- Anthony Tejero | Crée le 28.11.2024 à 14h28 | Mis à jour le 28.11.2024 à 14h28ImprimerL’AFD a présenté l’étude qu’elle souhaite lancer devant de nombreux représentants du milieu associatif, ce jeudi 28 novembre. . Photo Anthony TejeroAlors que le milieu associatif est en péril, subissant des coupes drastiques de subventions et manquant de bénévoles depuis les exactions, ces acteurs vont enfin bénéficier d’un soutien : celui de l’Agence française du développement (AFD) qui lance une grande étude, en lien avec l’Isee, sur le poids réel de ce "pilier" de l’économie sociale et solidaire, dont le rôle souvent "mal considéré" est pourtant "renforcé" en cette période de crise.
"Plus que jamais aujourd’hui, si on veut faire face à la crise et à ses impacts, on va avoir besoin des associations pour répondre aux enjeux de solidarité, de lutte contre la précarité et les violences, mais aussi tout simplement d’événementiel afin de permettre aux gens de recréer du lien et de trouver aussi un peu de bonheur dans la morosité ambiante."
Thibaut Bizien, figure bien connue des Calédoniens pour son engagement chez Calédoclean, prend cette fois-ci la parole au nom du collectif des associations. Un mouvement fondé en 2014 qui s’est reconstitué depuis les exactions dont les conséquences mettent en péril bien des structures et les milliers d’employés qui y travaillent, tant elles sont en première ligne des coupes budgétaires des collectivités. À cet effondrement des ressources financières, s’ajoute une autre difficulté de taille pour les associations depuis le 13 mai : la perte de bénévoles, qui sont les véritables piliers de ce secteur. "Comme on n’a pas un projet de société clair aujourd’hui, qu’on traverse tous des difficultés et qu’on fait face à une crise où les clivages se sont renforcés, forcément, cet engagement des Calédoniens s’est en partie perdu, alerte Thibaut Bizien. Ce sont des personnes qui vont se concentrer sur leurs propres urgences et c’est complètement normal, mais pour nous, c’est une vraie ressource en moins et une véritable perte de compétences."
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Pour autant, les milliers de bonnes volontés encore engagées dans le pays ne baissent pas les bras et ont "enfin une bonne nouvelle", à aller chercher du côté de l’Agence française pour le développement (AFD). Si cet organisme qui finance les collectivités (et donc de manière indirecte les subventions) ne peut, dans l’immédiat, apporter de la trésorerie dans ces associations, c’est une autre aide "très attendue" qu’elle leur propose, à travers le financement d’une étude (complétée en parallèle par une enquête de l’Isee) pour connaître le poids socio-économique réel de ce secteur au sein de la société.
Une étude pour mieux orienter les politiques publiques
"C’est le moment où on a le plus besoin du monde associatif et c’est le moment où il y a le moins de moyens. Donc à travers cette étude, on va se concentrer sur les associations employeuses, afin d’estimer le nombre de salariés, dans quel secteur, sur quel type de métier et les budgets qui sont consacrés selon les différentes thématiques, résume Thomas de Gubernatis, le directeur de l’AFD en Nouvelle-Calédonie, qui précise les objectifs de cette démarche. Il s’agira d’être en mesure de présenter un rapport qui servira aux institutions pour, éventuellement, décider de mettre en place des dispositifs adéquats. Par ailleurs, cette étude pourra révéler la tendance de ces dernières années. C’est-à-dire pourquoi est-on arrivé à cette situation de crise, alors qu’on est dans un territoire où il y a quand même beaucoup de moyens avec beaucoup d’infrastructures sportives, culturelles, des associations qui investissent, etc. Qu’est-ce qu’on a pu rater ? Est-ce que les budgets qui ont été consacrés n’ont été pas suffisants ? Ont-ils peut-être été trop ponctuellement utilisés, avec des actions coup de poing dans certains quartiers, et puis, après, plus rien dans la durée ?"
Un travail salué par le collectif qui dispose de chiffres vieux de dix ans révélés par une étude que les associations avaient dû elles-mêmes financer en 2015, "faute de soutien". "Cet état des lieux est très important pour pouvoir nous structurer et savoir quel est notre poids socio-économique dans le pays afin de mieux défendre nos droits et mieux rebondir, analyse Thibaut Bizien, qui rappelle à quel point les associations viennent souvent en appui et en complément des services publics. Ces chiffres vont permettre de mieux valoriser notre travail qui est parfois mal considéré par les collectivités, les élus, mais aussi par une partie des Calédoniens qui en bénéficient sans forcément en avoir conscience."
Bientôt une loi pour redonner du souffle aux associations ?
Les associations sont un "pilier" de l’économie sociale et solidaire, dont elles "font totalement partie intégrante". Pour autant, le projet de loi du pays pour encadrer et donner un statut à ce secteur, sur la table du Congrès, n’a toujours pas été adopté. Un cadre qu’attend avec impatience le milieu associatif, en particulier dans cette période charnière d’effondrement des ressources financières.
"Cette loi est absolument nécessaire et importante car elle va permettre aux associations de définir des nouvelles organisations, de nouvelles façons de pouvoir générer des capacités d’autofinancement grâce à de nouveaux statuts et de nouvelles ressources qui seront adossées à ce cadre légal", liste Thibaut Bizien, jugeant bon de préciser que le spectre des associations est extrêmement vaste, du club de bridge au foyer d’hébergement de victimes de violences, en passant par l’association de parents d’élèves.
"Certaines structures de loisirs par exemple sont très bien et ont le rôle de rassembler les gens, mais il y a des associations qui jouent un rôle primordial structurant pour la société calédonienne. Tout le monde n’a pas le même rôle et les mêmes ambitions. Les associations représentent une partie du service public et c’est en ce sens qu’on va avoir besoin d’un ensemble de cadres légaux qui vont permettre de les protéger. Si demain l’association Valentin-Haüy, seule structure à s’occuper et accompagner des personnes malvoyantes sur le territoire, disparaît, ces personnes-là seront encore plus marginalisées."
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