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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 05.06.2024 à 09h56 | Mis à jour le 05.06.2024 à 14h46
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    Yolande "a trop hâte" de fuir les violences de la ville pour rentrer chez elle à Maré, avec son fils. Photo Anthony Tejero
    Après trois semaines d’arrêt, les vols commerciaux à destination des îles reprennent progressivement, à partir de ce mercredi. Ce matin, les passagers rencontrés n’ont pas caché leur joie de quitter les violences urbaines pour pouvoir enfin retrouver leurs proches et le calme. Témoignages.

    Philippe a perdu son travail, mais pas sa bonne humeur alors qu’il s’apprête à enfin embarquer vers son île natale de Lifou. "Je suis au chômage partiel car nos zones de chantier sont inaccessibles. Je vais donc pouvoir enfin rentrer chez moi retrouver ma femme et mes enfants. Je n’étais pas revenu depuis le début de l’année. C’est super !, s’enthousiasme cet habitant de Luecila, avec une glacière comme unique bagage. Comme quoi, on vient à Nouméa pour trouver de l’argent, mais en ce moment, c’est pas le bon choix. Je vais rester sur Lifou jusqu’à ce que mon patron me rappelle maintenant. Comme ça, je reviendrai chargé de langoustes."


    Au chômage partiel, Philippe (à droite) fait contre mauvaise fortune bon cœur et ne boude pas son plaisir de rentrer à Luecila. Photo Anthony Tejero

    Cet ouvrier originaire de Drehu fait partie des premiers passagers à bénéficier de la reprise progressive des vols commerciaux vers les îles de la compagnie Aircal, depuis ce mercredi 5 juin. Alors que les tensions sont encore vives dans l’agglomération, les habitants des Loyauté n’ont pas caché leur joie de pouvoir enfin rentrer chez eux, après trois semaines d’arrêt total de l’activité aérienne.

    "Ça va me faire du bien de quitter les bâtiments incendiés"

    "D’habitude, je rentre chaque semaine retrouver ma femme et mes cinq enfants après mes quatre jours de travail sur Goro. Depuis les exactions, j’ai été bloqué sur Nouméa. Cela fait un mois que je ne les ai pas vus et là dans une heure ce sera bon, glisse, impatient, Jairo Buama, originaire de la tribu de Mebuet, à Maré. Je serai bien mieux là-bas. Ça va me faire du bien de quitter les bâtiments incendiés pour retrouver la nature, la liberté de circuler et de pouvoir aller à la chasse et à la pêche au lieu de faire la queue dans des magasins où il n’y a presque plus rien."


    L’ensemble des vols commerciaux de ce mercredi 5 juin, affichaient complet, au départ de Nouméa. Photo Anthony Tejero

    Un retour au calme que Yolande a "trop hâte" de retrouver après être restée trois semaines dans le quartier d’Auteuil, l’un des hauts lieux des émeutes. "J’ai très mal vécu cette période. Je suis même tombée malade à cause des fumées, raconte cette étudiante à l’Institut de formation des maîtres, originaire de Nengone, qui a sauté sur l’occasion dès que les billets d’avion ont de nouveau été en vente. Avec mon fils, on a besoin de retrouver la famille et de nous ressourcer. On veut rester loin de tout ce bruit, de toute cette violence."


    Les équipes de la CCI et de la compagnie aérienne sont là pour accueillir des usagers, parfois un peu perdus, alors qu’un important dispositif de sécurité empêche l’accès à l’aérogare des visiteurs. Photo Anthony Tejero

    "L’impact économique de cette crise va être conséquent pour la compagnie"


    Marion Gentelet, directrice commerciale de la compagnie, était présente à l’aérodrome de Magenta, ce mercredi matin, pour aiguiller certains passagers.

    Entretien avec Marion Gentelet, directrice commerciale d’Aircal.

    En quoi consiste cette reprise très progressive de l’activité ?

    On est déjà ravis de pouvoir reprendre une rotation par destination et par jour sur chacune des îles pour commencer, donc Maré, Lifou, Ouvéa et l’île des Pins. L’ambition dans un premier temps, c’est de répondre aux attentes des personnes dont les vols avaient été annulés sur les trois dernières semaines, mais aussi à des gens qui souhaitent voyager rapidement pour rejoindre des proches ou rentrer chez eux.

    Puis en fonction de la demande et de l’organisation, qui est compliquée en raison de la sécurisation du site et des horaires de couvre-feu, nous essaierons de rajouter plusieurs rotations par jour. Nous avons notamment de la demande pour des allers-retours à la journée. Ce sera la priorité, dès que ce sera rendu possible.

    Beaucoup de passagers sont surpris que l’accès à l’aérodrome soit sous haute surveillance. Quel est ce dispositif de sécurité ?

    Ce sont des conditions de reprise très particulière. L’aéroport est sous surveillance très étroite des forces de l’ordre. Seuls les passagers qui sont prévus sur les vols, donc sur les listes, pourront accéder à la zone de l’aérogare. Aucun accompagnateur ne sera admis. Et c’est aussi pour cette raison qu’il n’y a pas encore de fret.

    C’est-à-dire ?

    La priorité est donnée aux passagers car l’organisation de l’accès à l’aéroport est extrêmement contrainte. Il est difficile pour nous d’envisager le fret, mais on espère pouvoir très rapidement rouvrir ce service parce qu’il y a une très forte demande. On tiendra les personnes informées sur notre site internet et notre page Facebook, dès que ce sera possible, probablement plutôt en début de semaine prochaine.

    Ce mercredi, les vols sont complets. Avez-vous quantifié le nombre de personnes en attente de prendre l’avion ?

    Il y a eu plus de 500 demandes de personnes qui étaient en attente avec un billet déjà existant depuis que nous avons annoncé la reprise des vols. Il y a encore des demandes qui arrivent. On s’attend donc à ce que les premiers jours soient relativement bien remplis, en particulier du départ de Nouméa vers les îles. Il est fort probable que ça se tasse ensuite et on s’attend à ce que la reprise réelle de l’activité, avec toutes ces composantes touristiques ou professionnelles, soit longue. C’est pour ça que la reprise n’est que progressive, car la situation de la compagnie fait que nous ne pouvons mobiliser que les ressources qui sont vraiment utiles pour répondre à une demande et ne pas voler pour rien.

    Justement, sur le plan économique, cette situation doit être très inquiétante pour les mois à venir. Comment envisagez-vous la suite ?

    On a eu trois semaines d’arrêt d’activité même si on a réalisé un certain nombre de ponts aériens sur l’aéroport de La Tontouta, cela restait très limité par rapport à notre activité habituelle. Il est un peu tôt encore pour faire le bilan, mais clairement l’impact économique de cette crise va être conséquent, sachant que la compagnie était déjà dans une situation financière particulièrement critique. Les perspectives de reprises ne sont pas très encourageantes puisqu’on sait que le secteur touristique va être durablement impacté et que le secteur professionnel, qui est aussi une clientèle importante pour nous, a été durement touché. Le nombre de voyages sera donc là aussi certainement revu très largement à la baisse. On va mettre en place des mesures pour faire face à cette situation-là. Aujourd’hui, il est un peu tôt pour en parler mais on travaille dessus.

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