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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 18.06.2024 à 15h48 | Mis à jour le 18.06.2024 à 16h01
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    Géraldine et son fils Antoine ont été agressés dans le secteur du parc de La Coulée. Photo Archives LNC / Joanna Jullien
    Depuis la semaine dernière, les exactions ont pris une nouvelle tournure dans les quartiers sud du Mont-Dore. En quelques heures, le week-end dernier, des agents de sécurité ont été blessés par balles et une mère et son fils ont été agressés lors d’un nouveau car-jacking dans le secteur de La Coulée. Témoignages d’habitants "exténués" et "en colère".

    "Venez-nous en aide ! Nous ne voulons pas être les oubliés". Ce cri du cœur que David, un habitant de Plum, a adressé, dimanche, aux Nouvelles calédoniennes montre le désarroi, si ce n’est la détresse dans laquelle se trouvent de plus en plus d’habitants du Mont-Dore Sud. "Les exactions augmentent, la peur est palpable, les barrages sont agrandis… Nous sommes pris en otages, poursuit David. Nous ne pouvons même plus nous rendre aux navettes maritimes afin d’aller au travail à Nouméa. Nous sommes physiquement et psychologiquement exténués. La résilience ne va pas pouvoir continuer. Certains se préparent, des groupes armés veulent se constituer… Quand vont-ils opérer ?"

    Depuis la semaine dernière, la tension est montée d’un cran supplémentaire au sud de Saint-Louis. Alors que trois agents de sécurité ont été blessés par balles, vendredi soir, au Casino de La Coulée, une autre agression s’est produite à quelques encablures de-là, le lendemain. Partis en direction du parc de La Coulée, pour "s’aérer l’esprit", Géraldine et Antoine, son fils de 22 ans, sont stoppés au niveau du pont où leur voiture est fouillée par deux individus "fortement alcoolisés" qui leur demandent où ils vont. Après leur promenade puis un passage dans un nakamal voisin du parc, la famille décide de rentrer chez elle. Sauf qu’au Stop, avant même de pouvoir tourner pour se rendre sur la RP1, les mêmes jeunes "ont surgi et bondi" sur leur véhicule.

    Menaces avec un caillou et un couteau de chasse

    "Ils ont sorti violemment mon fils et arraché les clés du contact. L’un d’eux est venu vers moi avec un couteau de chasse pour couper ma ceinture de sécurité en menaçant de me cramer si je ne sortais pas, mais j’étais agrippée, je ne voulais pas abandonner ma voiture. Je n’y croyais pas", raconte Géraldine, la voix encore tremblante, certaine "d’avoir failli y laisser sa vie" cet après-midi-là. "Il s’est ensuite muni d’un gros caillou en disant qu’il allait m’éclater la tête. C’est mon fils qui m’a heureusement extirpé de là. Ils se sont engouffrés dans le véhicule et m’ont percuté en faisant une marche arrière avant de repartir en direction de Saint-Louis." En à peine deux minutes, la vie de cette aide-soignante et de son fils de 22 ans "a basculé".

    "Je suis incapable de reconduire"

    Depuis, cette mère de famille "a la peur au ventre", notamment parce que ses agresseurs sont également partis avec les clefs de sa maison et ses papiers sur lesquels figurent son nom et son adresse. "Je suis dans un état de stress indescriptible", assure cette Mondorienne, qui n’a "que les yeux pour pleurer" alors qu’elle a encore deux ans et demi de crédit à rembourser pour l’achat de sa voiture assurée au tiers simple.

    "Aujourd’hui, je suis incapable de reconduire. Avec mon fils on est terrifiés", glisse Géraldine, selon qui l’ambiance dans le quartier s’est nettement détériorée. "Depuis bientôt deux semaines, ce n’est plus du tout pacifiste. On se fait insulter sur les barrages, il y a des blocages, etc. Je tiens à témoigner pour faire prendre conscience au reste du pays dans quelle situation nous sommes aujourd’hui."

    "Certains habitants ne sortent même plus la journée"

    Un constat que partage Florent Perrin, à la tête de l’Association citoyen mondorien. "Le climat s’est clairement dégradé avec beaucoup de tentatives de cambriolage et de car-jacking, notamment dans le secteur entre Saint-Louis et La Coulée qui est devenu une zone totale de non-droit. Là-bas, les gens restent enfermés chez eux. Certains ne sortent plus même la journée pour faire des courses."

    Le président de l’association assure par ailleurs que la commune possède désormais les "pires barrages" du pays constitués de plusieurs dizaines de carcasses aux Jardins de Bélep, au col de Plum, à la Briqueterie, sans oublier les abords de Saint-Louis.

    Seul signal positif, le déploiement de renforts de forces de l’ordre depuis dimanche. "Des premières opérations de nettoyage sont en cours. On n’attendait que ça, même si on sait qu’on va encore rester bloqués et que ça va prendre du temps. Cela démontre encore plus la nécessité de construire une deuxième voie d’accès vers Nouméa, insiste Florent Perrin, qui prévient : Ici, il y a un ras-le-bol généralisé et la colère monte."

    Navettes maritimes : la situation reste "extrêmement tendue et aléatoire"


    Une navette a livré des médicaments au wharf du Mont-Dore Sud.

    "Depuis le début des exactions, les habitants de la partie sud du Mont-Dore sont privés de toute liaison routière avec l'agglomération du Grand Nouméa et le reste de la Nouvelle-Calédonie, déplore la ville dans un communiqué diffusé ce mardi. Chaque jour, cette situation inadmissible est dénoncée et le secours des forces de l'ordre pour parvenir à la seule solution acceptable, qui est l'ouverture et la sécurisation de la route de Saint-Louis, est attendu."

    Devant la nécessité de renforcer le dispositif, des navettes supplémentaires ont été affrétées la semaine dernière. La flotte disponible est à ce jour composée de semi-rigides de douze places, d'un catamaran d'une vingtaine de places et du Coral Palm de 96 places. Les demandes de mise à disposition de nouvelles unités sont à ce jour déclinées, mais la ville et la province Sud continuent de chercher les moyens de renforcer la flotte et les rotations. 

    Dans ce contexte, et alors que cette semaine est notamment marquée par la rentrée scolaire, la circulation par voie maritime reste "extrêmement tendue et aléatoire."

    Le ville indique que la capacité de transport de passagers est telle et les priorités si  nombreuses qu'il faut "nécessairement" réserver des places en tenant compte des priorités suivantes : 

    • Les urgences médicales (personnes dialysées notamment) et le personnel soignant ;
    • Le personnel de secours ;
    • Le personnel avec des missions d'urgence ou d'intérêt général (ex : Calédonienne des Eaux, personnel municipal, etc.) ;
    • Les personnes malades ou âgées et leur accompagnant, une seule personne admise) ;
    • Les personnes en situation de handicap ;
    • Les femmes enceintes et les nourrissons avec leur accompagnateur ;
    • Le personnel enseignant.

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