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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 30.06.2024 à 13h11 | Mis à jour le 30.06.2024 à 17h41
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    À l’école Le Petit poucet, à Nouméa, les familles de Magenta, Vallée-du-Tir et Montravel sont venues en nombre, ce dimanche matin. Photo Anthony Tejero
    Dès l’ouverture, à 7 heures, les files d’attente étaient impressionnantes devant certains bureaux de vote de Nouméa, où les habitants sont appelés à élire le député de la première circonscription. La crise sans précédent qui secoue le pays n’est pas étrangère à cette forte affluence. Pour autant, de nombreuses voix ne pourront s’exprimer, les procurations n’ayant pas été reçues à temps à la mairie. De quoi provoquer colère et incompréhension. Reportage à la Vallée-du-Tir et à l’Anse-Vata.

    Voilà bien longtemps que le secteur de la Vallée-du-Tir, en première ligne des exactions, n’avait pas attiré autant de monde. Devant l’école Le Petit Poucet, qui réunit les bureaux de vote de ce quartier, de Montravel et d’une partie de Magenta, mieux valait s’armer de patience pour pouvoir voter et même d’abord trouver une place où se garer.

    En ce dimanche matin, une demi-heure après l’ouverture du scrutin, la file d’attente est impressionnante pour le premier tour de ces élections législatives survenu sur fond d’une crise inédite dans le pays. Un contexte qui semble expliquer en partie cet engouement pour ce scrutin où l’ensemble des forces politiques ont appelé à voter.


    Les files d’attente étaient impressionnantes entre 7 heures et 9 heures devant l’école Le Petit poucet. Photo Anthony Tejero

    "Les discours de certains candidats m’ont convaincu et j’espère que ça va apporter du changement au vu de la situation actuelle. On espère qu’ils disent vrai, mais dans la politique, on ne sait jamais à quel point ils sont sincères et à quel point ils sont parfois empêchés pour tenir leurs engagements", raconte Jesson, 40 ans. Cet habitant de la Vallée-du-Tir déplore que les élus, n’aient réussi, jusqu’à présent, qu’à cliver les Calédoniens. "Ma génération se rend compte que la politique n’a fait que nous diviser, jusque dans nos familles, alors qu’elle aurait dû être un médiateur pour faire le lien entre les différents peuples. Il y a de la place pour toutes les opinions, mais je pense que chaque parti doit apprendre à se respecter. C’est la base pour aller de l’avant."

    "Ce scrutin peut apaiser les tensions"

    Si son bulletin de vote est peut-être différent, Bernie partage le même souhait. "Compte tenu de la crise, il faut des députés qui représentent l’ensemble du peuple calédonien et le vivre-ensemble pour qu’une nouvelle page de notre pays puisse s’écrire. C’est à cause de ces clivages, notamment entre le Oui et le Non, qu’on en est arrivé à cette crise. Les élus, de tous bords, doivent en tirer les leçons, estime cette Nouméenne de 50 ans. Je pense que ce scrutin peut contribuer à apaiser les tensions car dans cette période, tout le monde va pouvoir exprimer sa voix, en fonction de sa sensibilité, et je trouve qu’on en a besoin, ça fait du bien."


    Les bureaux de vote réunis à la salle omnisports de l’Anse-Vata ne désemplissent pas. En particulier celui de l’école Guy-Champmoreau (secteur de Tuband) pour lequel la file d’attente s’étend sur tout le gymnase. Photo Anthony Tejero

    Direction la salle omnisports de l’Anse-Vata, qui regroupe les bureaux de vote des quartiers Sud, où l’affluence des grands jours est également au rendez-vous. En particulier pour l’urne du quartier de Tuband où la file d’attente s’étend sur l’ensemble du gymnase. Pas de quoi décourager Jocelyn, qui a patiemment attendu son tour.

    "Cela manque de jeunes et de nouvelle vision"

    "La crise que l’on connaît m’a poussé et m’a plus motivé à venir voter car à mon niveau, m’exprimer est le seul levier que je peux actionner pour tenter de changer les choses dans la façon de gouverner le pays en le ramenant vers la paix, le respect, glisse ce jeune homme de 22 ans, diplômé d’un BTS en comptabilité. Ce retour à la normale et surtout à l’ordre est une priorité notamment pour que les élèves puissent reprendre une scolarité comme j’ai eu la chance d’avoir pour pouvoir ensuite réussir dans la vie. Parmi les politiques, je trouve que cela manque de jeunes et de nouvelles visions. J’ai tout de même retrouvé chez certains candidats des valeurs que je partage qui m’ont donné envie de voter."

    Une voix que tout le monde n’aura pas l’opportunité d’exprimer. Sur le site de l’Anse-Vata, de nombreux électeurs tirent une grimace en arrivant : ils ne peuvent pas honorer les procurations qui leur ont été confiées, les documents n’ayant pas été reçus par la mairie de Nouméa. Certaines de ces démarches ont été effectuées "trop tardivement", mais un autre problème est identifié. Depuis l’Hexagone, certaines autorités (en particulier des brigades de gendarmerie) ont tenu à envoyer ces documents par courrier plutôt que par mail. Et les procurations n’arrivent pas à temps en Nouvelle-Calédonie.


    Au bureau des procurations, à la salle omnisports de l’Anse-Vata, les agents sont débordés par les demandes de procuration qui ne peuvent être honorées. Les électeurs concernés peuvent appeler la mairie au 27 31 15. Photo Anthony Tejero

    C’est notamment le cas de la sœur de Luan, partie faire ses études dans l’Hexagone. "Tous les ans, elle nous donne procuration et on n’a jamais eu de problèmes y compris pour les Européennes. Certes, cette fois-ci elle l’a fait le 27 juin mais pour des élections qui n’étaient pas prévues, ce n’est pas si tard. Avec toutes les nouvelles technologies qui existent, j’ai vraiment du mal à comprendre comment c’est possible, se désole cet habitant du Faubourg-Blanchot. Dans une crise comme celle-ci, c’est très triste qu’elle ne puisse pas s’exprimer. C’est vraiment dommage d’être pénalisé pour ce scrutin parce qu’on a décidé de poursuivre des études en France."

    "Tout est fait pour décourager les gens de voter"

    Un discours auquel opine du chef Joséphine, qui ne cache pas sa "colère" alors que son fils, actuellement en Suisse, s’est déplacé dans une gendarmerie de l’autre côté de la frontière, le 22 juin dernier, pour pouvoir exercer son droit de citoyen. "C’est ubuesque de refuser d’envoyer ces documents par mail notamment dans cette période difficile. C’est complètement anormal, tous ceux qui font une procuration devraient avoir les mêmes droits, s’agace cette maman de 60 ans. S’il veut être sûr de pouvoir voter au deuxième tour, il va devoir retourner en France pour exiger que son document soit envoyé par mail. C’est à croire que tout est fait pour décourager les gens de voter, alors que, vu la situation, ce scrutin est sans doute encore plus important que d’habitude."

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