Les usagers des transports en commun dans le Grand Nouméa l’ont certainement remarqué : ces derniers jours, les lignes du réseau Tanéo ont évolué. Et pas vraiment dans le sens d’une offre élargie. Un mois après la remise en circulation des bus, le Syndicat mixte des transports urbains (SMTU) a de nouveau adapté son réseau en revoyant son offre largement à la baisse. Depuis le déclenchement des violences, le Syndicat mixte jongle entre le besoin de maintenir un service public de transports et des finances dans le rouge. "Aujourd’hui on réfléchit essentiellement en termes de coûts, en respectant ce que sont capables de financer les collectivités", confirme Marie Morel, en charge de la communication du SMTU. Une logique économique à l’origine du passage à 500 francs du prix du ticket de bus.

Ainsi, au 1^er novembre, neuf lignes ont été supprimées : la 6, la N1, N2, N3, N4, N6, D1, D2, D3 et M1. Toutes étaient opérées par le GIE Karuïa, qui avait décidé dès le 14 septembre de reprendre la circulation et de maintenir quinze de ses lignes, contre l’avis du SMTU. Fin octobre, la direction de Karuïa a reçu "un ordre de service", l’obligeant à se soumettre aux demandes du Syndicat mixte.

Plus de bus le dimanche

Depuis le 1er novembre, les bus des deux délégataires, Carsud et Karuïa, roulent désormais sur onze lignes (contre 20 au 1^er octobre) : la 1, 3, 4, 5, 7, 8, N5, N8, D4, M4 et P1. Plusieurs modifications ont par ailleurs été appliquées au réseau : la N5 ne dessert plus Nouville, les lignes N1, N3 et N4 ont fusionné en une seule ligne, les horaires de la ligne 8 ont été modifiés pour coïncider avec les heures des cours du lycée du Mont-Dore…

L’offre a également été revue à la baisse le week-end : seules certaines lignes "structurantes", c’est-à-dire celles qui disposent de la meilleure fréquentation, fonctionnent le samedi. "Il n’y a plus d’offre le dimanche", souligne Marie Morel. Avant la crise, le dernier jour de la semaine représentait "25 % de la fréquentation habituelle". Dans le contexte actuel, le SMTU a pris la décision de s’en passer. "Avec un réseau comme celui qu’on a aujourd’hui, on ne peut pas satisfaire tout le monde", assume la communicante.

Plan de licenciements chez Karuïa

L’amplitude horaire a également été réduite. Alors que les bus Karuïa pouvaient rouler jusqu’à 21 heures parfois, "le dernier bus est à 19 heures désormais", souligne Marie Morel. En dehors de quelques adaptations à la marge et "à coûts constants", le réseau Tanéo devrait se maintenir dans ce format jusqu’en février 2025, date à laquelle prendront fin les contrats de délégation de service public.

D’ici là, la direction du GIE Karuïa devrait s’être séparée d’une grande partie de ses salariés. Un vaste plan de licenciements est en effet en préparation. La division "par cinq" de l’offre Tanéo touche durement l’activité de la société délégataire. "Pour donner un ordre d’idée, on fonctionnait auparavant avec 154 équivalents temps plein, aujourd’hui on a besoin de seulement 39", dévoile Édouard Rentchler, directeur de Karuïa. Conscient que la forte baisse de fréquentation ne permet pas une reprise du réseau tel qu’il était avant la crise, ce dernier regrette toutefois la réduction drastique de l’activité décidée par le SMTU. "Depuis notre reprise le 14 septembre, les données de fréquentation montraient une évolution constante, on avait atteint 12 000 validations par jour."

Le SMTU, de son côté, n’a pas souhaité communiquer les chiffres de fréquentation du réseau Tanéo dans son ensemble.