- Anthony Tejero | Crée le 12.04.2024 à 16h05 | Mis à jour le 12.04.2024 à 17h05ImprimerLes deux manifestations sont prévues ce samedi 13 avril à Nouméa. Photomontage LNCPour ou contre le dégel du corps électoral, des milliers de personnes sont attendues, ce samedi 13 avril, à Nouméa, à l’appel des deux mobilisations loyalistes et indépendantistes. Des manifestations qui inquiètent certains Calédoniens et qui seront encadrées par un important dispositif de forces de l’ordre. Explications.
Une journée sous haute surveillance
Les deux manifestations organisées conjointement ce samedi, à Nouméa, alimentent bon nombre de conversations, voire d’inquiétudes chez certains Calédoniens. Signe que le sujet est on ne peut plus sensible, le haut-commissariat se refuse à tout commentaire sur l’organisation, la tenue et même les autorisations délivrées autour de ces rassemblements. Seule information consentie : un "dispositif conséquent" de forces de l’ordre sera déployé.
Selon nos confrères du Monde, le ministère de l’intérieur a demandé des renforts de deux escadrons, soit 140 gendarmes mobiles spécialement envoyés sur le Caillou pour l’occasion.
De nombreux commerçants du centre-ville ont d’ailleurs décidé de rester fermés, ce samedi.
Des restrictions de stationnement
Le temps de ces manifestations, l’État a pris un arrêté réglementant provisoirement le stationnement sur certaines rues du centre-ville de Nouméa.
Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 avril, de minuit à 18 heures, le stationnement sera interdit dans les zones suivantes :
- Le pourtour de la place des Cocotiers
- Les rues perpendiculaires à la place des cocotiers limitées par la rue de la Somme
- La rue Jean-Jaurès, portion comprise entre les rues du Général-Gallieni et de Sébastopol
- La rue Anatole-France, portion comprise entre les rues du Général-Gallieni et de Sébastopol
- La rue du Général-Mangin, portion comprise entre les rues Jean-Jaurès et de la Somme
- La rue Austerlitz, portion entre les rues Anatole-France et de la Somme
- La rue George-Clemenceau, portion comprise entre les rues Anatole-France et de la Somme
- La rue Maréchal-Foch, portion comprise entre les rues Anatole-France et de la Somme
- La rue de Sébastopol, portion comprise entre les rues Anatole France et de la Somme
- Le parking du Carré-Rolland
- La rue de Verdun, portion comprise entre les rues du Général-Mangin et de Sébastopol
- La rue du Colonel-Driant
- La rue du Gouverneur-Sautot
Source Ville de NouméaQuelle forme prendront ces deux mobilisations ?
Les élus Loyalistes et Le Rassemblement donnent rendez-vous ce samedi à partir de 8 heures, à Port-Moselle, avant de lancer une marche dont l’itinéraire reste "à la discrétion des autorités" qui n’ont laissé fuiter aucune indication à la presse.
Les membres de la CCAT organisent quant à eux un sit-in, c’est-à-dire un rassemblement statique, qui est prévu toute la journée sur "un périmètre balisé", place de la Paix, de 7 heures à 17 heures.
Quels sont les arguments des Loyalistes ?
Les groupes Loyalistes-Le Rassemblement, qui multiplient actuellement les réunions publiques dans le pays, espèrent réunir des milliers de Calédoniens après une première mobilisation devant le Congrès le 28 mars.
L’objectif de cette marche des non-indépendantistes est de montrer jusqu’à Paris, le soutien au projet de révision constitutionnelle (adopté au Sénat, mais qui doit encore être voté à l’Assemblée nationale puis au Congrès de Versailles), qui comprend le dégel du corps électoral en vue des prochaines élections provinciales prévues d’ici le 15 décembre prochain.
" Ce vote (du Sénat) n’est que la première étape d’un processus de démocratisation de la Nouvelle-Calédonie. Il doit notamment permettre à des milliers de Calédoniens de recouvrir un droit politique fondamental dont certains sont privés depuis plus de vingt-cinq ans : celui de voter", insistent ces groupes politiques.
… et ceux des indépendantistes ?
De leur côté, les membres de la CCAT, farouchement opposés au dégel du corps électoral, ont des mots durs envers les sénateurs, accusés à travers ce vote favorable à la réforme constitutionnelle, de vouloir "exterminer" le peuple kanak.
"Ce projet qui nous est imposé va à l’encontre des dispositions internationales qui stipulent de ne pas entraver, par l’immigration massive, le droit à l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie, martèle Dominique Fochi, représentant de l’UC. Au Sénat, les élus parlent d’exigence démocratique. Mais maintenir la colonie de peuplement en Kanaky, est-ce une exigence démocratique ? On ne peut pas, aujourd’hui, continuer à rendre minoritaire le peuple premier dans son propre pays et laisser des parlementaires qui ne vivent pas ici décider de notre avenir."
Appels au calme
Cette semaine, les appels au calme se sont succédé, notamment du Sénat coutumier et du haut-commissariat, mais également de la part de la maire de Nouméa Sonia Lagarde : "Si le droit de manifester est une liberté fondamentale, cette liberté a aussi une exigence, celle du respect du bien public, martèle la première magistrate de la commune qui appelle chacune et chacun "au respect des idées aussi divergentes soient-elles et surtout à la sagesse".
"Ainsi, je demande aux organisateurs et aux manifestants de faire preuve de civisme et de responsabilité afin que ces deux évènements se déroulent dans le calme, poursuit Sonia Lagarde. Nous avons connu des moments difficiles et douloureux dans notre pays, que nous ne voulons plus connaître. L’heure doit être à l’apaisement et cela nécessite que la raison l’emporte afin qu’ensemble nous soyons à même de converger vers un même but, celui de construire un avenir de paix et de concorde."
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