- Abby Said Adinani / Outremers360 | Crée le 23.08.2024 à 05h00 | Mis à jour le 23.08.2024 à 05h00ImprimerAdeline Ceccolini, 35 ans, est ingénieure généraliste et escrimeuse de talent. Son rêve : devenir arbitre international pour pouvoir exercer lors des Jeux olympiques de Brisbane. Photo DRÀ 35 ans, Adeline Ceccolini a déjà vécu plusieurs vies. Ingénieure généraliste, escrimeuse, arbitre en formation internationale à l’épée et nationale au sabre, la Calédonienne est aujourd’hui basée à Strasbourg où elle est responsable d’agence chez Worldwide Flight Services, l’un des géants du fret aérien. Distinguée il y a quelques mois lors de la cérémonie des Talents de l’outre-mer, Adeline Ceccolini a surmonté de nombreuses épreuves pour poursuivre ses rêves. Aujourd’hui, deux ambitions la motivent : continuer à évoluer professionnellement et devenir arbitre aux Jeux olympiques de Brisbane en 2032. Un portrait de notre partenaire Outremers360.
C’est en 2008 qu’Adeline Ceccolini quitte sa Nouvelle-Calédonie natale. Après l’obtention de son baccalauréat, son objectif est clair : partir se former dans l’Hexagone pour revenir contribuer au développement de son île. " Pendant mes études, j’ai perdu une amie, décédée à l’âge de 18 ans d’une leucémie. Pendant des années, elle faisait des allers-retours entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, car nous n’avions pas les moyens de la soigner sur place. Cela m’a profondément marquée. Mon objectif était vraiment de faire des études pour pouvoir revenir en Nouvelle-Calédonie et contribuer au développement des infrastructures hospitalières. Et puis, il y avait ce Médipôle qui se construisait, donc j’ai vraiment orienté mes études dans ce sens… "
La jeune femme s’engage alors dans de longues études : deux ans de prépa maths sup à Lyon ; trois ans d’école d’ingénieur à Lille, où elle choisit la filière ingénierie médicale et santé. En dernière année, elle se tourne vers le management des entreprises pour obtenir un double diplôme.
Un retour difficile
En 2013, la Calédonienne termine ses études et décide de rentrer. Mais c’est la désillusion. " Le Médipôle s’est ouvert, mais je n’avais pas d’expérience professionnelle concrète, hormis un stage de quatre mois à l’hôpital à Madagascar. Les portes se sont refermées une à une de ce côté-là. Je me suis dit tant pis, je vais mettre ma casquette d’ingénieure généraliste. " C’est ainsi qu’Adeline Ceccolini devient coordinatrice d’exploitation au sein d’Aircalin. Pendant cinq ans, elle travaille à l’ouverture de lignes vers Singapour et la Chine. Bien qu’elle évolue durant cette période, elle se retrouve vite bloquée. " Je voulais voir autre chose. J’avais envie de management, de diriger une vraie équipe… Mais ce n’était pas possible. " Finalement, c’est grâce au sport que de nouvelles perspectives professionnelles s’ouvrent à elle.
