fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 14.12.2024 à 14h00 | Mis à jour le 14.12.2024 à 14h00
    Imprimer
    Julie Laronde, directrice de NCT, a participé au vol inaugural de Nouméa jusqu’à Paris, mercredi 11 décembre. Photo Anthony Tejero
    Alors que le secteur est exsangue depuis les émeutes, synonyme de désertion des voyageurs, Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT) voit dans l’ouverture de la ligne Nouméa-Paris via Bangkok, un signal fort pour reconquérir son marché historique métropolitain qui représentait un tiers des visiteurs avant le 13 mai. Autre priorité pour 2025 : (re) donner envie aux Australiens et Néo-Zélandais de partir à l’assaut du Caillou, en particulier chez les plus " jeunes et aventureux ".

    Aircalin inaugure une nouvelle ligne Nouméa-Paris, via Bangkok. En quoi peut-elle être un atout pour la reprise du tourisme en Nouvelle-Calédonie ?

    L’ouverture d’une nouvelle ligne, quelle qu’elle soit, est un atout pour développer la connectivité et l’attractivité d’une destination en particulier insulaire comme la nôtre qui dépend des connexions aériennes. Cette ligne, qui plus est, nous rend très proche de notre premier marché émetteur avec, en 2023, 43 000 Métropolitains venus en Nouvelle-Calédonie, soit un tiers du nombre de touristes.

    Cette nouvelle liaison, c’est moins de 24 heures de vol, c’est la route la plus courte et c’est un seul opérateur aérien, de la vente du billet jusqu’à la gestion des bagages, ce qui est un vrai plus. Aircalin qui atterrit à Paris-Charles-de-Gaulle, c’est une vitrine qui permet d’améliorer la visibilité et l’image de marque de la compagnie et donc forcément de la Nouvelle-Calédonie.

    Cette ligne est aussi l’occasion d’élargir aux autres marchés européens, dont l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne qui ont un potentiel qu’il va falloir essayer de capitaliser.

    Pensez-vous pouvoir tirer parti de l’ouverture de la ligne sur Bangkok ou ciblez-vous essentiellement le marché français ?

    Faire un stop à Bangkok, c’est l’opportunité de pénétrer de nouveaux marchés, ceux de l’Asie du Sud-Est, comme on a commencé à le faire à Singapour avec l’ouverture de la ligne en juillet 2022. Ceci-dit, ce n’est pas notre priorité pour 2025, déjà faute de budget. L’objectif, c’est de reconquérir les flux perdus de Métropole ainsi que d’Australie et de Nouvelle-Zélande, mais aussi de réactiver Singapour que l’on n’a pas encore pénétré et où on n’a pas fini le travail de notoriété.

    Singapour comme Bangkok sont des hubs mondiaux, qui ont donc déjà énormément d’opportunités de voyages et de destinations tout autour d’eux.

    Est-ce que cela signifie que ces marchés asiatiques sont difficiles à capter ?

    Singapour comme Bangkok sont des hubs mondiaux, qui ont donc déjà énormément d’opportunités de voyages et de destinations tout autour d’eux, alors que nous sommes une île du Pacifique Sud encore inconnue. C’est donc un travail de longue haleine, avec les tours opérateurs également, afin qu’ils mettent en avant les produits, les package, etc.

    Les plages paradisiaques ne sont peut-être pas le meilleur atout puisque la Thaïlande est également réputée pour ça. Comment comptez-vous attirer ces éventuels visiteurs ?

    Je ne connais pas encore assez le comportement et les intérêts de voyage du marché thaïlandais. Mais je dirais déjà que notre avantage c’est d’être seuls sur les plages, et non pas sur des sites bondés comme à Koh Samui ou à Phuket. On propose de sortir de ces grosses mégalopoles avec beaucoup de trafic, beaucoup de bruit et très polluées grâce à un environnement vierge, naturel et préservé, ce qui est un atout.

    Par ailleurs, les Asiatiques sont généralement intéressés par la gastronomie, et la Nouvelle-Calédonie offre un mix intéressant français et océanien.

    Mais les Thaïlandais, qui vivent dans un pays moins développé que les Singapouriens, représentent-ils un potentiel pour la Nouvelle-Calédonie, destination coûteuse ?

    Ce n’est pas la même clientèle que celle de Singapour qui a un haut pouvoir d’achat. A Bangkok, il y en a forcément, mais pas autant. Tout ceci est à étudier de plus près avant de se lancer sur un tel marché.

    Désormais, on entre dans une phase de promotion avec notamment une campagne de communication axée sur le thème " Nouvelle-Calédonie, nouveau départ ".

