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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Aurélia Dumté | Crée le 07.08.2024 à 15h30 | Mis à jour le 07.08.2024 à 15h32
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    Nathalie Sagot, responsable du programme RAA au sein de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie explique les causes de rhumatismes articulaires aigus, et qu’une bonne hygiène suffirait à lutter contre cette maladie. Photo Aurélia Dumté
    L’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASSNC) a lancé une campagne de communication autour des bonnes pratiques d’hygiène afin de lutter contre la prolifération du streptocoque A, responsable du Rhumatisme articulaire aiguë. Une campagne dédiée aux réseaux sociaux afin de viser les adultes et les jeunes, qui donneront ainsi l’exemple des bons gestes d’hygiène aux enfants. Rencontre avec Nathalie Sagot, responsable du programme RAA à l’ASSNC.

    Qu’est-ce que le rhumatisme articulaire aigu ou RAA ?

    C’est une maladie qui découle d’une autre maladie contractée quelques semaines avant le RAA : l’angine à streptocoque A ou les plaies cutanées à streptocoque. Cette première maladie est bénigne. Mais dans certains cas, essentiellement chez les enfants et deux à trois semaines après, un syndrome inflammatoire peut se manifester. Quatre symptômes différents sont possibles : soit des nodules sous la peau, soit des articulations douloureuses rouges, gonflées, ce sont des signes fréquents en Nouvelle-Calédonie, soit une atteinte au niveau du cerveau qui se traduit par des mouvements inappropriés du corps, et la dernière qui ne se voit pas, c’est l’atteinte des valves du cœur. Le RAA est une atteinte aiguë qui ne dure pas. Mais dans le cas de cardiopathie rhumatismale chronique (CRC), c’est une maladie au long cours. C’est celle que l’on craint le plus, car s’il y a atteinte cardiaque, il peut y avoir détérioration progressive de ces valves, et donc le cœur ne fonctionne plus, et ça peut aboutir à une évasane en Australie pour remplacer les valves malades. Et si ce n’est pas décelé à temps, ça peut aboutir à la mort.

    Environ 6 % des parents déclinent ce dépistage, c’est 6 % de trop

    Donc l’ASSNC a mis en place un dépistage dans les classes de CM1 depuis 2008 afin de détecter les cas qui risquent de passer sous les radars ?

    Oui. La campagne commence en mars et se termine en octobre, dans les classes de CM1, car vers 8-10 ans, un pic de CRC est constaté par la fédération mondiale du cœur. Nous allons donc dans les classes pour faire une échographie de trois minutes des 4 500 enfants de CM et ainsi dépister ceux qui auraient un aspect douteux. Dès que le cardiologue a un doute, il invite la famille à réaliser une échographie plus poussée en cabinet qui est prise en charge par l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie. Nous dépistons environ 350 enfants par an, et sur ces 350 enfants, environ 150 enfants ont une CRC passée inaperçue. Environ 6 % des parents déclinent ce dépistage, c’est 6 % de trop.

    Si un enfant est diagnostiqué positivement à la cardiopathie rhumatismale chronique (CRC), que se passe-t-il ?

    Il y a plusieurs stades de la maladie. Le grade A ne nécessite pas de traitement, mais une surveillance annuelle pendant quatre ans par échographie, prise en charge par l’ASSNC. Parce que l’on sait que dans les années qui suivent, 10 à 20 % de ces enfants passeront en grade plus avancé. Le grade B nécessite un traitement jusqu’aux 21 ans de l’enfant, qui consiste en une injection toutes les quatre semaines, qui le protège du streptocoque A. Nous savons que dans les familles qui ont déjà du RAA, les autres enfants sont plus à risque. Le grade C est plus évolué. Quant au grade D, il présente des signes cliniques qui nécessitent d’être évasanés.


    Se laver les mains régulièrement éviterait 80 % des maladies infectieuses. Photo ASSNC

    Se laver les mains permet d’écarter 80 % des maladies infectieuses

    En ce mois d’août, l’ASSNC mène une campagne de sensibilisation à l’hygiène pour lutter contre le RAA. En quoi cela consiste ?

    Le RAA est une pathologie qui a quasiment disparu en Métropole. Pour éviter d’attraper le streptocoque A, il suffit d’adopter des habitudes d’hygiène chez les enfants. Nous communiquons auprès des parents, des professionnels de santé, des grands frères et des grandes sœurs, dans les lieux de vie comme les crèches pour qu’ils montrent l’exemple. Nous utilisons donc essentiellement les réseaux sociaux. Concrètement, les bons gestes c’est se laver les mains avec de l’eau et du savon. L’OMS souligne que se laver les mains permet d’écarter 80 % des maladies infectieuses. Se laver les mains en sortant des toilettes, avant de manger, quand elles sont sales, avoir les ongles courts, propres… Un enfant qui a une gale, des poux, de l’impétigo, s’il se gratte avec des mains sales, il a le streptocoque et il le transmet directement en créant des effractions cutanées.

    Mais aussi se laver le corps avec de l’eau et du savon, se brosser les dents car les caries sont des foyers infectieux. Attention également au mouchage du nez, il est important de vider une par une les narines jusqu’à ce que l’air circule, sinon cela peut faire un foyer infectieux. Nettoyer les plaies avec de l’eau et du savon et mettre un pansement, et surtout éviter l’usage d’un désinfectant si la plaie n’est pas infectée. Une utilisation intempestive créée une résistance aux désinfectants et aux pommades antibiotiques. Prendre soin également de l’environnement, de la maison, des vêtements.

    Les enfants sont fragiles, à risques, il faut donc avoir une hygiène de vie rigoureuse. Et éviter les pathologies qui créent des infections cutanées comme les poux, l’impétigo, la galle… Quand l’enfant a mal à la gorge, il faut l’emmener tout de suite chez le médecin pour le mettre sous antibiotique.

    Pourquoi la Nouvelle-Calédonie est particulièrement concernée par le RAA ?

    C’est en Océanie en général, en Polynésie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, pas qu’en Nouvelle-Calédonie. Les enfants les plus à risques sont surtout les enfants océaniens. C’est très compliqué de lutter contre cette maladie quand il y en a un peu partout, mais si tout le monde adopte les bonnes pratiques d’hygiène, on aurait sans doute une baisse de la circulation du streptocoque. Et dans le Pacifique, il fait chaud et humide, des conditions idéales pour la prolifération des micro-organismes en général.


    L’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie a lancé une communication dédiée aux adultes, parents, grands frères et sœurs, professionnels de l’enfance, afin de rappeler les bons gestes d’hygiène et ainsi intégrer ces réflexes aux enfants dès le plus jeune âge. Photo ASSNC

    Nous n’avons pas d’évolution, les chiffres sont toujours les mêmes

    Depuis 2008, début de la campagne de dépistage du RAA, a-t-on constaté une évolution des chiffres ?

    Nous n’avons pas d’évolution, les chiffres sont toujours les mêmes. D’où l’intérêt de cette campagne de communication et d’intervenir sur les conditions de vie et d’hygiène. L’agence ne pourra pas intervenir sur les conditions de vie, mais sur les conditions d’hygiène, nous pouvons dispenser des conseils pour essayer de faire baisser cette circulation du streptocoque.

    2 000 personnes concernées

    Combien de personnes sont atteintes du RAA en NC ?

    On compte environ 2 000 personnes atteintes du RAA ou de la CRC. Une cinquantaine de personnes par an sont évasanées en Australie et subissent l'opération des valves du cœur, adultes compris. Une telle opération, transport compris, coûte 9 millions Cfp.

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