- Baptiste Gouret | Crée le 26.03.2025 à 08h19 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h08ImprimerRéunis en assemblée mardi 25 mars, les 14 élus de la province des Îles ont adopté à l’unanimité le budget primitif 2025 de la collectivité. Photo Archives LNC/Jean-Alexis Gallien-LamarcheLes 14 élus de la province des Îles étaient réunis, mardi 25 mars, pour examiner le budget primitif 2025. Confronté à une dette de 7,5 milliards de francs et des recettes en baisse d’environ 900 millions, l’exécutif provincial a construit un budget basé sur la baisse des dépenses de personnel et la concentration des investissements sur quelques secteurs clés.
"Que faire quand on n’a pas d’argent ?" C’est, selon un conseiller provincial de l’Union calédonienne, le nom que pourrait porter le budget primitif 2025 de la province des Îles, présenté par l’exécutif mardi 25 mars, en assemblée. Le document de 77 pages déroule en effet une liste de difficultés nées d’une baisse des recettes fiscales très importante, conséquence directe des émeutes de mai 2024 et de l’effondrement de l’économie calédonienne. Face à une perte estimée à 923 millions de francs, soit – 9,4 % par rapport à 2024, la province va devoir composer avec "un cadrage très contraint".
À cela s’ajoute une dette de 7,5 milliards qui plombe la capacité de financement de la collectivité. C’est donc un "budget de prudence" qui a été élaboré par le président, Mathias Waneux, et ses équipes. Il s’élève à 15,1 milliards de francs (12,7 milliards en fonctionnement et 2,4 milliards en investissement), contre 16,09 milliards en 2024, soit une baisse de 6 %.
130 millions d’économies sur la masse salariale
Dans ses projections, l’exécutif a évalué la diminution de la dotation globale de fonctionnement octroyée par la Nouvelle-Calédonie à 1,14 milliard de francs, soit environ 10 %. Un manque à gagner qui devra être compensé par des économies de fonctionnement. L’argent sera recherché en particulier du côté de la masse salariale. La province entend ainsi réduire ses dépenses de personnel en ne remplaçant pas les départs à la retraite, en mettant fin aux surcroîts d’activité, en gelant des postes et en redéployant son personnel. Les économies attendues s’élèvent à 130 millions de francs (- 4,4 %). Sur l’ensemble des postes, les dépenses réelles inscrites au budget 2025 diminuent de 20,6 % par rapport à 2024.
Cela se traduit également par des investissements largement réduits (- 16,2 %), passant de 2,4 milliards à 2 milliards. Une part importante sera consacrée à "une économie durable sur les patrimoines loyaltiens" (577 millions), selon le document produit par l’exécutif. Dans cette enveloppe, on retrouve notamment 284 millions réservés au remboursement de la défiscalisation et des factures impayées pour le complexe hôtelier du Wadra Bay, à Lifou, qui n’a toujours pas ouvert ses portes. Par ailleurs, 161 millions sont inscrits pour la rénovation des hôtels.
"Se recentrer sur l’essentiel"
Malgré ce contexte budgétaire contraint, l’exécutif provincial a décidé de sanctuariser certains secteurs en poursuivant les efforts d’investissement. Ainsi, sept objectifs stratégiques ont été définis, censés répondre aux besoins de la population des Îles tout en s’adaptant à la réalité financière. L’habitat social fait partie de ces domaines préservés, avec 321 millions de francs, dont 171 millions pour la construction de logements neufs. Près de 30 millions seront également injectés dans "l’amélioration de la santé de la population", à travers notamment un renforcement des soins de proximité. L’exécutif compte par ailleurs investir 236 millions dans l’éducation et la réussite scolaire.
Le budget primitif a été adopté à l’unanimité des 14 conseillers provinciaux. Le groupe UC-FLNKS a salué la méthode de l’exécutif provincial, qui devrait permettre de traverser "la période financière la plus difficile" qu’ait connue la collectivité. Le groupe Palika îles a, lui, souligné la "gestion pour le moins hasardeuse" de la province ces dernières années, qui a conduit à un endettement record, tout en louant un budget 2025 qui répond "aux besoins des plus vulnérables, en particulier les bénéficiaires de l’aide médicale et notre jeunesse", et qui se "recentre sur l’essentiel". Et de conclure : "Nous saluons les efforts et les sacrifices consentis, qui permettront indéniablement de redonner de l’élan à notre collectivité et d’asseoir durablement nos politiques publiques."
Mathias Waneux : "Un budget en phase avec la réalité économique et les attentes de nos populations"
Mathias Waneux, président de la province des Îles, affirme que le budget 2025 de la collectivité répondra aux besoins immédiats de la population, malgré les contraintes économiques actuelles.Le budget a été voté mardi 25 mars. Comment se sont déroulés les échanges ?
Très bien. Il faut souligner que le budget a été voté à l’unanimité des 14 élus. C’est le fruit d’un travail réalisé en amont, avec une prise en compte des demandes faites par les différents groupes.
Vous évoquez un "budget de prudence". Qu’est-ce que cela signifie ?
Nous devons faire face à une dette record de 7,5 milliards de francs et une baisse des dépenses qui se situe autour des 900 millions de francs. Mais nous devons aussi formuler des propositions pour que notre population puisse continuer à vivre normalement, tout en étant en phase avec notre réalité économique.
Cela passera par une réduction des dépenses, notamment du côté de la masse salariale…
Effectivement, c’est un levier important. On a mis fin aux surcroîts d’activité, on va réorganiser les services et réimpulser une nouvelle dynamique. Nous avons également fait le choix de demander à la Nouvelle-Calédonie de reprendre certains de nos fonctionnaires, ce qui représente une économie importante.
Vous avez toutefois fait le choix de préserver la santé, l’enseignement et l’habitat social, pour lesquels les investissements seront maintenus. Pourquoi ces trois secteurs ?
Au niveau de la santé, cela paraît évident : c’est ce qu’il y a de plus important pour notre population. Quant à l’enseignement, ça reste le cœur de la réussite de notre jeunesse. L’habitat social, lui, doit nous permettre de mieux vivre sur les îles. Mais cela ne veut pas dire qu’on va complètement délaisser les autres secteurs. Il nous faut simplement prioriser. C’est ce qui transparaît des sept objectifs stratégiques fixés : des projections budgétaires prudentes qui répondent aux attentes de nos populations.
Les dépenses d’investissement sont en partie concentrées sur le remboursement du Wadra Bay. Ce projet d’hôtel n’est-il pas un boulet pour les finances de la collectivité ?
Le Wadra Bay, c’est 700 millions de factures impayées et 1,5 milliard de dette. Mais il faut le voir comme un investissement, qui sera accompagné d’un projet d’aérodrome à Hmélek, dans le sud de Lifou, pour désenclaver le sud et permettre une relance du tourisme. Les touristes internationaux pourront se rendre directement sur l’île sans passer par la capitale. Donc c’est un double projet sur deux ans. Il faudra voir en fonction de nos moyens financiers. D’ici là, on espère ouvrir le Wadra Bay en fin d’année. Concernant l’aérodrome, nous allons lancer les études techniques et financières.
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