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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Nicolas Lebreton | Crée le 20.10.2023 à 06h05 | Mis à jour le 20.10.2023 à 11h13
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    Après une première saison sur le PGA tour en 2022, le golfeur calédonien Paul Barjon va retrouver l’élite américaine en 2024. Il jouera son premier tournoi en janvier, à Hawaï. Photo AFP / CLIFF HAWKINS
    Le Calédonien s’est qualifié pour le meilleur circuit du monde en 2024. Depuis son domicile de Forth Worth, à Dallas, au Texas, où il est installé depuis 11 ans, Paul Barjon revient sur une saison compliquée qui s’est terminée en apothéose, détaille les difficultés auxquelles est confronté un golfeur de haut niveau et dévoile ses intentions pour l’an prochain.

    Vous avez déclaré il y a tout juste un an après avoir perdu vos droits de jeu sur le PGA tour vouloir y retourner au plus vite. C’est désormais chose faite. Quel est le sentiment aujourd’hui après avoir obtenu ce retour parmi l’élite américaine ?

    Effectivement, l’an dernier il y avait un peu de déception d’avoir perdu mes droits de jeu sur le PGA tour, l’objectif était d’y revenir le plus rapidement possible. Donc je suis heureux aujourd’hui de pouvoir y retourner dès janvier.

    Vous avez connu un début de saison 2023 difficile jusqu’à cette première victoire en juillet. Comment se sont passés ces six premiers mois ?

    En début de saison j’ai eu beaucoup de voyages, j’ai très bien joué lors du troisième ou quatrième tournoi au Panama. Malheureusement, je réalise un mauvais dernier tour qui me fait chuter de la dixième à la quarantième place. J’ai souvent réalisé de bons tournois mais sans pouvoir enchaîner quatre tours d’affilée. Donc c’était un peu moyen avec des compartiments du jeu qu’il fallait un peu bosser et des putts qui ne rentraient pas trop.

    En revanche en juillet, j’ai eu une très bonne semaine où j’ai fini par gagner d’un coup. Cela m’a remis dans la course pour remonter sur le PGA Tour.

    Une fois de retour parmi les 30 premiers, il reste trois mois de compétition. Vous semblez plutôt bien lors de l’entame des tournois, vous passez les cuts mais sans vraiment concrétiser derrière. Comment ça se passe dans la tête ?

    Effectivement il y a eu beaucoup de cuts (NDLR une sélection des meilleurs joueurs effectuée à l’issue du deuxième tour sur les quatre que compte un tournoi) qui ont été passés, avec deux bonnes journées pour commencer le tournoi, puis après le week-end est un peu moyen. Je suis un peu à court de jus, je ne performe pas très bien et au final ça se transforme en une 40e ou 50e place qui ne rapporte presque pas de points. Et tout ça se traduit par une dégringolade au niveau du classement du Korn Ferry Tour.

    Selon vous, à quoi est dû ce manque de jus dans les derniers tours des épreuves ?

    C’est en partie dû à une fatigue physique, en raison d'une saison très longue avec peu de semaines de pause, et aussi à une fatigue mentale. Après quelques trous moyens le samedi, on a tendance à décrocher un peu de l’objectif et on a du mal à rester dans la partie. Sans vraiment lâcher, le mental n’est pas au rendez-vous. Et au bout du compte, la différence entre une 25e et une 50e place est colossale au niveau des points. A trois-quatre reprises en cette fin de saison, j’aurais pu marquer davantage de points. Globalement, c’est certes un manque de physique mais aussi un fléchissement mental quand on n’est plus en mesure de gagner.

    "Le tournoi final, j’y vais avec une bonne base d’entraînement et surtout un état d’esprit où je n’ai rien à perdre."

    Est-ce dû seulement au physique ou à une pression particulière de fin de tournoi ?

    C’est un peu des deux parce que c’est vrai que ce n’est pas très drôle quand on ne joue plus trop pour la gagne. Quand on est un peu loin au classement, c’est plus difficile de s’accrocher.

    Ce sont souvent ces points-là qui font la différence à la fin de la saison, non ?

    Exactement, il y en a plus d’un qui s’est qualifié pour le PGA Tour sans jamais avoir gagné un tournoi, juste grâce à une très bonne régularité au fil de la saison.

    Vous chutez au 45e rang avant le dernier tournoi. Comment abordez-vous cette compétition de la dernière chance en quelque sorte ?

    Il y a encore les cartes de fin d’année qui te donnent une chance supplémentaire mais c’est vrai que dans la saison régulière, c’est l’ultime espoir. Nous avons eu quinze jours de repos avant le tournoi final et j’ai bien bossé avec mon coach la semaine précédant la compétition. Donc j’y vais avec une bonne base d’entraînement et surtout un état d’esprit où je n’ai rien à perdre. C’est-à-dire jouer les quatre tours comme je le fais d’habitude avec les deux premiers parcours en essayant de me placer et ensuite faire du mieux possible sans trop me focaliser sur le résultat. Et au final ça a payé. C’était top, évidemment.

    À l’issue des deux premiers tours, vous êtes au milieu du classement. Vous réalisez un score magnifique le samedi avec une carte de 64 (-8) et vous vous retrouvez en tête du tournoi. Dans quel état d’esprit êtes-vous au départ de cette dernière partie ?

    Un peu dans le même que celui de samedi. Ce qui est bien quand on joue un parcours difficile comme le Victoria national golf club, c’est qu’on n’a pas trop besoin de se méfier du joueur qui va faire un 62 le dimanche et venir coiffer tout le monde. Donc cela rend la chose un peu plus facile quand tu es en tête. Tu sais que si tu fais une bonne partie, tu devrais gagner. Tu n’as pas besoin de faire -8 ou -9 pour garder la tête. Ça, c’était quelque chose que j’avais intégré. Ce parcours, je l’ai joué plusieurs fois au cours de ces dernières années et on peut rapidement se mettre en difficulté, il y a beaucoup d’eau, des obstacles partout. Donc je savais qu’il fallait se focaliser sur le plan de jeu.

    "Quand on débarque la première fois du Korn Ferry tour sur le PGA, c’est un tout autre monde."

    Vous passez trois en dessous du par à l’aller, puis vous réalisez un eagle au 10 et un bogey au 11. Il reste sept trous et vous avez plusieurs points d’avance. Le parcours est effectivement entouré d’eau, il faut absolument mettre la balle au milieu. Comment se déroule cette fin de partie ? On joue la sécurité ou au contraire on continue d’attaquer ?

    On essaie de jouer intelligemment. On ne prend pas de risque inutile, mais sans jouer en dedans non plus. On peut vite faire des bogeys si on est trop sur la défensive et qu’on se laisse des deuxièmes coups qui sont trop longs sur un parcours difficile comme celui-là. Si on prend fer 2 à tous les trous au départ, ça peut rapidement se compliquer. Il faut essayer de rester un peu agressif.

    Le haut niveau nécessite beaucoup d’efforts dans divers domaines. Vous nous parliez du travail avec votre professeur de golf avant cette compétition. Aujourd’hui de combien de personnes est composée l’équipe qui vous entoure ?

    Je travaille avec un entraîneur physique ici à la maison, un entraîneur mental aux Etats-Unis, mon coach technique et je bosse également avec un Français, Robin Cocq, qui m’aide sur la préparation des entraînements et des parcours. Il m’envoie des images des terrains de golf pour pouvoir planifier comment on va les attaquer.

    Vous disiez qu’une saison sur le tour est très longue. Comment planifiez-vous votre calendrier de compétitions ?

    Idéalement j’aime bien faire trois tournois à la suite puis prendre une semaine de repos pour rentrer à la maison et m’entraîner après. Mais sur le PGA tour, en étant dans la catégorie dans laquelle je vais être, souvent quand on prend deux semaines de repos ça veut dire qu’on ne rentre pas dans le champ des joueurs qui peuvent disputer la compétition.

    Votre saison sur PGA tour commence quand exactement ?

    La saison 2024 commence la deuxième semaine de janvier. Je participerai à quelques petits tournois en attendant par-ci par-là mais il n’y a pas grand-chose à jouer en dehors de cela.

    Mais la Fedex cup s’est terminée fin août, et les tournois ont repris, non ?

