- Stéphanie Chenais / stephanie.chenais@lnc.nc | Crée le 05.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 05.04.2018 à 07h15ImprimerLes services de la ville travaillent sur une autre carte que celle-ci. Un document interne localisant chaque dépôt sauvage avec une photo correspondante qui leur a permis de tirer les grandes tendances ci-dessus. Photo Infographie Patricia CrezenEnvironnement. Le problème n’est pas nouveau, mais face aux dépôts sauvages qui apparaissent sans discontinuer, la mairie assure qu’elle va durcir le ton. Une communication de proximité va bientôt commencer.
C’est un flux constant, à géométrie variable, mais régulier. Les tas apparaissent un peu partout dans la ville. Au pied des immeubles, au fond d’une petite rue résidentielle ou près d’une grosse entreprise de Ducos. Sans distinction de quartier. Les dépotoirs sauvages ont toujours existé. Mais la mairie espérait que les mentalités changeraient petit à petit. Force est de constater, qu’au fil des ans, le problème se déplace, mais reste le même. « On a eu de nombreuses discussions en interne récemment pour essayer d’avancer sur la question, détaille Philippe Jusiak, secrétaire général adjoint du pôle aménagement. Les services travaillent à partir d’une cartographie des sites. Ça nous donne des chiffres et ça objective les données. »
Le tonneau des Danaïdes
Et les chiffres sont éloquents. Sur la carte du mois de mars, les services, qui tournent tous les jours pour les repérer, ne dénombrent pas moins de 1 264 points de dépôts sauvages. Si la typologie des déchets est très différente en fonction des secteurs, la problématique reste la même pour la mairie. Et la stratégie à adopter aussi. « Après le cyclone Cook, on a mis en place des mesures exceptionnelles pour rendre service aux gens. Mais on s’est rendu compte que c’est le tonneau des Danaïdes. » Ce ramassage ponctuel aurait créé un effet d’appel d’air. « Ça ne s’arrêtait plus et on voyait apparaître dans les rues bien d’autres déchets que ceux en lien avec le cyclone. »
Un exemple, d’après la mairie, qui serait symptomatique des comportements au quotidien de certains usagers. L’équation présentée est simple, si la mairie ne ramasse pas du tout les dépôts sauvages, des problèmes d’insalubrité publique se posent. Si elle les ramasse trop, les bonnes habitudes se perdent et les gens n’hésitent plus à déposer leurs encombrants et les déchets verts devant chez eux, ou devant chez leur voisin. Se disant que la mairie va bien finir par passer. C’est alors au premier qui craquera. Ce que la mairie appelle « l’effet pervers à l’enlèvement. » Il y a bien des secteurs qui sont plus suivis que d’autres : Ducos, Numbo, le Centre-ville et le Quartier-Latin. « En plus des opérations quotidiennes de repérage, on collecte en moyenne 160 tonnes par mois sur ces zones, détaille Christophe Nielly, chef de la subdivision propreté urbaine. Comme elles sont moins habitées, les gens hésitent moins, ils sont plus difficilement repérables. En revanche, l’origine des déchets est parfois plus traçable. Devant trois armoires, on commence à penser à un déménageur. »
Un budget important
Une situation qui fait beaucoup parler au cours des conseils de secteur comme il y a quinze jours à Montravel. Une résidente de la Vallée-du-Tir a interpellé les adjoints présents sur la question, notamment sur les sanctions. Des mesures de répression existent pourtant, mais cela reste très compliqué, car la personne doit être prise en flagrant délit par un agent assermenté (lire notre encadré), sans compter l’enquête judiciaire. « Pour faire bouger les choses, on doit absolument passer par un triptyque solutions, communication et répression », reprend Philippe Jusiak. Une communication de proximité devrait d’ailleurs être mise en place prochainement. Directement auprès des particuliers. Pour rappeler les solutions existantes (lire page ci-contre), mais aussi les risques et les peines encourus. Il s’agit bien de sensibilisation, mais aussi de durcir le ton. « On a identifié trois raisons principales. Il peut dans certains cas y avoir un défaut de compréhension, des personnes qui ne savent toujours pas qu’elles peuvent bénéficier de ramassage sur prise de rendez-vous. Il y en a d’autres qui savent et qui pourtant abusent du système. Enfin, certains professionnels, qui ne voulant pas payer, choisissent la facilité. Alors que c’est une somme qu’ils facturent à leurs clients. » En plus de cette « communication », la mairie prêche pour une mutualisation plus marquée des services. Ce qui passerait par davantage de sensibilisation de tous les agents assermentés, même ceux dont ce n’est pas la mission principale.
Pour la mairie, les enjeux sont importants. Sur le plan financier surtout. Le marché public qui a été décroché par Caléco représente un budget de 306 millions de francs sur 6 ans, soit 4,2 millions par mois. Rien que pour les dépôts sauvages. « Autant d’argent qu’on ne réinvestit pas dans de l’aménagement plus qualitatif pour les Nouméens, martèle Françoise Suvé, adjointe en charge de l’environnement. De plus, ces déchets ne sont pas valorisés. Il doit vraiment y avoir un changement des mentalités. »
320 tonnes
C’est l’estimation de la quantité de dépôts sauvages présente au quotidien dans les rues de la ville. Au mois de mars, la carte des services de la ville fait état de 1 264 dépôts distincts.
Pris en flagrant délit
Cela reste encore assez rare, mais en janvier, une entreprise a été prise sur le fait par un agent assermenté. Un camion était en train de déverser des gravats à Ducos. Si le temps de la procédure reste assez long, et dépend du procureur de la République, les gérants ont reçu courant mars une lettre leur rappelant les risques encourus. D’après le code pénal, plus précisément au titre de l’article 635.8, l’entreprise s’est exposée à une amende de 178 900 francs ainsi qu’à la confiscation du véhicule. La peine est plus lourde si le dépôt est effectué avec un véhicule. En cas de récidive, l’amende est multipliée par dix pour une personne morale et passe à 400 000 francs pour une personne physique.
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