- AFP | Crée le 21.02.2024 à 09h05 | Mis à jour le 21.02.2024 à 09h05ImprimerLa police papoue a été envoyée pour tenter de sécuriser la région des hauts-plateaux, où des dizaines de personnes ont été tuées après des combats armés entre tribus rivales. Photo AFPLe Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée a promis d’user de la manière forte mardi contre ce qu’il a qualifié de "terrorisme intérieur" au lendemain d’un nouveau bain de sang dans la région des hauts plateaux. L’ONU a de son côté appelé à la "réconciliation tribale" et à "rendre les armes".
Des rivalités tribales ont fait entre 49 et 64 morts près des localités de Wabag et Wapenamanda (nord) à quelque 600 kilomètres au nord-ouest de la capitale Port Moresby, où des conflits ancestraux opposent notamment des tribus Sikin, Ambulin et Kaekin. Ce bilan encore provisoire des autorités pourrait s’aggraver avec la découverte d’autres victimes dans la zone.
Le Premier ministre James Marape s’est adressé au Parlement et a promis d’agir après que les images de corps mutilés et ensanglantés entassés le long d’une route ont horrifié le pays. "Nous savons que la menace numéro un à laquelle nous sommes confrontés est l’anarchie", a déclaré le chef du gouvernement. "La croissance économique comme tout le reste est superflue" sans la sécurité, a-t-il ajouté.
Des conflits endémiques
Sous pression, M. Marape a promis que de nouvelles mesures anti-terroristes seraient prochainement présentées au Parlement. L’objectif est de réprimer le financement et l’incitation au terrorisme, de renforcer les moyens de surveillance de la police mais aussi de créer des "zones de police spéciales" dans la région des hauts plateaux.
Endémiques depuis des siècles dans cette partie de l’île, les affrontements tribaux ont gagné en intensité ces dernières années avec l’afflux d’armes automatiques et de mercenaires.
La population de Papouasie-Nouvelle-Guinée a plus que doublé depuis 1980, accentuant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalités tribales.
Eviter les envies de vengeance
Sans lien avec ces violences en brousse, les deux plus grandes villes de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont été secouées en janvier par des émeutes qui ont fait au moins 16 morts.
Cette flambée de violence a touché Port Moresby la capitale, et Mae à 300 kilomètres au nord après des manifestations anti-gouvernementales de soldats, policiers et gardiens de prison en colère contre des baisses inexpliquées de salaires.
M. Marape a aussi appelé les proches des victimes à ne pas se faire justice eux-mêmes. "J’exhorte nos jeunes là-bas, en aucun cas, vous ne devez vous rendre sur une autre terre tribale", a-t-il lancé. Dans le passé, ce type d’appels ont généralement été peu suivis d’effet.
Il a rejeté en revanche les appels de l’opposition à limoger le chef de la police. "Nous avons changé de chef de la police comme de sous-vêtements", a-t-il critiqué, évoquant les nombreuses rotations à la tête de la police ces dernières années qui ont selon lui déstabilisé les forces de l’ordre.
L’ONU appelle à la "réconciliation tribale"
Après ce nouveau bain de sang dans la région des hauts plateaux, l’ONU a appelé mardi la Papouasie-Nouvelle-Guinée à soutenir la "réconciliation tribale" et à lutter contre la prolifération des armes. "Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour s’attaquer aux causes profondes de la violence et œuvrer à la réconciliation tribale", a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Jeremy Laurence, dans un communiqué.
Les communautés des hauts-plateaux, "en particulier les femmes et les jeunes filles, doivent être protégées", a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Haut-Commissariat relève également que "les affrontements sont devenus de plus en plus meurtriers en raison de la prolifération des armes à feu et des munitions dans la région".
Aussi, a-t-il poursuivi, "nous demandons au gouvernement de veiller à ce que toutes les armes soient rendues, en particulier les armes à feu fabriquées en série".
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