    Les priorités de NCT se portent donc essentiellement sur les marchés habituels d’avant les exactions (Australie, Nouvelle-Zélande et France). Sept mois après le déclenchement des émeutes, y a-t-il des signaux clairs de reprise (hors croisière) ?

    Oui et heureusement car nous avons mené un gros travail de réassurance dans notre stratégie, en septembre et octobre, avec des vidéos de professionnels locaux et de touristes venus pour montrer que la Nouvelle-Calédonie avait gardé ses atouts intemporels et que la situation était apaisée.

    Désormais, on entre dans une phase de promotion avec notamment une campagne de communication axée sur le thème " Nouvelle-Calédonie, nouveau départ ". On s’est dit qu’il fallait assumer cette crise, dont le monde entier a entendu parler. Et ça fait également le parallèle avec la ligne Nouméa-Paris, qui est aussi un nouveau départ pour Aircalin. C’est une nouvelle stratégie qui fait partie de notre plan global de relance à l’échelle du pays.

    Aircalin n’est pas optimiste sur les chiffres de 2025 misant sur un nombre de passagers en deçà de 2024 qui doit enregistrer 270 000 passagers, contre 455 000 initialement prévus. Sur quelle fréquentation tablez-vous ? Et à quelle échéance espérez-vous, malgré le peu de visibilité, retrouver un retour à la normale ?

    Pour la Covid, les experts misaient sur quatre ans. Finalement, on a retrouvé nos flux d’avant crise en deux ans. Mais c’était une pandémie mondiale où tout le monde était sur un pied d’égalité. Là, c’est une crise interne et sécuritaire, ce qui implique la reconstruction de l’image de la destination qui a été détériorée auprès des voyageurs et des revendeurs étrangers. C’est aussi tout l’enjeu de ce déplacement à Paris puisque je vais voir les tours opérateurs qui se posent des questions afin de les conseiller au mieux.

    J’espère pouvoir faire un premier bilan avant la fin du premier semestre 2025. On a des demandes. Nos représentantes en Australie ont quinze demandes d’informations par jour, ce qui est intéressant. Mais le prérequis, c’est de faire encore baisser le niveau d’alerte des gouvernements australiens et néo-zélandais et on y travaille car on est toujours classé en catégorie 3 sur 4 comme des pays en guerre.

    C’est dur, c’est la troisième crise en quatre ans : la Covid, les requins puis les émeutes.

    Pour autant les croisiéristes reviennent à Nouméa. Quels sont les premiers retours ?

    Les compagnies de croisière nous ont demandé de drainer les flux à la gare maritime pour éviter que les croisiéristes se dispersent ou se perdent dans des endroits peu touristiques. On a établi une carte de Nouméa pour les accompagner et NCT a déployé un agent à la gare maritime pour aiguiller les croisiéristes dont certains hésitaient encore à descendre du bateau. Nous collectons aussi les retours des excursionnistes qui sont très contents des ventes avec des visiteurs qui osent descendre de plus en plus des paquebots. Les dirigeants des compagnies de croisière nous font également de très bons retours.

    Les croisiéristes sont en majorité australiens. Est-ce qu’on peut raisonnablement penser que ce marché régional reviendra dès l’an prochain en tourisme de séjour ?

    Oui, même s’il faut que la capacité aérienne augmente un peu, notamment avec Auckland. Mais Aircalin ajoute des vols supplémentaires pendant les vacances scolaires avec trois rotations par semaine comme vers Sydney et Brisbane, ce qui est positif.

    Dans un premier temps, nos campagnes de promotion auront un ciblage plus spécifique axé sur des clientèles plutôt jeunes et aventureuses qui n’ont pas peur de venir. On ne visera donc pas les familles avec des enfants en bas âge dans un premier temps.

    Au bout de huit mois de crise, quel est l’état d’esprit chez les professionnels du tourisme ?

    C’est dur, c’est la troisième crise en quatre ans : la Covid, les requins puis les émeutes. Le mot résilience revient régulièrement et est à la mode en ce moment, mais le secteur touristique est clairement résilient. On a régulièrement mené une enquête pour mesurer l’indice de confiance auprès des professionnels locaux. Tous sont motivés pour reprendre, même si la plupart attend. Forcément, il manque des aides, malgré le chômage spécifique. Ce n’est pas suffisant pour couvrir les charges fixes. Le tourisme local a un peu repris, notamment en Brousse vers Bourail et La Foa. Mais là maintenant, il faut vraiment que ce flux se diffuse et profite à toute la Nouvelle-Calédonie. Et on y croit.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS