fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 27.06.2024 à 16h49 | Mis à jour le 02.07.2024 à 07h57
    Imprimer
    Les dégâts sont considérables à l’entrée de Magenta tours au bout d’un mois et demi d’exactions. Photo Anthony Tejero
    Chaque nuit, les détonations retentissent et les heurts entre jeunes et forces de l’ordre éclatent aux tours de Magenta. Depuis un mois et demi, ces tensions sont devenues la nouvelle "routine" de ces riverains, pour la plupart résignés. Certains habitants déplorent, eux, que cette jeunesse "livrée à elle-même" et "qui n’a rien à perdre" soit pointée du doigt par bon nombre de Calédoniens. Reportage.

    9 heures, aux abords des tours de Magenta. Sur la chaussée, les dernières fumées de débris brûlés se dissipent, balayées par le vent qui se lève. Plus tôt dans la matinée, des détonations ont encore résonné dans le quartier où les heurts et les affrontements avec les forces de l’ordre n’ont jamais vraiment cessé depuis le 13 mai, bien qu’elles connaissent un regain d’intensité ces derniers jours.

    Une "routine" amère à laquelle se résignent bon nombre d’habitants comme Michel, dont la maison, à quelques encablures des immeubles, est aux premières loges de ces exactions.


    Les inscriptions et tags fleurissent un peu partout dans le quartier. Photo Anthony Tejero

    "Je pense que c’est de la provocation. Les jeunes jouent au chat et à la souris avec la police. Cette nuit, ça a pété encore jusqu’à 2 heures, mais les grenades, je finis par ne plus les entendre tellement je suis fatigué. C’est devenu notre quotidien, confie ce riverain, qui ne quitte plus son habitation, cible de plusieurs intrusions et d’un vol depuis le déclenchement des émeutes. On évite de sortir pour garder la maison 24 heures sur 24 afin d’éviter les pillages d’opportunité. Avec les fumées et les gaz qu’on respire tous les jours, on a la gorge irritée. Ça commence à devenir long, mais je plains surtout ceux qui vivent, en face, dans les tours, et qui sont encore plus dans tous ces bruits et ces cris."

    "On n’arrive pas à réfléchir à autre chose"

    Un triste spectacle auquel assiste, impuissant, Benji, 21 ans. "C’est compliqué quand on travaille. Tous les soirs, on entend des insultes de la part des jeunes et des tirs des forces de l’ordre vers ces bandes qui font n’importe quoi. C’est tellement proche, qu’on a l’impression que ça se passe chez nous. On n’arrive pas à réfléchir à autre chose. Faut être fort pour arriver à passer au-dessus de tout ça, confie ce jeune papa qui vit dans l’une des tours, mais aimerait pouvoir en partir. Ces jeunes, en âge d’être au collège ou au lycée, sont dans l’action, mais ne réfléchissent pas à l’après. Ils s’entraînent mutuellement et certains vivent leur meilleure vie. Casser, mettre le bordel… C’est presque un rêve de gosse qui se réalise pour certains."


    De nombreux commerces ont été incendiés et pillés aux abords des tours. Photo Anthony Tejero

    Un discours trop réducteur que n’aiment pas entendre Sese et Vicky. "Tout le monde se focalise sur les conséquences de ces actes, mais les causes, elles, remontent à beaucoup plus loin. On invite les gens à s’intéresser à l’histoire de ce pays, à regarder le passé pour comprendre la situation aujourd’hui", martèlent ces mamans qui habitent également dans les tours et chez qui se côtoient tristesse, colère et frustration. "Tous les sentiments sont mélangés mais les pensées et l’objectif restent intacts. Ils sont où nos politiques ? Et qui est-ce qui meurt en attendant ? Les militants et les militaires. Merci, mais ça suffit. On a besoin de renouveau dans ce pays si on veut parvenir à une réunification des peuples. Chacun peut vivre à sa façon, du moment où il y a du respect."

    "Ces jeunes n’ont rien à perdre"

    Ces habitantes, pour qui "l’heure n’est plus à l’écoute mais à l’action" ne cachent pas leur agacement lorsqu’elles voient le traitement "deux poids, deux mesures" entre les quartiers sud, et les quartiers populaires de Nouméa.

    "Chaque soir, nos banderoles, nos barricades sont enlevées par des forces de l’ordre qui tirent. Ces gens se prennent pour qui ? interpellent Vicky et Sese, qui en ont assez que les jeunes de leur quartier soient pointés du doigt. Certains sont livrés à eux-mêmes, avec des parents absents qui travaillent la nuit dans le gardiennage ou autre pour gagner un salaire de misère. Ces jeunes n’ont rien à perdre car ils n’ont rien et dès que la police arrive, ça les excite. C’est pourquoi, il faut, selon nous, que l’armée et les forces de l’ordre partent."

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS