Si le pays était déjà à la peine pour attirer le personnel médical, depuis les exactions, le Caillou fait face à un "exode massif qui aggrave une crise sanitaire déjà critique, compromettant la qualité des soins et l’égalité d’accès sur l’ensemble du territoire", alerte la Fédération des professionnels libéraux de santé (FPLS). Un avertissement qui s’appuie de chiffres inquiétants.

Ainsi, le syndicat des orthophonistes recense le départ d’une trentaine de professionnels libéraux en 2024, soit près de 30 % des effectifs. Chez les sages-femmes, 28 % des cabinets libéraux recensés fin 2023 auront fermé d’ici 2025 selon la Fédération qui rapporte par ailleurs 36 radiations de chirurgiens-dentistes à ce jour (sur un effectif de 168), pour seulement 5 nouvelles inscriptions.

Cette "fuite" de compétences et de personnels qualifiés a de lourdes conséquences : suspension de soins et allongement des délais d’attente ; augmentation de la charge de travail ; hausse des inégalités dans l'accès aux soins, etc.

Dans ce contexte, la FPLS lance en collaboration avec l’institut de sondage Quidnovi, une enquête pour évaluer l’impact des émeutes sur les professionnels de santé en Nouvelle-Calédonie. Destiné à plus de 2 000 praticiens libéraux et salariés, ce sondage transversal doit permettre de "dresser une vue d’ensemble unique de la situation des soignants sur le territoire", espère la Fédération. Ce questionnaire se penchera notamment sur l’activité des soignants, sur leurs intentions de départ, sur leurs conditions de travail et sur leur bien-être mental.

"Donner une voix aux soignants, souvent oubliés"

Ces professionnels de santé se disent "ignorés par les autorités" et même "victimes de maltraitance institutionnelle". "La FPLS souhaite donner une voix aux soignants, souvent oubliés dans les débats publics, et mettre en lumière les réalités qu’ils vivent au quotidien. Ce sondage constitue un outil clé pour plaider en faveur de solutions adaptées à la crise que traverse notre système de santé", déclare Patrice Gauthier, le président de la FPLS qui appelle à la participation la plus large à cette enquête, en vue de collecter des chiffres "concrets et incontestables". Objectif, in fine : défendre un droit fondamental, à savoir l’accès aux soins pour tous les Calédoniens, "un droit aujourd’hui gravement menacé".