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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 19.08.2024 à 17h00 | Mis à jour le 19.08.2024 à 17h00
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    Depuis ce lundi 19 août, il est de nouveau possible d’acheter tout type d’alcool à emporter. Photo Baptiste Gouret
    La reprise de la vente d’alcool à emporter a amené de nombreux clients dans les caves, ce lundi matin, frustrés par des semaines de privation et inquiets de l’annonce d’une nouvelle fermeture. Pour les cavistes, cette réouverture offre un peu de répit.

    "Vous voulez que je vous dise : j’ai 72 ans, mon mari en a 79, on ne va pas dans les bars, donc un petit apéro le soir et un verre de vin à table, c’est un de nos derniers plaisirs", lâche Monique, devant la grille encore baissée du Pavillon des vins, dans le quartier de Motor Pool, à Nouméa. À peine entrée en vigueur, la levée de l’interdiction de vente d’alcool à emporter a attiré beaucoup de monde dans les caves de la capitale, ce lundi 19 août, dès leur ouverture. La dérogation, décidée en milieu de semaine dernière par le haut-commissariat, a soulagé les cavistes, privés d’activité pendant près de deux mois, autant que leurs clients, qui pour beaucoup ont mal vécu ces semaines de privation. "Je ne comprends que ça ait duré aussi longtemps, poursuit Monique, heureuse toutefois de savoir qu’elle pourra servir un verre de pastis à son mari, mardi soir, pour son anniversaire. Il faut penser à tout le monde, et là ça n’a pas été le cas."

    Le tour des caves

    Comme Monique, Jean-Louis s’est installé devant la cave de son quartier trente minutes avant l’ouverture, inquiet de devoir passer sa matinée dans une file d’attente. "La dernière fois, il y avait du monde jusque sur la route."


    Dès l’ouverture des caves, lundi matin, des files d’attente se sont formées devant les magasins, six semaines après l’interdiction de vente d’alcool décidée par les autorités. Photo Baptiste Gouret

    Catherine, elle, a préféré patienter dans sa voiture, scrutant l’arrivée des employés et l’ouverture d’une enseigne dont les portes sont restées trop longtemps fermées à son goût. "Je suis pour la liberté, on nous en prive avec ce genre d’interdiction ?" Pour ce qui est du lien entre alcool et flambée des violences, Catherine est catégorique : "Il faut que les gens s’éduquent", s’énerve l’ancienne chercheuse, agacée de payer pour les "conneries des autres".

    La "bonne nouvelle" d’une levée de l’interdiction de vente d’alcool ne l’empêche pas de pointer par ailleurs "l’incohérence" des conditions qui l’entourent. "On peut repartir avec 100 bouteilles dans la benne du pick-up si on veut, il suffit de faire le tour des caves", remarque-t-elle, en référence aux limites de quantité imposées par le haut-commissariat (lire plus loin). On la retrouvera d’ailleurs quelques minutes plus tard dans un second commerce. "Je refais du stock avant qu’ils nous refassent le coup de la fermeture."

    "On est dans l’expectative"

    À l’instar de Catherine, les clients rencontrés ce lundi matin dans les caves de Nouméa oscillent entre le soulagement de la réouverture, la frustration de nouvelles restrictions et l’inquiétude d’une énième interdiction. Une crainte partagée par Pierre Gayraud, directeur du Pavillon des Vins, à Motor Pool. "On se prépare à une fermeture en septembre."


    Pierre Gayraud, directeur du Pavillon des Vins, à Motor Pool, se dit "satisfait à défaut" de cette reprise sous conditions de la vente d’alcool à emporter. Photo Baptiste Gouret

    Une situation inconfortable pour un secteur d’activité particulièrement touché par la crise. "C’est compliqué économiquement et psychologiquement", souligne ce dernier. Le magasin tourne désormais aux plages horaires imposées par les autorités (lire plus loin), rognant une partie du chiffre d’affaires et limitant les heures de travail pour les employés. "On est dans l’expectative et on fait du mieux pour s’adapter."

    Dans ces conditions, pas si simple de gérer le stock. Une partie des produits manquaient ce lundi matin dans les caves de Nouméa. Certains établissements ont carrément décidé de rester fermés, le temps de se réapprovisionner. "On est sorti de nos cadenciers de vente, donc c’est compliqué, pointe Pierre Gayraud. Là on devrait déjà se pencher sur les commandes pour Noël, mais dans quelle situation sera-t-on à cette période ?" Sans réponse, Catherine, Monique et Jean-Louis prennent les devants : direction la cave d’à côté.

    À Poindimié, CCAT, coutumiers et habitants jugent la reprise de la vente d’alcool prématurée

    Samedi matin, des habitants de Poindimié se sont réunis sur la plage de Tiéty, à l’appel de la CCAT, des autorités coutumières et de certains commerces du village. Le sujet : la levée de l’interdiction de la vente d’alcool à emporter, jugée prématurée pour l’ensemble de ces acteurs. "Nous condamnons fermement la réouverture de la vente d’alcool", avait déjà réagi le relais CCAT Pwêêdi-Wîîmâ du district de Bayes, dans un communiqué publié la veille.

    Les gérants de la boucherie Les Jumeaux avaient également fait part de leur réticence dans une publication sur les réseaux sociaux, s’inquiétant d’éventuels "débordements" alors que se sont maintenus des "bons comportements" sur la commune depuis le début des exactions.

    Pour faire entendre leur point de vue, un courrier devrait être adressé au haut-commissaire, au maire de Poindimié ainsi qu’à la gendarmerie.

    Note

    La vente d’alcool à emporter est autorisée par dérogation jusqu’au dimanche 8 septembre, du lundi au jeudi de 9 heures à 17 heures et le vendredi de 9 heures à midi, à raison de deux litres d’alcool n’excédant pas 22° ou un litre d’alcool supérieur à 22° par personne.

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