proposé. Je défends une politique de vivre ensemble, des valeurs de démocratie et d’universalisme face à une candidate qui représente l’Azerbaïdjan qui défend la CCAT et la dictature."

    "L’indépendance est un processus irréversible"

    Du côté des indépendantistes, la candidature unique du FLNKS a également porté ses fruits, réunissant 36,34 % des suffrages exprimés. La suppléante d’Omayra Naisseline, Laurie Humuni, se dit "extrêmement satisfaite" de ce résultat et de la participation importante, notamment dans les îles Loyauté où les candidates ont été plébiscitées, une province qui vote généralement moins que le reste du pays. "Nous avons réussi à avoir une grosse mobilisation de notre électorat par rapport aux précédentes législatives."


    Au lieu de douze candidats, il n’y aura plus que deux candidats dans la première circonscription. Photo Anthony Tejero

    En effet, le camp indépendantiste fait un bond spectaculaire de 14 000 voix passant de 6 370 bulletins en 2022 (avec la candidature de Walisaune Wahetra) à 23 370 suffrages exprimés. "Pour cet entre-deux tours, nous devons aller convaincre ceux qui n’ont pas encore voté et mobiliser la jeunesse et également faire en sorte que les procurations arrivent à temps, liste Laurie Humuni, qui ne mâche pas non plus ses mots sur son adversaire. Nous nous retrouvons face à un député qui a enflammé le pays à cause de ce projet de dégel électoral, qui est resté sourd à l’appel des indépendantistes et qui compte rester campé sur ses positions en passant ce texte en force. Nous appelons chacun et chacune à cheminer vers cette pleine souveraineté inéluctable. L’indépendance est un processus irréversible mais avec tout le monde y compris avec la France avec qui nous continuerons de travailler mais dans un rapport d’État égal à égal, et non pas de dominant à dominé."

    Quel report de voix ?

    L’issue de ce scrutin se jouera donc dans la capacité de chacun à mobiliser encore davantage les quelque 41 % d’inscrits de la première circonscription qui ne se sont pas rendus aux urnes dimanche, mais surtout dans le réservoir de voix des candidats qui ont réalisé les scores les plus significatifs au premier tour. En particulier du côté de Calédonie ensemble, dont le député sortant Philippe Dunoyer a glané 5 791 bulletins (10,3 % des suffrages). Un électorat traditionnellement non-indépendantiste qui devrait donc bénéficier en majorité au candidat de l’union des Loyalistes et du Rassemblement. Pour autant, le parti ne donne, pour l’heure, encore aucune consigne à ses partisans. Les 2 562 bulletins (4,57 %) alloués à Simon Loueckhote (Rassemblement national) devraient également bénéficier à Nicolas Metzdorf tandis que les 1 229 voix du MNIS de Muneiko Haocas (2,19 %) s’allieront sans doute à Omayra Naisseline.

    Le report de voix s’annonce en revanche plus incertain du côté de la candidate arrivée en quatrième position, Veylma Falaeo, qui réunit presque 5 % d’électeurs (2 731 bulletins), et dont le chef du parti l’Éveil océanien, Milakulo Tukumuli, arrivé en troisième position dans la seconde circonscription, ne donne, lui non plus, aucune consigne de vote pour l’instant.

    Alors qu’à peine 1 946 voix séparent les deux candidats, les tractations et les enjeux sont de taille dans les deux camps qui peuvent mener campagne jusqu’à vendredi, minuit.

    Un vote à géographie variable

    Ce scrutin a de nouveau mis en avant une fracture idéologique mais également géographique qui s’est encore creusée dans le pays et en particulier dans la première circonscription. Avec des candidats qui réalisent des scores on ne peut plus élevés par endroits, là même ou leurs adversaires sont au plus bas.

    Sans surprise, Omayra Naisseline l’emporte haut la main dans les îles, qui sont des bastions indépendantistes. L’élue au Congrès est plébiscitée chez elle, à Maré, raflant 94,4 % des voix et d’une manière générale sur les Loyauté (89,9 % à Ouvéa ; 89 % à Lifou et 75,5 % à l’île des Pins). Le député en lice pour la première circonscription est, en revanche, quasiment inexistant sur ces territoires n’atteignant pas la barre des 1 % de suffrages exprimés en province des Îles (0,4 % à Lifou, 0,3 % à Maré et 0,08 % à Ouvéa). Seule exception notable : Kunié où Nicolas Metzdorf glane tout de même 7,6 % des bulletins exprimés.

    Fracture entre le Sud et le Nord à Nouméa

    Dans la capitale la logique s’inverse radicalement. Ainsi l’ancien maire de La Foa, qui a convaincu plus de la moitié des électeurs, recueille 53,6 % des suffrages quand Omayra Naisseline ne parvient pas à se hisser à la barre des 20 %, totalisant 17,3 % des bulletins. Nicolas Metzdorf est en tête dans 44 des 56 bureaux de vote de la ville. Il arrive même très loin devant dans de nombreux secteurs. Le député sortant dépasse le seuil des 70 % d'adhésion dans 11 bureaux de vote, essentiellement situés dans les quartiers Sud, ainsi que vers Ouémo et Magenta. C’est à l’école Jean-Mermoud (secteur Val-Plaisance et N’Géa) qu’il réalise son meilleur score, frôlant les 80 % alors que sa rivale indépendantiste n’a convaincu que deux votants (0,2 %).

    Cette fracture géographique bien connue, se vérifie une nouvelle fois au sein même de Nouméa, puisqu’Omayra Niasseline arrive tout de même en première position dans douze bureaux de vote, essentiellement situés dans des quartiers nord et/ou populaires : Rivière-Salée, Presqu’île de Ducos, Vallée-du-Tir, Saint-Quentin ainsi que vers Magenta. C’est à Montravel que la candidate réalise son meilleur score, à l’école Gustave-Mouchet avec 68,4 % de vote en sa faveur (contre 7,2 % pour Nicolas Metzdorf).

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