    En fait, la Fedex se finit en ce moment. Les compétitions qui ont lieu actuellement font toujours partie de la saison 2023 et concernent surtout les joueurs au-delà de la 50e place pour déterminer le classement final de la saison. Et à Hawaï en janvier, tout le monde reprend et les compteurs sont remis à zéro.

    Avant Hawaï, quel va être le programme d’entraînement ?

    Il y a une partie physique qui est assez importante jusqu’à la fin de l’année. Vu qu’on ne joue pas de tournoi (NDLR comptant pour saison 2024), on peut être un peu courbaturé et un peu fatigué ce n’est pas très grave. C’est une saison qui va être longue, il va donc falloir être prêt physiquement. Après, techniquement, on va peaufiner quelques détails. Quant au matériel, il s’agit de faire les bons choix dès à présent pour ne pas être obligé de changer quand les tournois auront débuté. Le but est de se préparer le mieux possible pour être compétitif dès le premier tournoi.

    En début d’année, avant de rejoindre Hawaï, je vais également m’arrêter deux-trois jours en Californie, c’est sur le chemin, pour repérer les parcours du deuxième tournoi de la saison et m’entraîner dans le beau temps.

    L’année prochaine, vous allez pouvoir vous reposer sur l’expérience acquise sur le PGA en 2022. Qu’est-ce que cela change exactement ?

    Évidemment on a appris de cette année-là. Déjà on va rejouer les mêmes parcours, donc on a un peu plus de connaissances sur les terrains. Et puis on va être un peu plus serein dans l’approche des tournois. Quand on débarque la première fois du Korn Ferry tour sur le PGA, c’est un tout autre monde. C’est forcément un plus de déjà connaître les endroits et les parcours.

    "Tu réalises que c’est possible d’avoir une chance de gagner sur le PGA tour."

    Quel est l’objectif que vous vous êtes fixé pour cette deuxième année sur le PGA tour ? S’agit-il de garder vos cartes ou avez-vous mis la barre un peu plus haute ?

    Le top 50 à la fin de l’année permet aux joueurs de rentrer dans l’ensemble des tournois la saison suivante alors c’est évidemment ce qu’on espère tous atteindre. C’est un de mes objectifs mais aussi une victoire qui reste le haut de la pyramide.

    La victoire justement, vous êtes passé tout près en janvier 2022 lors de l’American Express Open en étant en tête au départ du dernier tour. Qu’est-ce qui vous a manqué ce jour-là ?

    Sûrement un peu d’expérience, et de mental aussi. Ça m’aurait aidé d’avoir déjà connu ce genre de situation, même si cela n’était pas possible. Une journée en 73 (un au-dessus du par) le dernier tour et je finis à cinq-six coups du vainqueur, alors qu’un -4 ou -5 sous le par m’aurait suffi pour l’emporter. Donc pas si loin que cela, mais j’ai eu un début de partie un peu tendu qui m’a mis en difficulté pour le reste de la journée.

    Au bout du compte, tu te dis que c’est une belle expérience d’apprentissage et surtout tu réalises que c’est possible d’avoir une chance de gagner sur le PGA tour.

    Cette expérience-là et désormais vos trois victoires sur le Korn Ferry tour doivent gonfler votre confiance ?

    Oui bien sûr cela donne de la confiance. D’autant plus que chaque victoire amène une expérience nouvelle, ce ne sont jamais les mêmes. Donc tout cela cumulé va forcément m’aider si je me retrouve à nouveau dans ce genre de situation.

    250 000 dollars la saison

    Entre les voyages, les hôtels, les locations de voiture, les coachs et les différents frais annexes, une saison sur le PGA tour coûte environ 250 000 dollars. Avec son agent, Paul Barjon recherche actuellement des sponsors afin de finaliser son budget pour la saison 2024. Si des personnes sont intéressées, elles peuvent le contacter à l’adresse suivante : barjon.paul@gmail.com

    Bientôt un retour en Calédonie ?

    "J’aimerais bien mais c’est vrai que quand on voyage 30 semaines par an il est difficile de caler 25 heures d’avion pour rejoindre la Calédonie. J’espère à un moment ou à un autre venir pour un Noël.

    J’en profite pour saluer tous mes amis en Nouvelle-Calédonie, mes entraîneurs tout au long de mes années de golf là-bas, Dominique Ricaud, et mes anciens partenaires d’équipe à Dumbéa."

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