L’ambition sportive comme fil rouge
Arrivée au bout de ce qu’elle pouvait faire dans son parcours professionnel et n’ayant que peu de possibilités de pratiquer l’escrime, son sport de prédilection, Adeline Ceccolini se résout à repartir dans l’Hexagone. " Pour mes compétitions, je devais aller en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Dans l’Hexagone, c’était plus compliqué avec le décalage horaire. Et puis l’escrime était en train de disparaître en Nouvelle-Calédonie. Je me suis dit qu’il me fallait repartir. J’allais pouvoir vivre ma passion et peut-être m’ouvrir à d’autres secteurs professionnellement. "
Plus qu’une passion, le sport fait partie intégrante de sa vie. " Grâce à mon père, mon frère et moi avons toujours évolué dans le milieu sportif. J’ai aussi pratiqué la natation et le rugby ", explique-t-elle. " Tout ce qu’on apprend dans le milieu sportif, l’esprit d’équipe, la communication, ce sont des valeurs qu’on retrouve aussi dans l’univers professionnel. Comme dans le sport, c’est difficile, il faut se serrer les coudes… Parfois, on tombe, mais on se relève et on avance. "
Les championnats de France d’escrime en juin 2025 figurent parmi les prochains objectifs sportifs d’Adeline Ceccolini. Photo DRParmi les prochains défis de la Calédonienne, il y a les championnats de France en juin 2025, où elle participera en tant que compétitrice, mais surtout les Jeux olympiques de Brisbane dans huit ans, où elle espère participer en tant qu’arbitre. " Je vais continuer à passer mes diplômes pour devenir arbitre international. Je serai encore trop jeune pour les JO de Los Angeles, mais Brisbane, c’est un rêve. En plus, c’est à côté de chez moi, donc j’y vois forcément un lien… Même s’il y a de nombreuses incertitudes concernant la situation et de possibles opportunités professionnelles, j’aimerais rentrer un jour. "
Ne pas faire le deuil d’un retour au pays
À plusieurs reprises, le doute s’installe chez Adeline Ceccolini. " J’ai perdu mon emploi à cause de la crise Covid. À cette même période, j’ai perdu mon papa. Je n’avais qu’une envie : rentrer… Mais toute liaison aérienne était coupée… Je n’avais même pas encore aménagé mon appartement… Cela a été une période difficile où je me suis posé beaucoup de questions. " Finalement, plusieurs années plus tard, c’est à Strasbourg que la jeune femme évolue désormais en tant que responsable d’agence chez Worldwide Flight Services. Au sein de cette antenne, elle a la responsabilité d’une trentaine de personnes. " C’est le leader du cargo aérien. Nous faisons de l’import-export, de l’assistance transitaire, ainsi que de l’assistance aux compagnies aériennes. "
Aux Jeux paralympiques à Paris
Il y a quelques mois, elle a été distinguée lors de la prestigieuse cérémonie des Talents de l’outre-mer. " Cela a mis en lumière la Nouvelle-Calédonie. J’ai reçu beaucoup de retours depuis. On me dit : ‘Tu es un exemple à suivre'… J’ai perdu un travail à cause du Covid, je me suis relevée. J’ai subi des blessures qui m’ont obligée à arrêter le sport, je me suis soignée et je suis revenue. Je ne me considère pas comme un exemple, mais si mon parcours peut inspirer la jeunesse, c’est une bonne chose. On peut avoir des rêves qui ne se concrétisent pas. Je pense souvent aux décisions que j’ai prises… Rentrer juste après mon diplôme… Repartir… Peut-être ai-je fait des erreurs. Peut-être que si je n’étais pas rentrée juste après mes études en Nouvelle-Calédonie, j’y serais maintenant. Je ne sais pas, mais ce que je sais, c’est qu’il ne faut pas avoir honte de faire machine arrière et de reprendre un autre chemin. Il ne faut pas avoir peur pour ne pas finir avec des regrets. "
La Calédonienne est aujourd’hui responsable d’agence chez Worldwide Flight Services, l’un des géants du fret aérien, à Strasbourg. Dans cette structure, elle dirige une trentaine de personnes. Photo DRC’est donc à Strasbourg que l’histoire continue de s’écrire pour Adeline Ceccolini, même si elle compte revenir pour assister aux Jeux Paralympiques qui débuteront le 28 août à Paris. " J’ai assisté à plusieurs compétitions pendant les Jeux olympiques. J’ai suivi l’escrime bien sûr, mais aussi d’autres épreuves comme le breakdance et le basket à 3. Et puis, il y a beaucoup de Calédoniens qui nous ont fait vibrer. J’y retourne pour les paralympiques. Je sais que nous avons des chances de médailles. "
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